C'est débile d'attribuer à un acteur le mode de pensée de son personnage.
Débile, c'est un peu fort. Pas argumenté, clairement par contre. Parce que des acteurs de cette génération qui ont plus ou moins adopté l'attitude des personnages qu'ils ont campé, il y en a tout-de-même. Depardieu en premier lieu. Il n'est pas plus tendre ni poli avec les femmes dans la vie, que ses personnages misogynes et grande-gueules. Marielle, lui, gardait ce ton et cette sorte d’impassibilité de ces persos, dans les interviews de la vraie vie. Et jouer un peu les "cacous" en vrai, c'est ce qu'on attendait d'eux, c'est ça qui marchait, c'est ce qui a contribué à leur succès. La journaliste a fait un gros raccourci, certes, mais que je lis plutôt comme une question posée ou critique, du genre de "Est-ce que certains iront jusqu'à déduire qu'il n'était pas respectueux des femmes...".
J'adore Orange Mécanique, Kubrick et Malcolm McDowell, est-ce pour cela que j'approuve les exactions d'Alex -ou que Kubrick et McDowell les approuvaient ? Bien sûr que non.
Est-on à ce point biberonné de (super)héros sans peur et sans reproche pour ne plus savoir ce qu'est un anti-héros justement ? Ce qu'il est censé révéler du monde en faisant naviguer le spectateur entre fascination et répulsion ?
Sauf que je ne pense pas qu'on puisse comparer les Valseuses à Orange Mecanique, autre Funny game, ou pour aller plus vers le cinéma français (Edit: dans le sens européen proche et francophone), C'est arrivé près de chez vous. Parce que ce sont des univers totalement différents. Pas le même cinéma. (Je l'ai regardé, du coup). Ce qui est malsain dans les Valseuses et c'est sans doute ce que certain-e-s qualifient de génial, c'est que le film a été qualifié de comédie, de potache. Et que ça faisait marrer dans les chaumières à 20h30. Qui n'a pas entendu Tonton Gaston, ou un pote de collège, hilare, imiter le très célèbre " "On n'est pas bien là ? Paisibles, à la fraîche, décontractés du gland...". Et des gens vanter l'humour décapant des sorties des personnages.
Ces personnages sont des ordures finies, qui auraient mérité de tomber sur Valérie Solanas sous acide dans une ruelle sombre.
Quand ils s'excitent en regardant cette femme allaiter son bébé dans le train (Brigitte Fossey), alors qu'on voit qu'ils la dégoûtent et qu'elle essaie de fuir, ça me donne envie de gerber, pas de rire, ni de répéter leurs phrases pourries du genre "Tu sais qu'ils sont vachement bandants tes nichons". Ils finissent par la violer. Cette scène n'est pas "ambiguë", non, désolée mais là je me révolte!!! Elle est sordide, ultra-violente, c'est un viol sans ambiguïté aucune, merde! Le perso de Fossey finissant par prendre celui de Dewaere dans ses bras, comme des femmes font parfois celles qui "participent" durant un viol, par peur de se faire frapper ou tuer. Elle a son bébé dans le couffin près d'elle, elle serait prête à tout pour que ça s'arrête. Là où de sombres crétins y verront que finalement elle aime ça la garce. Et c'est ça que je reproche au scénario et donc au réalisateur, c'est d'avoir jouer sur un genre de fausse ambiguïté. Celle de vouloir faire croire que des femmes pouvaient finalement prendre plaisir à se faire humilier et violer.
Bon le reste du film est (de la merde) sur la même veine. Ils humilient et torturent le perso de Miou-Miou à la 45ème minute. Et la violent. En lui disant "On a toute la nuit devant nous". J'ai vraiment cru que je n'allais pas pouvoir réussir à continuer. Puis elle adopte un syndrome de Stockholm, totalement soumise à ces deux sacs à merde qui la dominent au plus haut point.
À la même époque que Les Valseuses (1974), Jeanne Moreau signait le manifeste des "343 salopes" (1971) en faveur de l'avortement, vous pensez franchement qu'elle aurait accepté un rôle dans un film prônant la misogynie ? Miou-Miou, elle, jouait une adolescente violée par des CRS dans le génial et violent Themroc un an avant. Quant à Brigitte Fossey, qui joue dans Les Valseuses -la scène du train à l'ambigüité dérangeante-, elle récidivera pour Calmos. Les prenez pas pour des cruches.
Ne parlons pas à leur place non plus. Les femmes avaient obtenu le droit de vote il n'y avait pas si longtemps. Elles défendaient le droit à l'avortement. Mais elles étaient bien loin de Balance ton porc, il ne faut pas tout mélanger. Justement, la violence des mots et des actes, sur petit et grand écran n'était pas remise en question. Les gens ont adoré le dernier Tango à Paris. Il a fallu longtemps pour que l'actrice révèle qu'elle s'était sentie violée et trahie lors du tournage. Des femmes qui ont tourné les scènes qu'ont leur a dit de tourner, sans savoir ce que tout le film finalement allait donner, ça a bien dû arriver. On ne peut pas dire qu'un réalisateur reconnu n'était pas misogyne pour raison que des actrices acceptaient de tourner dans ses films.