Pourquoi faire des gamins ?... quand on est punk...

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ChristOff
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Message par ChristOff » 03 avr. 2005 14:39

Aurélie, coucou...
Bé, nan, nan, je compte pas ni créer ni imposer un "modèle anar" du bonheur, je te rassure... J'ai bien dit que c'était pas parce qu'on était "rebel(le)s" qu'on devait se forcer à faire tel ou tel truc "radical"...
Je continue de penser que c'est disons "pas rationel" ou "pas réaliste" de croire que l'enfance c'est que du bonheur (okay, tu te bases sur ton enfance, et moi je me base sur la mienne, je prétend pas que ma réalité est plus "réelle" que la tienne, évidement). C'est mon "expérience", je réalise que c'est pas 100% objectif, mais quand même, il me semble que l'enfance est la période de ta vie où tu dois "apprendre", à te soumettre, à accepter un monde, des codes, un language, une culture, des traditions. Je pense que c'est un processus traumatisant, même si certains et certaines s'en sortent mieux, que certains parents sont plus capables de communiquer, avoir une relation équilibrée, et ne pas refourger leurs propres peurs, névroses, etc... à leurs enfants.
Je reste persuadé que de toutes façons, l'impact de la "Société du Spectacle" est tel dans la société capitaliste de 2005, qu'il est impossible d'en tenir à l'écart les enfants. La téloche inculquera plus de choses aux enfants que les parents...
Bref, ta vision du bonheur, je dis pas que c'est de la merde (je le répète). Sérieux, je suis bien content si tu es heureuse et tout ça...
Mais pour autant, je continue à ne radicalement pas croire que l'enfance soit une période de "pureté", d'insouciance, de béatitude, etc...
Tu dis ne pas comprendre "le rapport entre ce que (tu) désires et l'aliénation que la société nous impose". Tu dis que tu souhaites "de tout coeur élever (tes) enfants dans une atmosphère libératrice et épanouiossante"... Et bien moi, je n'y crois pas. Je te dis pas là que j'ai raison hein... On discute sur le sujet des enfants, donc je fais juste qu'amener un point de vue fatalement subjectif... Mais bon, voilà, j'y crois pas, pas parce que je suis Bob le roi des Anars, ou par "dogmatisme" anar... J'y crois pas parce que je connais pas beaucoup de gens heureux autour de moi (purée, Moustilou et Titta, j'me demande si vous êtes pas les seul(e)s, bon dieu). J'y crois pas parce que mon enfance, sans être un cauchemard, a été juste vide de tellement de chose, de communication, d'interactivité, de sensualité, d'éveil, de partage, de liberté (et pourtant, ça va, mes parents sont loins d'avoir été des fafs hein, il/elle se contentaient de reproduire le modèle d'éducation qu'il/elle avaient reçu, avec tous les tabous de merde dont leurs vies étaient emplie, avec la peur, le doute, l'absence de communication, de tendresse qui faisait parti de leur "patrimoine famillial"). En gros, c'était "Voilà la vie, tu vas apprendres à t'y conformer, et pas de questions"... Les buts de mon existenece ont été fixé le jour de ma naissance et étaient SANS appel... Travailler à l'école puis adulte pour "gagner ma vie", fonder une famille, faire des enfants, être un homme. Toute mon enfance était une grande "école de la vie", ou coute que coute il m'a fallu accepter mon rôle social. J'ai 35 ans aujourd'hui, et je lutte encore au tréfonds de