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par mètre kanter » 09 sept. 2018 22:59
Crash me semble pas trop comparable avec Hogg quand même... Crash est plus intello, finaud, SF classique (la fusion du corps et de l'acier), alors que Delany se tourne vers le futur du futur soit notre présent qui se profile à peine abstraitement (dans Hogg on voit le corps avec la boue, avec la sueur, avec la viande, avec les crânes, par extension c'est le mariage du corps avec tout ce qui peut exister quand plus rien d'autre n'existe : l'acier des bagnoles de Crash implique quand même la civilisation qui permet de créer des bagnoles qui vont vite, et un contexte bien précis – l'Amérique de Ralph Nader, le texte « Pourquoi je veux baiser Ronald Reagan » - alors que dans Hogg, tout ça peut tout aussi bien avoir disparu ou avoir été complètement oublié ou n'avoir jamais existé. En plus là je t'en fais un machin littéraire, mais à la première lecture, au mieux tu vas trouver que c'est du Gore revu par Sade, mais si tu vas un peu au-delà de ça tu verras que merde, chez Delany, chaque mot a quand même sa place là où il faut et que c'est un pur exemple de suicide littéraire : un type qui écrit si bien pour causer de choses, si... mal... amen. 30 ans ans de galère pour un texte comme ça, on a connu pire ! (sans ironie)
Masterton a une bonne réputation (dans la collec Terreur de Pocket c'est bien par rapport à pas mal d'autres sorties, mais aucune comparaison avec de vraies bonnes visions comme la série des Rats de Herbert : deux euros chez les bouquinistes, c'est moins cher qu'un bad trip à 20 euros et ça fait plus de souvenirs), j'ai relu Démences il y a peu et on retrouve dedans une accumulation orgiaque qui ferait bicher un anachorète : rituels druidiques, maison hantée, tueurs en série, asile et savants fous, fantômes, enlèvement d'enfant, enquête policière... Las, si tout commence bien (pour un amateur d'horreur), il faut ensuite avaler digressions sur les « squatteurs », les drogués, les motards... entre deux considérations sur les gays (pédophiles, forcément). Si Lovecraft était sûrement encore plus coincé que lui, il avait au moins la décence d'user un peu de la métaphore (pour une excellente Bdpsychanalyse il y a les trois tomes de PROVIDENCE, là encore ta biblio se fera un plaisir de les avoir!)