lutte à Notre Dame des Landes

Le punk n'est pas qu'une musique ! Ici on discute de l'actualité, des manifs et des résistances en lien direct avec notre culture. "Make punk a threat again", ça vous dit encore quelque chose ?!
Nico37
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Re: lutte à Notre Dame des Landes

Message par Nico37 » 16 févr. 2014 17:27

« Notre Dame des landes c'est assez révélateur des conneries que peuvent faire les politiques avec notre fric, avec nos terres, vraiment sans se gêner » - Entretien avec Marcel Thebault, paysan au Liminbout à Notre Dame des Landes (Propos recueillis par Philippe Champigny, François Préneau et Rémy Querbouet )

A dix jours de la manifestation du 22 février prochain à Nantes, 13h devant la Préfecture, il nous est paru important de donner la parole l'un des acteurs majeurs de la résistance paysanne à Notre Dame des Landes.
Installé avec Sylvie, son épouse, depuis 1994, sur leur ferme de production laitière (43 hectares) au Liminbout, au coeur de la ZAD de Notre Dame des Landes, Marcel Thébault était l'un des grévistes de la faim qui, par cette longue grève au printemps 2012, ont contraint le PS à un premier recul. Marcel et Sylvie animent aussi le blog de résistance Paroles de Campagne http://parolesdecampagne.blogspot.fr/

As-tu le sentiment que sous sommes entrés dans une période d'affrontements imminents ?

Marcel : Aujourd'hui, vu d'ici, je ne sens pas l'affrontement, du moins jusqu'aux élections. Quand il y a eu la signature des arrêtés par le Préfet, j'ai surtout retenu que ça faisait un an qu'il devait les signer. L'année dernière, il s'est planté, là il est très prudent et ne veut pas se louper. Et après les municipales, il y a des déplacements d'espèces qui ne seront plus possibles.

Plusieurs échos du côté de l'Elysée nous confirment qu'Ayrault tient coûte que coûte à ce projet, quitte à y perdre son poste, ce qui plaiderait pour des débuts de travaux, accompagnés d'interventions courant juin. Mais je me dis que s'il y a intervention, ils vont encore perdre, sauf s'ils y mettent les chars. Mais s'ils y mettent les chars, ils seront discrédités. Si on a su résister en octobre 2012, il y a quand même des chances qu'on y arrive, une fois de plus. Dans une AG, nous avons eu le débat et un jeune a très bien expliqué que « notre force c'est le désordre ». Dégagé des points fixes, des barricades, les militaires savent faire, mais réduire une résistance désordonnée, ils ne savent pas. Et c'est comme ça qu'on va gagner.

Mais aujourd'hui, n'est-ce pas aussi Vinci qui est à la manœuvre, avec les Ailes de l'Ouest (1) qui poussent ?

Marcel : Les Ailes de l'ouest poussent de tout ce qu'ils peuvent, c'est indéniable. Mais je ne partage pas ton analyse, je trouve Vinci très discret, pour ne pas dire inexistant. Maintenant qu'il a fait main basse sur les aéroports de l'Ouest, ça lui suffit bien. Il voit que Nantes Atlantique ça fonctionne très bien. Les mouvements sont à moins 2,5% on communique sur la hausse du nombre de passagers. Y'a du fric qui rentre, y'a du lowcoast. Vinci va réorganiser les aéroports de l'ouest comme il l'entend, tout lui va bien. Et je ne suis pas certains que ses dirigeants apprécient d'être mis en première ligne au cœur de la polémique, qu'on dise du mal de Vinci. C'est pas bon pour les affaires. Mais ils font gaffe à ce que, dans leur calendrier, tout soit fait à l'heure pour qu'on ne leur reproche rien. Et pour que ce soit l'Etat qui paie si finalement l'aéroport ne se fait pas. L'histoire du sous-sol qu'est merdique, c'est une réalité objective que Vinci avait peut-être sous-estimé, mais il faut que ce soit l'Etat français qui arrête. Aujourd'hui le dossier est essentiellement politique.