mon être pour tenter de me liberer de ça, de ce conditionnement... et c'est parce que je réalise la PUISSANCE de cette éducation, de la tradition, de la famille, etc... que je me refuse de prendre l'éducation d'un enfant à la légère, et me croire capable de MIEUX que mes parents (qui sont des gens bien, mais qui n'ont pas eu la chance d'avoir lui/elle même des enfances simples et dorées, et qui auront pourtant fait de leur mieux, mais n'avaient pas les "armes"). Je refuse de croire que parce que j'ai passé 15 ans de ma vie dans des milieux disons "radicaux", je serai en mesure de contrer mon éducation, d'annuler les 20 premières années de ma vie, et surtout un héritage culturel qui a des ramifications inconscientes tellement profondément ancrées en moi et dans "l'inconscient collectif". Je refuse cela, et je suis toujours sur le cul quand j'entends des gens "radicaux" me dire des trucs genre "on a été à l'école et pourtant on s'en est bien sorti, donc l'école c'est pas si pourrave que ça". Je pige pas comment on peut à ce point prendre à la légère la réalité, et se croire plus balaise que la moyenne.
Je regarde autour de moi, tous les gens que je connais de ma génération on vécut des enfances similaires. Je regarde les "couples" autour de moi, j'y vois rien de méga épanouissant non plus. Je réalise que nous aut' les "radicaux", on relationne souvent comme tout le monde, qu'on est jalou(se)x, sexistes, qu'on manipule émotionnellement, qu'on a peur, qu'on dit des conneries humiliantes, qu'on comprends pas la portée de ce qu'on dit, qu'on a peur de communiquer, qu'on est violent(e)s, etc... Je vois que même les hommes et les femmes "rebel(le)s", anars, gauchos, radicaux, j'sais pas quoi reproduisent basiquement, à leurs façons, au travers du filtre de la "radicalité", etc... les enseignements de leurs enfances. Je vois notre bonne volonté pour être des gens différents se perdre et se dilluer dans le doute, la peur, notre éducation et le confort... Je vois qu'on est tous et toutes les héritier(e)s d'une culture de non-dit, de non-communication, de tradition, de peur, de jalousie, de sexisme (latent ou non), de tabous, de répression, de pouvoir.
Et je rejette pas systématiquement la faute sur les "autres"... Ma prauvre vie m'a donné l'occasion de réaliser à quel point je suis une "pièce" de la machine...
Donc, voilà, tout ce que je voulais dire, c'est pas "tirons nous une balle, ce monde pue"... mais juste une perspective sur disons la "marge de maneuvre" que ce système nous accorde pour "éduquer" nos enfants...
Par le biais des institutions, de la morale, des traditions, du poids des relations familiale, MAIS aussi plus surnoisement par le biais de ce que nous avons nous même ingurgité et assimilé consciement ou non (au court de notre propre enfance par exemple), qu'elle liberté objective avons-nous pour faire de nos enfants des êtres pensant et vivant différement ? Des êtres libres des tabous, des règles, de la morale capitalo-patriarco-impérialiste ?
Je te dis pas que j'ai la réponse à ça hein... Je suis pas fataliste non plus... Je doute pas que tu es pleine de bonne volonté, de gentillesse, de détermination, de force, de joie, etc... Je reste sceptique sur le reste.
Bref... quoi qu'il en soit, soit bien persuadée que je suis pas en train de te sortir la "très sainte parole anar", formatée, etc...
Je file,
ChristOff

