Petite déception à la lecture de Plutôt crever (Caryl Férey) par rapport à tout le bien qu'on a pu en dire. Sur le fond, je dis pas, la course-poursuite en territoire breton est bien agréable et à bien des égards ça rappelle les trucs des années 70 et 80. Dommage, je trouve que l'écriture gâte un peu tout, et encore, j'ai tenu entre mes mains l'édition avec la narration réarrangée corrigeant les avouées erreurs de jeunesse... Hips... Je vais quand même voir ce que donnent les deux autres Mc Cash
Qu'est-ce qui te gêne dans l'écriture sur ce bouquin? les tournures assez familières? la syntaxe plutôt simple? Ça m'intéresse grandement ! J'avoue que moi aussi parfois quand j'ai lu (et relu) Férey, j'ai pu me dire, au détour de certaines phrases "Merde, il aurait pu faire un petit effort sur celle-là". Mais souvent, quand je me faisais cette réflexion, je remarquais que juste après il lâchait une phrase qui tue et me faisait me dire: "Ah ah, comment il se rattrape super bien !". A me demander si ce n'était pas un effet de style justement.
En tous cas dans ce roman, je trouve que le côté écriture assez familière, couplé à l'emploi d'images ultra poétiques, donne un caractère percutant et touchant. Comme si un pote nous racontait un road movie, sur un trottoir, à la lumière clignotante d'un vieux lampadaire, après quelques bières dans le cornet. Et c'est un des effets que j'aime quand je me plonge dans un Férey et qui fait que je le dévore en moins de deux. Un côté intimiste où on se sent un peu comme chez nous. Le côté punk rock et peu orthodoxe y ajoutant clairement.
Au-delà de ça, j'ai trouvé que le scenar de "Plutôt crever" avait un côté bien improbable ainsi que l'histoire d'amitié-amoureuse entre les deux fugitifs. Mais elle m'a donné de belles émotions tout-de-même. Je trouve que Caryl Férey dépeint franchement ce que ses protagonistes hommes ressentent au niveau amoureux, c'est parfois cru, mais aussi vraiment subtil et doux. Parfois j'ai pu me dire "Ah ouais, un homme peut penser ça quand une fille passe ses cheveux derrière son oreille, bordel ce que c'est beau !". Mais sinon, ce que j'aime surtout dans les deux aventures de Mc Cash que j'ai lues (celle-ci et La jambe gauche de Joe Strummer): c'est Mc Cash ! Rien que pour ce perso je trouve que les livres méritent d'être lus. Ce que j'aime c'est que même si on pourrait se dire qu'il a à priori le profil type du flic déchu, bourru, bourré, au cœur d’artichaut tapis tout au fond: Et bien non, le personnage de Mc Cash ne va pas jusque dans ce cliché. Il surprend. Des fois, il est vraiment très salaud, il est vraiment borderline et les chapitres s'arrêtent sur sa violence d'esprit sans essayer de faire en sorte qu'on lui garde de la tendresse. Et pourtant il est attachant. La description de sa vie est captivante. On en apprend petit à petit et on comprend mieux ses failles et son coté roc('k).
Et puis un élément qui joue pour moi, c'est le fait que soient dépeints dans ces deux enquêtes, des paysages et des coins que je connais par coeur. Evidemment, ça rend les choses très concrètes et ça fait marrer d'imaginer des choses aussi dark, là où on a précisément bu des canettes avec les potes, en le temps.
Bon bref, je n'arrive pas à critiquer Férey de façon juste, je suis trop attachée à son écriture justement, qui me suit depuis l'âge de quinze piges. D'ailleurs, après une conférence sur "Mapuche" à Rhoazon, je me suis faite dédicacer son premier livre "Avec un ange sur les yeux", de 1994, tâché de café mêlé à des larmes d'ado fleur bleue! (Férey dit de ce premier livre: "Gros succès à la signature : 104 livres vendus sur un tirage de 1000 ex"
). J'étais toute émue et pas mal timide. Sa petite phrase bouleversante à l'intérieur de la couv, je l'ai relue au minimum trente fois ce soir là ! Alors aucune neutralité possible !
(P.s.: ah oui, j'oubliais aussi Delicta Mortalia, qui est la première enquête de Mc Cash, je ne sais pas s'il est encore touvable)