Qu'est ce qui va permettre de l'emporter, la mobilisation paysanne ?

Marcel : Pas facile de répondre car je suis partie prenante de cette mobilisation. Je pense très sincèrement que la réussite à Notre Dame c'est que tous les fronts aient été attaqués sans se faire de tort entre nous, même si aujourd'hui on est dans une phase délicate où chacun a tendance à vouloir tirer la couverture à lui, avec dans nos réunions, une vraie bagarre de leadership.

Ce qui est très déstabilisateur pour le pouvoir, c'est d'être attaqué de tous côtés par des gens qui ne se gênent pas trop entre eux . Ainsi, on a réussi à casser l'image des zadistes présentés comme des anarchistes, casseurs et violents quand ils ont gagné l'adhésion d'un grand nombre à leurs côtés. Quand tu vois des gens de 60 ans et plus qui sont dans la forêt et font face aux flics à côté des jeunes zadistes, c'est plus possible de casser les zadistes. C'est la même chose avec le squatt de Bellevue.

Le travail de contestation technique qu'a fait l'ACIPA depuis 10 ans, basée sur une expertise aéronautique extrêmement solide, a fait voler en éclat l'argumentation des promoteurs du projet.

Le travail de communication, la tracto-velo, la grève de la faim - qui a été un gros pavé dans la marre pour sensibiliser les nantais et casser la solidarité gouvernementale -, la résistance unifiée au mois d'octobre, tout cela a permis le rapport de force actuel.

L'arrivée du COPAIN (2)a été un point clé au moins pour la visibilité de la résistance agricole. Le 17 novembre, ce sont pas moins de 500 tracteurs qui étaient là : une mobilisation massive de paysans qui sont essentiellement de gauche, qui sont les copains du PS. Le squatt de la ferme de Bellevue, c'était arrêter la destruction du bâti. Ce sont des étapes complémentaires, efficaces et fortes. Si ajoute tout le travail fait par les élu-e-s.

Toutes ces étapes ont montré la détermination et permis de ré-ancrer le syndicalisme paysan. Notre force, et la clé de la victoire, c'est cette offensive sur tous les fronts en même temps, sans concurrence entre les différents acteurs. Pas simple, délicat même parfois, mais jusqu'ici on a réussi à ce que le gouvernement soit attaqué de tous côtés et il est aujourd'hui profondément déstabilisé sur ce dossier.

Le travail de contestation technique sur les expertises aéronautiques portées par les élu-e-s a littéralement démonté l'habillage technique bidon des études de la DGAC, au point que tout le monde a la conviction qu'effectivement c'est du bidon. L'apport de gens hyper-crédibles comme Jacques Bankir (2), qui se sont plongés dans ces dossiers et qui disent aux promoteurs du projet « vos arguments ça ne tient pas debout », a été très important. Anecdote intéressante rapportée par Jacques Bankir quand il a publié ses commentaires, les promoteurs lui ont indiqué qu'il aurait dû d'abord les rencontrer afin qu'ils lui donnent les « vraies raisons » du transfert. « Les vraies raisons de ce déplacement, je suppose », dit Jacques Bankir, « que ce sont des raisons immobilières ».

Bien sûr cela pose un problème démocratique de fond que d'avoir réalisé une déclaration d'utilité publique sur un argumentaire aéronautique qui est faux.

Comment vois-tu le 22 février, quels en sont les enjeux ?

Marcel : Pour moi, l'objectif c'est de leur mettre un peu la trouille par la masse de gens qu'il y aura et de leur faire comprendre que, dans cette vague de crise, de frustration sociale, de frustration des électeurs qui ont voté Hollande, il peut suffire d'un cristal pour que la colère fasse bloc. Et Notre Dame des Landes peut être ce cristal, car c'est suffisamment connu et c'est suffisamment simple sur le fond pour agréger la colère de beaucoup de monde. Et c'est très dangereux de jouer avec le feu.