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Message par titta » 03 avr. 2005 14:47

Tu dis qu’on ne trouve que deux positions face à ça :
ChristOff a écrit :Ce que je trouve dommage, c'est que si on parle d'un sujet comme ça, même dans un milieu censé être "militant" (l'anarcho-punk), on en revient à des positions assez admises et convenues ("pas d'enfants parce que le monde est pourri" contre "on sait pas pourquoi, mais c'est tellement de bonheur et ça change tellement la vie"... okay, je prends des raccourcis... ).
C’est vrai, il n’y a que ces deux visions. Mais je pense qu’on ne trouve que ça parce que ce sont les deux seules réalités.
Le monde est pourri, c’est vrai.
Avoir des enfants (choisis) change la vie, c’est vrai aussi.
Qu’est ce que tu veux dire d’autre autour du fait d’avoir des gosses ? Quelle autre réflexion / émotion, peut tu donner ? il n’y a que le non-désir lié au monde tel qu’il est ou le désir lié à l’amour et à ce qu’on a envie de vivre individuellement. Je ne crois pas qu’il y ai autre chose à en dire…
ChristOff a écrit : Souvent, ça me "désole" de voir à quel point les milieux "militants" ne remettent plus vraiment en question l'ordre des choses au niveau de l'organisation de nos vies. Pas remettre en question par principe rebel, mais plutôt parce qu'il me semble (et là, je me peux me gourrer, of course) qu'envisager de construire un monde différent implique de modifier en profondeur l'organisation de nos existances et faire sauter en éclat le modèle capitalo-patriarcal...
Modifier en profondeur l’organisation de nos existences… vaste programme Je ne veux pas faire du sociologique de comptoir, mais je ne pense pas que l’humain ne soit qu’un être de culture. Je pense qu’il est aussi, et à l’origine, un être de nature. Le passage de nature à culture, selon Lévi Strauss et d’autre anthropologues contemporain, serait lié à l’interdit de l’inceste et donc lié à l’échange des femmes. Donc la part culturelle de l’humain est par essence patriarcale et sexiste. Bien sur, l’humain est un être de culture à 99 %. Mais je pense qu’il est un peu simpliste de n’associer le désir d’enfant et de « famille » qu’à la culture patriarcale. Je crois qu’il est si difficile de « justifier » ce désir d’enfant quand on est « punk » parce que nous ne connaissons pas notre part « animale » qui elle aussi nous dicte sa loi. Pourquoi réussis t on à remettre en cause tant de choses dans nos vie, et pas ce putain de désir d’enfant, de « nid ». Peut-être parce que la raison n’est pas uniquement culturelle. Bien sur, ça gène toujours les humains d’admettre leur part d’animalité, mais là, je pense qu’on peut se poser la question. (Je n’ai pas de réponse, que des questionnements…). D’ailleurs, tu évoque l’homosexualité, et je trouve que là aussi on est dedans. En tant que femme amoureuse d’un homme, je me sens hétéro. Je n’ai pas envie de faire l’amour avec une femme, je n’ai encore jamais eu ce désir. Je peux m’imaginer faire l’amour avec un homme, pas avec une femme. Alors là, tu dira c’est les modèles qui m’ont faite comme ça, c’est Disney et l’école. Peut-être, sûrement même. Mais pas uniquement je pense. Une personne homosexuelle (pas bi.) est comme moi dans l’autre sens. Même célibataire elle n’envisage pas de faire l’amour avec une personne de l’autre sexe, ne s’imagine pas dans ses bras. Pourtant, ce n’est pas le modèle sexiste patriarcal qui l’a faite comme ça. Alors c’est quoi ? Je pense que c’est en partie sa « nature ». il y a une femme qui m’est très proche et très chère qui m’a dit un jour avoir eu du désir pour les femmes « au lieu » des hommes dès sa plus tendre enfance. Pourtant, on ne peut pas dire qu’elle ait baignée dans un modèle « homosexuel ». Elle est comme ça. C’est tout. La culture n’explique pas tout. Et c’est même dangereux de dire le contraire je trouve. Ce serait tellement facile de dire, pour l’homosexualité par ex., c’est culturel, changeons les… on tombe vite dans le facho quand on pense que le culturel explique tout et qu’il est l’unique explication à tout.

