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par Norma Bates » 13 déc. 2015 19:40
The Lobster: Film à l'ambiance orwelienne, un peu à la 1984, mais dans un futur plutôt proche. Dans une société où être célibataire est un crime, le personnage principal (Colin Farell, que j'ai trouvé plutôt méconnaissable par rapport à ces rôles habituels), justement célibataire, est interné dans un établissement où il devra passer un temps défini pour trouver une compagne ou un compagnon et se marier. Et s'il n'y parvient pas, il choisit dès le départ en quel animal il sera alors métamorphosé. Un côté SF en même temps qu'une critique sociale de notre temps, l'histoire pouvant nous laisser imaginer les dérives futures d'une époque où les sites de rencontres planifient déjà qui vous conviendrait le mieux selon des critères de menus déroulants de plus en plus précis. Parallèlement à cet ordre établi, il existe une communauté de rebel-e-s qui vivent caché-e-s, ce sont des "célibataires" convaincus qui veulent échapper à cette loi. Mais bien vite, on comprend que là aussi les dérives autoritaires sont étouffantes, puisqu'il est interdit à ses membres de tomber amoureux. Et c'est à partir de là que le film devient vraiment palpitant selon moi.
Saudade du Futuro: Film documentaire sur la ville de Sao Paulo et plus exactement sur ses poètes et poétesses de rues, ainsi que ses habitants, comme par exemple ceux qui vont danser dans les bals populaires, Le film se déroule dans les quartiers de ceux qu'on appelle les Nordestins, ces habitants du nord venus dans le sud dans une quête de vie meilleure et qui se heurtent régulièrement aux préjugés et au rejet des habitants plus riches du sud. Tout le film est rythmé par les chants des joutes verbales de rue, pendant lesquelles des chanteurs/chanteuses qui ont souvent “de la bouteille”, s'affrontent un peu à la 8 mile, mais en pleine rue et avec souvent un instrument comme une guitare ou un tambourin. Et cela donne des scènes d'une originalité et d'une drôlerie rafraîchissantes, par exemple quand une dame d'un âge mûr cloue le bec d'un jeune sûr de lui, qui abandonne la joute. Parallèlement à l'énergie de ces chants improvisés, j'ai adoré les scènes de danse dans les bals, sur une musique appelée “forro”, genre de fado rapide dansé en corps à corps très rapproché. La façon de la camera de filmer au plus près les danseurs est superbe, crue et sans fioritures, et n'a pas été sans me rappeler les scènes de danses “endiablées” du début de Dirty Dancing.
NWA Straight Outta Compton: Bon, ok, DR Dre, Ice Cube and co, on est d'accord que de nos jours ça a viré bien blingbling, gros sous, clips sexistes et compagnie. Sauf que, comme beaucoup, les NWA du tout début ont bercé ma jeunesse et que j'ai usé nombre de bandes de cassettes à les faire tourner sur ma chaîne... Donc j'ai été voir ce film pour le côté “remember” et je n'en ferai pas une longue chronique, mais je l'ai bien aimé. Il m'a redonné la pêche déjà par sa musique et le son extra du début à la fin. Des décors qui nous ramènent bien dans cette époque et une succession de scènes fortes qui dépeignent bien les tensions dûes à l'ultra-violence de la police envers les jeunes noirs des quartiers. Il y a eu quinze mille discussions sur internet pour essayer de trancher sur quel ou quel évènement avait été édulcoré, mais je pense que ce n'est pas le plus important dans le film, que finalement il redonne un peu la rage de nos 15/20 ans et je ne lui en demandais pas plus.
Lila dit ça: Le film retrace le récit de l'écrivain Chimo, dont on n'a jamais découvert l'identité, puisque son livre a été envoyé sous forme de cahiers clairefontaine à un éditeur, sans qu'il soit signé par un vrai nom. Ayant été un livre que j'ai adoré étant ado, je repoussais le moment de le voir en film, mais finalement je n'ai pas été trop déçue, excepté que j'imaginais la cité hlm tout-à-fait différemment et que certaines scènes ont été modifiées. Le titre donc c'est “Lila dit ça” car en fait c'est Chimo, jeune habitant chez sa mère dans une cité marseillaise, qui écrit seul dans une ruine sur ses cahiers, les mots que lui dit Lila, une jolie blonde de la cité que tous ses copains essaient de draguer mais sans succès, puisque Lila ne parle qu'à lui. Ce qu'elle lui dit est très cru, provocateur, porno, choquant et Chimo ne sait pas quoi faire de tout ces mots et il les écrit jour après jour frénétiquement dans ses cahiers. Le film est très beau, il faut s'y perdre petit-petit pour capter l'essence de leur histoire hors du commun et c'est bouleversant.
Ajouté à ça une peinture bien vue de la misère et des carcans sociaux, ça vaut le détour.