Le 22, on est assez convaincu qu'il y aura beaucoup de tracteurs. Et beaucoup de monde.

Ca veut dire qu'au niveau du syndicalisme agricole, il y a une mobilisation qui grandit ?

Marcel : Oui, c'est bien plus que les bons militants du COPAIN, il y a tous leurs voisins qui sont prêts à venir. Car Notre Dame des landes c'est assez révélateur des conneries que peuvent faire les politiques avec notre fric, avec nos terres, vraiment sans se gêner. Ca suffit pour mettre les gens en colère. Avec en plus l'impopularité du gouvernement, son inefficacité, et sans doute cette idée que si le projet n'a pas encore concrètement avancé, il peut peut-être tombé.

Si on s'y met tous, on peut pousser, c'est aussi ça la très bonne nouvelle pour la Conf', le COPAIN, qui sont des syndicats bien minoritaires mais qui ont pris vraiment à cœur cette bagarre et qui ont de plus en plus le sentiment d'en récolter les fruits. La FNSEA se bat aussi pour la sauvegarde des terres, c'est dans ses discours, mais ses responsable se veulent réalistes et quand un projet s'impose, ils négocient le plus cher possible. Alors que la Conf', ne refuse pas forcément de négocier, mais se bat d'abord sur ses valeurs. Comme contre la ferme des 1000 vaches.


1) Les Ailes de l'Ouest, association présidée par Alain Mustière, regroupe les laudateurs va-t-en-guerre du projet d'aéroport, MEDEF, PS et UMP. Ainsi leur communiqué du 11 février intitulé « Il est temps d'y aller » affirme : « L'État et les porteurs du projet ont le droit et la démocratie pour eux et se doivent d'être courageux. »

2) Le Collectif des Organisations Professionnelles Agricoles INdignées par le projet d'Aéroport, COPAIN, a été constitué en avril 2011. Outre la Confédération Paysanne, il regroupe le Centres d’Initiatives et de Valorisation de l’Agriculture et du Milieu rural Civam44, Terroir 44, Accueil Paysan, Groupement des Agriculteurs Biologiques GAB44, et Manger Bio 44.

3) Jacques Bankir a été vice-président d'Air-France, puis directeur d'AOM, Air Tahiti Nui, CityJet, Regional, Cohor. Ancien administrateur de Vueling, il est aujourd'hui consultant. Interrogé par Ouest-France, « Pourquoi prenez-vous ainsi position ? », il a répondu « J'ai participé à Roissy et j'en suis fier. Je ne suis pas contre les grands projets. Encore faut-il qu'ils soient justifiés. Ici, on engage de l'argent public, on gèle 1 200 ha de bocage, c'est la surface d'Heathrow, premier aéroport européen, 70 millions de passagers... Alors que vous avez un très bon aéroport, proche, facile à raccorder au tramway, bien géré par l'équipe de François Marie. Pourquoi aller chercher midi à quatorze heures ? Et puis, il y a, au sud de la Loire, en Vendée, un tissu remarquable de PME (Petites et moyennes entreprises) que j'ai découvert quand je travaillais à Nantes. Ces gens-là n'accepteront pas de se payer les embouteillages pour aller au nord-ouest de Nantes. Je déjeune régulièrement avec des responsables d'aéroports européens. Ce dossier les fait rigoler. Et moi, je pense que Nantes se tire une balle dans le pied ».

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Re: lutte à Notre Dame des Landes

Message par Nico37 » 18 févr. 2014 0:59

Ayrault, Vinci & co, dégage ! Tous et toutes à Nantes le 22 février Comités NPA de Nantes et Saint-Nazaire Hebdo L'Anticapitaliste - 229 (13/02/2014)

Il y a un an, l’État retirait piteusement ses 1 200 policiers et gendarmes dépêchés pour vider la ZAD. Les opposantEs avaient fait preuve d’une détermination et d’une cohésion exemplaires malgré leur hétérogénéité : agriculteurs, riverains, écologistes, forces de la gauche alternative... Refusant de se laisser diviser entre « opposants responsables » et « casseurs violents », cette coalition mettait en échec les gesticulations sécuritaires de Valls et s’attirait une large sympathie dans l’opinion, obligeant le gouvernement et les bétonneurs à une pause.