Il y a aussi une part de « bête » en nous, et je trouve que justement notre monde patriarcal s’attache à nous en dissocier. Parce que les femmes ont une animalité plus visible et ça, ce n’est pas bien. On ne doit rien avoir de plus, et en plus on ne doit pas faire peur aux hommes. Notre part animale est indomptable, ils tentent donc de la dompter.
Les femmes ne doivent pas saigner. le sang menstruel est sale, honteux, il se cache, il ne doit pas sortir de notre corps (cf. tampax, pilules sur 28 jours qui stoppent les règles, implants idem…etc.), les serviettes hygiéniques jetables sont faites pour faire disparaître ce sang animal. Alors que ces putains d’always sont tout sauf hygiéniques (du sang qui macère dans du plastique… beurk.) mais bien sur les serviettes lavables (lunapad très bien !!!) ça veut dire laver son sang, le toucher. Ce qui ne répugne pas quand c’est une plaie au doigt, répugne pour le sang menstruel.
Les femmes doivent accoucher allongé avec les pattes en l’air. Tout sauf physiologique et naturel. On a inventé la péridurale pour que les parturientes ne soient plus des femelles mais des patientes. Une femme qui accouche sans péri, c’est plus rock’n roll, et plus bestial. (Je sais de quoi je parle, je bosse dans un bloc obs.). Elles crient, gémissent, s’accrochent à tout ce qui passe, elle se mettent à quatre pattes, elle bougent leur bassin pour trouver des positions antalgiques. Bref, ce sont des femelles qui mettent bas. Et ça c’est caca pas beau. Et si en plus elles allaitent, alors là, elles ont droit au moins une fois à « on est pas vaches laitières ».
Ben si. On est des femelles mammifères, on à un utérus qui saigne, on a un bassin qui s’élargie pour le bb, on a des glandes mammaires, on a des flux et reflux hormonaux (sauf si on prend la pilule bien sur.). Et tout, dans notre monde, veut nous faire oublier ça. Attention, je ne dis pas que les femmes sont faites pour avoir des enfants ! Justement car étant aussi et surtout des être de culture, on peu refuser cela. Je dis que notre corps fluctue et évolue en fonction de cette possibilité, et qu’on peut choisir aussi en tant que féministe anti-patriarcal d’écouter ce corps de femelle qui fait tant peur aux mâles.
ChristOff a écrit : Sérieux, si on n'a même plus de volonté collective de remettre en question les modèles, je pige plus rien à rien moi...
En tout cas, p'têt que tout le monde s'en fiche, mais moi, c'est un truc qui me touche à mort... Je suis pas révolté quand je lie qu'un ou une rebelle veut vivre comme "tout le monde", je les traite pas de "vendu(e)s"... mais je me demande à quoi bon se vanter de vivre dans une sous-culture alternative, si toute les images qu'on entend véhiculer sont celles de la soumission. Comment dire d'un côté que le "modèle dominant" est aliénant, oppressant, hierarchisé, blablabla, et de l'autre dire, "mais bon, quand même, c'est à ça que j'aspire"...
Je ne crois pas, pas plus je pense que les autres parents de ce forum, me « vanter » de vivre dans une sous culture alternative ! Je m’en fout. La seule alternative qui me convienne, c’est la mienne, c’est moi qui me la construis toute seule sans m’intéresser au « prêt à penser » quel qu’il soit.
Je crois pour répondre très simplement à ce que tu dis là, qu’on fait tous des choix en fonction de ce qu’on peut/veux. Moi je veux trouver ma part de bonheur dans ce monde là. Et j’en ai trouvé un bout. Tu es en accord avec tes convictions sur ce modèle patriarcal. C’est bien. Moi j’ai d’autres « modèles imposés » qui me semblent aussi important/graves que celui là et contre lesquels je lutte peut-être plus que toi. Chacun met son combat où il peut/ veux. Je connais des personnes qui par ex. font leurs courses à leaderprice et achètent des pizzas pourries, vendus pas des personnes exploitées. Donc, ces personnes ( ;) ;) ) participent à l’hyperconsommation et à la pollution en achetant des produits transformés par l’industrie agro alimentaire, emballés dans du plastique et du plastique plus une couche de plastique, fabriqués loin donc transportées en camion… je me sens plus « clean » en achetant local ce qui évite le transport, en achetant des produits non transformés, et en achetant bio si possible, en coopératives si possible, ce qui n’est pas un choix « bourgeois » mais basiquement écolo. Toute l’exploitation des pays développés sur les autres est basée sur l’hyperconsommation, sur les déséquilibres entre notre consommation et notre pollution de la planète. J’utilise des serviettes hygiéniques lavables, ma fille a eu des couches lavables, je n’achète pas de lingettes, je ne prends pas le sac plastique, j’ai un potager, je n’ai pas une cafetière électrique qui consomme de l’électricité pour rien, j’ai des herbes médicinales au jardin, j’essaye d’être consom’actrice et pas consommatrice. Tu peux penser que c’est moins important à casser que le modèle familial patriarcal. Je ne pense pas. Dans une société saine de décroissance, l’humanité reprendrait sa vraie place. Et pour moi, lutter contre la pollution et l’hyperconsommation est aussi important. Et pourtant je n’accuse pas les gens qui ne se posent pas ces questions d’être les marionnettes d’un modèle. Ils font d’autres choix, ont d’autres luttes.

bon, je vais lire le deuxième message...

titta

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Message par titta » 03 avr. 2005 14:52

je vais tâcher de répondre à tes deux autres messages tof... ahaha... je lâche pas l'affaire !!! (j'essaye de convaincre personne ! je suis juste réactive sur ces sujets qui m'interressent...). mais bon, là il faut que j'y aille et je bosse pendant deux jours. mais n'imagine pas que je vais lacher le nonos..... :agrue: !!!
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Message par paplusrien » 07 avr. 2005 12:39

Putain j'me suis fait un peu lourdé, mais c'est intéressant tout ce bordel.
Juste une chose avant de vous laissez continuer :

Christoff a écrit :
je suis donc pas en train de dire que vous êtes tous et toutes des pourri(e)s
Ben t'as tort. (je sais j'suis cliché, mais comme j'ai l'impression d'être le seul à l'être ça finit par me rassurer :sm30: )
Voilà. C'était le 1/4 d'heure nihiliste.
Je continue de vous lire, j'ai du r'tard !...
P.A.
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