Je ne saurais également que trop vous conseiller la BD de l'ami Romain Dutter, Symphonie carcérale (2018), où il raconte comment il en est venu à organiser des concerts en zonzon.« J’avais envie de tout péter, de casser les murs de la prison »
24 janvier 1980 : Franck Balandier, jeune éducateur pénitentiaire à Fleury-Mérogis, jubile. Le groupe Trust, héros du hard-rock hexagonal portés par le succès d’« Antisocial » sorti moins d’un an plus tôt, vient de passer les portes de la prison. Dans leurs pantalons en cuir, les quatre musiciens chevelus – auteurs d’une autre chanson subversive, « Le mitard », qui sample une cassette testamentaire de Jacques Mesrine – sont invités par Franck pour offrir un concert à 350 détenus. La tension monte derrière « les barreaux fleuris ». Mais personne ne perd son sang-froid et le show, généreux et émouvant, confirme qu’une voie vient de s’ouvrir en France pour la musique live en milieu carcéral. In Trust we trust !
Quarante ans plus tard et presque autant de temps passé dans l’administration pénitentiaire, Franck Balandier, 68 ans, est devenu écrivain. En février 2021, ce passionné de rock et d’Apollinaire aurait dû avoir le plaisir de voir paraître son dernier livre, « Sing Sing – musiques rebelles sous les verrous », épais recueil de portraits de musiciens ayant passé quelques heures ou plusieurs années en zonzon : de Johnny Cash à Daniel Darc, de Chuck Berry à Booba (éditions Le Castor Astral). Hélas, un cancer incurable l’emporta en décembre 2020, moins d’un mois après l’enregistrement de cette histoire dans les studios d’ARTE Radio. Nos pensées vont à ses proches.
À noter que France Culture a également fait toute une série d'émissions sur les rapports entre musique et prison :
https://www.franceculture.fr/emissions/ ... enitencier
Plus qu’un thème, la prison est un territoire que les musiques du monde entier ont autant exploré que dénoncé. Si l’on a cherché à y étouffer des mélodies inouïes de puissance et de beauté, on y a aussi organisé des concerts mythiques, et rêvé de liberté plus fort qu’ailleurs. On s’y est déchaîné contre la misère sociale et les injustices politiques. Et, accessoirement, on y a inventé le blues… Le bruit des clefs, les pas des matons, le raffut des gamelles rythmeront cette série musicale et carcérale. Franchissons les portes du pénitencier, dont les murs ne seront jamais assez hauts pour faire taire les voix les plus inspirées, qu’elles soient coupables ou innocentes.