Aujourd’hui, même si l’approche des municipales oblige le PS à une certaine prudence, la situation se tend. Les différents recours déposés devant les instances de l’État bourgeois ont évidemment donné raison à ce dernier, et le préfet de la Loire-Atlantique a signé en décembre les arrêtés préparatoires au lancement des premiers travaux. La police, quasiment invisible ces 12 derniers mois, se montre de plus en plus présente autour de la ZAD et le harcèlement procédurier de Vinci se poursuit contre les occupantEs.
C’est dans ce contexte qu’une manifestation est appelée à Nantes le 22 février. Dans la lignée de la chaîne humaine du 11 mai et du festival militant des 3 et 4 août (événements qui avaient chacun rassemblé près de 40 000 participantEs), il s’agit d’une échéance nationale rassemblant les acteurs locaux de la lutte et leurs soutiens. Une échéance politique d’autant plus importante qu’elle se déroule dans la ville du Premier ministre Jean-Marc Ayrault, premier pourvoyeur du projet.
Plus que jamais, mettons en échec l’aéroport et son monde, celui du béton comme seul avenir et du profit comme unique moteur !

Pour une perspective anticapitaliste

Le NPA, membre du collectif des organisations contre l’aéroport, ne peut que soutenir cette initiative, et cela d’autant plus que le climat politique actuel est particulièrement propice au détournement de la lutte vers les impasses institutionnelles, régionalistes, corporatistes. Les élections municipales aiguisent les appétits, notamment à EÉLV, et le leader des bonnets rouges, Christian Troadec nous refait le coup de l’union sacrée entre les classes sociales, appelant « les paysans, les ouvriers […], les petits entrepreneurs, commerçants, artisans, l’ensemble des citoyens » bretons à la manifestation du 22.
D’où la nécessité d’afficher une perspective résolument anti­capitaliste. Nous ne luttons pas pour que les patrons, grands ou petits, de Bretagne ou d’ailleurs, puissent continuer d’exploiter et de licencier tranquillement après avoir défilé. Nous n’accordons aucun crédit aux élus qui jurent être contre le projet mais refusent de s’opposer au gouvernement qui le porte, préférant les négociations feutrées au rapport de forces direct.
Nous voulons une société débarrassée de l’oppression que le capital fait peser sur les humains et sur l’environnement, une société où les besoins de la majorité passent avant les intérêts de quelques-uns. Faire reculer le gouvernement et les capitalistes sur Notre-Dame-des-Landes constituerait un formidable encouragement aux luttes en cours et en germe.

Ni travaux, ni expulsions : l’aéroport c’est toujours non !

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Re: lutte à Notre Dame des Landes

Message par Nico37 » 19 févr. 2014 4:15

Il bloque la construction de l'aéroport de Notre Dame des Landes Willy Colin 17/02

Le campagnol amphibie (Arvicola sapidus) communément nommé rat d'eau est une espèce protégée. Il fait l'objet d'un recours juridique par les opposants au projet de l'aéroport et empêche pour l'heure toute progression des pelleteuses.

Concrètement, le chantier de l'aéroport peut débuter à tout moment puisqu'il a été autorisé par des arrêtés préfectoraux. Mais si c'était le cas, les anti-NDDL auraient la possibilité de déposer un recours en référé qui aurait, lui, un effet suspensif.

La petite bête menacée, en l'occurence le campagnol amphibie semble le dernier rempart à la horde de Bulldozer que s'apprête à envoyer le constructeur AGO Vinci.

Les principales associations d'opposants - l'Acipa (Association citoyenne intercommunale des populations concernées par le projet d'aéroport de Notre-Dame-des-Landes), le CéDpa (Collectif d'élus doutant de la pertinence de l'aéroport de Notre-Dame-des-Landes) et l'Adeca (Association de défense des exploitants concernés par l'aéroport), ainsi que la conseillère générale Parti de gauche Françoise Verchère et l'agriculteur Sylvain Fresneau, président de l'Adéca, ont nominalement déposé le recours.

Le collectif considère que l'Etat et le concessionnaire de l'aéroport sont dans "l'incapacité écologique et technique de procéder aux compensations environnementales qu'impose normalement la loi en cas de destruction d'une zone humide ou d'espèces protégées".

Le projet d'aéroport de Notre-Dame-des-Landes a fait l'objet d'une déclaration d'utilité publique en 2008 et a été attribué sous forme de concession publique au groupe Vinci fin 2010 pour un achèvement des travaux en 2017, mais la contestation sur place est très soutenue.

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Re: lutte à Notre Dame des Landes

Message par Nico37 » 20 févr. 2014 2:13

Deux chercheurs anglais se penchent sur l'aéroport Camille GUILLEMOIS 19/02

Ces universitaires se sont intéressés aux méthodes présidant à la mise en place de grands équipements, notamment à Londres. Le dossier de Notre-Dame-des-Landes ne pouvait les laisser indifférents.

Ils sortent d'un long entretien avec le représentant de l'association Des Ailes pour l'Ouest, qui rassemble les militants favorables à la création de l'aéroport de Notre-Dame-des-Landes. Auparavant, ils ont rencontré des élus régionaux, les opposants de l'Acipa et même les « zadistes » qui occupent actuellement le site d'accueil de l'infrastructure au nord de Nantes. David Howarth et Steven Griggs sont deux universitaires britanniques qui s'intéressent au projet aéroportuaire, ou plutôt à la méthode qui a présidé à sa mise en oeuvre.
« Créer du consensus »
La démarche a été entreprise dès 1990 en Grande-Bretagne, quand ils se sont intéressés aux mouvements qui s'opposaient à la construction d'une seconde piste à l'aéroport de Manchester, puis plus tard contre les extensions de Gatwick et Heathrow, près de Londres, à échéance 2015. C'était avant que le gouvernement conservateur de David Cameron, comptant des élus concernés et plus sensibles aux questions environnementales, impose un moratoire à ces projets.

Ils se sont également rendus en Allemagne, en Espagne et en Turquie, pour observer les mêmes problématiques autour des projets de grands équipements. « Les aéroports, les autoroutes ou les centrales nucléaires interrogent sur la manière dont se mettent en place les processus démocratiques en amont de ces projets, et les limites des modèles traditionnels », observe David Howarth, chercheur en sciences politiques à Essex.

Ils ont observé de très près les débats publics autour d'un projet sans alternatives et les espaces qui ont permis aux citoyens de s'exprimer, ou non. « La démocratie délibérative du plus grand nombre d'élus, s'appuyant sur des données uniquement techniques, est-elle la plus appropriée face à l'expression contestataire ? N'existe-t-il pas d'autres moyens basés sur une nouvelle éthique, apte à créer du consensus parmi les citoyens ? », s'interroge Steven Griggs, également chercheur en sciences politiques à l'université De Montfort à Leicester.

Au cours des débats qui ont prévalu en Grande-Bretagne, les porteurs des projets ont fait valoir l'intérêt du pays, la connectivité nécessaire avec l'Europe et les besoins liés à la croissance économique des territoires. Des arguments qui ont une résonance toute particulière dans les Pays de la Loire, où des idées identiques ont été développées.

Depuis, le gouvernement britannique a créé une commission des aéroports présidée par un économiste, indépendante, multipartite, avec des experts. Il s'agissait de dépolitiser et d'apaiser le débat. « Ce qui nous intéresse, ce sont les interconnexions qui peuvent s'opérer entre les différents mouvements d'opposition, les pouvoirs publics et la société civile. »

Les deux universitaires ont déjà publié un livre sur la politique du transport aérien en Grande-Bretagne et les projets d'extension. Ils devraient revenir dans les prochains mois à Notre-Dame-des-Landes, pour affiner leur étude.

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Re: lutte à Notre Dame des Landes

Message par Nico37 » 21 févr. 2014 22:55


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Re: lutte à Notre Dame des Landes

Message par Framboise » 22 févr. 2014 19:32

L'actu en direct ici
"La religion est la forme la plus achevée du mépris."
(Raoul Vaneigem)


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Re: lutte à Notre Dame des Landes

Message par Nico37 » 23 févr. 2014 11:32

Communiqué des organisateurs-trices de la manifestation anti-aéroport du 22 février.

La manifestation d’aujourd’hui a connu une mobilisation inégalée.

520 tracteurs, venus de tous les départements limitrophes ont été comptés, deux fois plus que le 24 mars 2012 à Nantes. Cela marque une implication massive du monde paysan. Les tracteurs vigilants sont prêts à intervenir sur la zad.

Il y avait 63 bus venus de toutes les régions de France, deux fois plus encore que lors de la chaîne humaine. C’est le signe d’une mobilisation nationale et de la connection entre Notre Dame des Landes et d’autres luttes contre les grands projets inutiles et imposés.

Il y avait entre 50 et 60 000 personnes, plus encore que lors de la manifestation de réoccupation du 17 novembre 2012. Il s’agit de la plus grosse mobilisation du mouvement.

Le défilé a été festif, créatif et déterminé, avec des batukadas, salamandres, tritons géants, masques d’animaux marquant le refus de la destruction des espèces protégées et des mesures dites de compensation. Des prises de paroles et animations ont eu lieu jusqu’à 18h square Daviais.

La préfecture avait choisi de mettre Nantes en état de siège et de nous empêcher d’être visible dans le centre ville. C’est la première fois qu’on interdit à une manifestation d’emprunter le Cours des 50 Otages. Une partie du cortège est passée par l’île Beaulieu. Une autre a essayé de passer par le trajet initialement prévu et a fait face à une répression policière violente avec tir de flashball, gaz lacrymogènes et grenades assourdissantes. Cela n’a pas empêché les manifestant-e-s de rester en masse dans les rues de Nantes jusqu’à la fin.

Il existe différentes manières de s’exprimer dans ce mouvement. Le gouvernement est sourd à la contestation anti-aéroport, il n’est pas étonnant qu’une certaine colère s’exprime. Que pourrait-il se passer en cas de nouvelle intervention sur la zad ?

Cette journée est un succès et les différentes composantes de la lutte restent unies sur le terrain. L’opposition ne fait que croître depuis 30 ans. Le gouvernement n’a pas d’autre choix que d’abandonner le projet d’aéroport !

Contacts presse : COPAIN : Jean-François Guitton : 06 78 90 46 04 Coordination : Julien Durand : 06 33 51 01 35 ZAD : Camille : 06 32 98 78 36
Il n'y avait pas 63 bus mais 64, et oui le notre, pour des raisons logistiques et des impératifs horaires, était stationné à la Beaujoire.
Je partage votre analyse quant aux débordements, et j'en suis à me demander avec d'autres demander si, finalement, Vals et les pro-aéroports n'avaient pas tout fait pour que ça puisse dégénérer, alors que ça partait bon enfant malgré cette ville mise en état de siège.
D'autre part, tout près de l'espace de prise de parole, nous avons été témoins d'une charge de CRS alors que personne ne les agressait et ne les provoquait davantage. Après s'être replié, face à la détermination d'un ancien qu'ils ne pouvaient matraqués vu le nombre de témoins, ils ont lancé une vingtaine de bombes lacrymogènes alors qu'ils y avait des gosses et des personnes âgées. Une gosse de notre comité a été gazée, si c'est une Black-Bloc, elle est vraiment précoce, elle a moins de 10 ans ! ...
Des copains 44 pourront corroborer ce témoignage.

X., coordinateur du comité Ariège.

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Re: lutte à Notre Dame des Landes

Message par Asylum » 24 févr. 2014 16:06

C'est horrible, en fait quand y a une manif où il se passe enfin quelque chose, ce n'est pas grâce aux manifestants mais à cause de Valls.
"Nous considérons les fins inséparables des moyens, parce que les méthodes de lutte laissent déjà entrevoir la vie pour laquelle nous nous battons".

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Re: lutte à Notre Dame des Landes

Message par Nico37 » 25 févr. 2014 0:56

AÉROPORT DE NOTRE-DAME-DE-LANDES: CE QUI EST ARRIVÉ À QUENTIN, À NANTES, LE 22 FÉVRIER 2014.

Caroline de Benedetti et Émeric Cloche animent la revue L’Indic à Nantes. Ce sont aussi des amis de longue date.

Comme beaucoup de personnes en Loire-Atlantique, il ont pris part, pacifiquement, à de nombreuses manifestations contre le projet d’aéroport à Notre-Dame-des-Landes.

Ce sont eux qui m’avaient fait parvenir cette lettre d’un médecin généraliste, laquelle témoignait de violences policières massives durant le week-end des 24 et 25 novembre 2012.

Un étrange silence médiatique s’était alors abattu, faisait remarquer Émeric, autour des très nombreux blessés.

Cet épisode n’en a pas moins marqué un recul momentané du gouvernement sur le dossier, jusqu’à l’annonce officielle, l’année suivante, d’un « retard sur le vol », pour reprendre la métaphore du Monde en date du 9 mars 2013.

Fin décembre cependant, des arrêtés préfectoraux ont été signés, prélude à une reprise du projet, et les travaux programmés avant l’été 2014.

Pour s’y opposer, une nouvelle manifestation a donc eu lieu hier, 22 février.

Elle a rassemblé 20 000 personnes selon la Préfecture, 40 000 selon les organisateurs. C’est un écart, somme toute, plus que raisonnable. Depuis que la droite a pris la rue, on n’y est plus guère habitués.

La veille, un autre ami nantais, Luc Douillard, écrivait sur un réseau social:

Notre-Dame-des-Landes : veillée (…) à Nantes avant la manifestation. En annonçant au tout dernier moment qu’elle refuse le parcours de la manifestation (déjà annoncé par toute la presse), la Préfecture de Nantes :
- 1 – organise l’incertitude sur le tracé du cortège, au détriment matériel et moral des manifestants, mais aussi des indifférents, des commerçants et des notables, tous mis en danger ;
- 2 – provoque artificiellement un point de désaccord entre manifestants tentés sincèrement par l’accommodement et manifestants sincèrement jusqu’au-boutistes.
- 3 – se donne les justifications (illégales et anticonstitutionnelles) pour réprimer brutalement les uns et les autres.
(…)
(Conclusion, demain, ce samedi, venez avec vos caméras pour témoigner ensuite).

Il ne pensait pas si bien dire.

Parmi les médias nationaux, France infos s’est fait largement écho des « scènes de violence ».

Cette radio a surtout parlé de 6 blessés parmi les policiers le 22 février au soir, devenus 8 le lendemain, évoquant par ailleurs un dépôt de plainte du maire de Nantes.

Elle a aussi précisé que 56% des Français, d’après un sondage IFOP, étaient opposés au projet.

Pour être tout à fait précis, il faudrait ajouter que 20% ne se sont pas prononcés.

Il reste donc moins d’un Français sur quatre pour lui être favorable.

Sur cette même radio en revanche, aucune mention n’a été faite de manifestants blessés.

Aujourd’hui, 23 février, Caroline m’écrit:

Quentin a eu 29 ans hier à Nantes. Il était comme nous à la manifestation contre l’aéroport. Il est charpentier, c’est le fils d’un de nos amis, et nous sommes en colère. Voici la retranscription du témoignage de Quentin, gravement blessé, recueilli par sa mère, Nathalie.

https://soundcloud.com/valk-photos/retr ... t-moignage

Ça a démarré vraiment quand on s’est retrouvés vers Commerce, au moment où on devait remonter normalement le cours des 50 otages, ce qui était censé être le parcours de la manif. Là, il y avait des cars de CRS et des barrières qui bloquaient tout. Nous quand on est arrivés, direct on s’est fait gazer. Il y a eu tout de suite des gaz lacrymo qui ont été jetés sur les gamins, sur tous les gens qui étaient là.

Là c’était la manifestation paisible, normale ?

C’était la manifestation paisible mais il y avait quand même déjà des gens un peu excités déjà avant, depuis le début de la manif. Donc nous on est restés un petit peu dans la zone, voir un peu ce qui se passait, et puis après, sur les conseils des organisateurs et tout, on a continué à marcher, à aller vers le point de ralliement, l’endroit où c’était fini, pour qu’il y ait un mouvement et que ça s’essouffle un peu.

Après, il y a eu plusieurs salves d’affrontement, des lacrymos qui perpétuellement revenaient, lancés par les flics. Et moi, ce qui m’est arrivé, c’est à la fin, on était vers la place Gloriette, entre Gloriette et l’autre là, là où il y a le café plage, ce rond-point là en fait, près du CHU justement. Et nous on allait pour se replier, on rentrait, les CRS avançaient eux, avec les camions et tout le truc, et moi je reculais avec tout un tas d’autres gens. Je reculais en les regardant pour pas être pris à revers et pouvoir voir les projectiles qui arrivaient. Et là, à un moment, j’ai senti un choc, une grosse explosion et là je me suis retrouvé à terre et, comme ils continuaient à nous gazer, ils continuaient à envoyer des bombes assourdissantes alors que j’étais au sol, des gens ont essayé de me sortir le plus vite possible, de m’emmener plus loin aussi. Et puis après je sais pas trop, on m’a mis dans une… les pompiers m’ont emmené quoi.

Et donc, on dit que tu as reçu une grenade assourdissante qui, au lieu d’être tirée en l’air, a été tirée de façon horizontale, dans ton œil ?

Je l’ai prise directement dans le visage. Elle a explosé dans mon visage. Vu ce que ça a fait… Elle a explosé là et c’est comme ça que moi je l’ai ressenti, quoi. Le choc, ça a été un bruit et une douleur extrêmement vive sur le coup, puis bon moi je me suis écroulé. C’est vrai que c’était assez violent j’ai trouvé. Il y avait, de la part des manifestants, des gens qui voulaient absolument lancer des trucs sur les CRS mais les CRS, eux, gazaient n’importe qui. Et ils visaient, au flash ball, ils étaient cachés, on les voyait viser, suivre des gens qui marchaient ou qui couraient en face pour aller se mettre à l’abri. Ils les visaient, les suivaient et shootaient, quoi. et ils visaient pas les pieds. On a vu la façon dont ils tiraient, c’était très… c’était ciblé.

Et toi tu étais là, en manifestant paisible, tu n’étais pas armé, tu n’avais rien dans les mains ?

J’étais pas armé, j’avais pas de masque à gaz, j’avais pas de lunettes de protection. On était là pour une manifestation familiale, festive, on était là pour faire masse, pour faire du nombre. Et après, c’est vrai que je suis resté même s’il y avait les lacrymos, parce que je trouvais ça injuste et qu’il fallait rester. Y’avait des gens, y’avait des pères de famille, y’avait des anciens, y’avait un petit peu de tout et voilà, moi je voulais rester aussi avec les gens pour montrer qu’on était là mais sans…

(Quentin n’a plus d’œil gauche)

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