lutte à Notre Dame des Landes

Le punk n'est pas qu'une musique ! Ici on discute de l'actualité, des manifs et des résistances en lien direct avec notre culture. "Make punk a threat again", ça vous dit encore quelque chose ?!
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Re: lutte à Notre Dame des Landes

Message par Nico37 » 30 nov. 2014 20:05

L'opposition régionale vote un vœu pour l'expulsion des zadistes 28/11

Présenté par Franck Louvrier (UMP), un vœu demandant que l'Etat " fasse cesser immédiatement l'existence d'une zone de non-droit dans la ZAD de Notre-Dame-des-Landes " a été adopté ce matin, à l'issue de la session du conseil régional, par les seuls élus d'opposition.

Dénonçant les " actions violentes " dont Nantes a été le théâtre à répétition ces derniers mois et le fait que la ZAD serve "de base arrière pour d'autres "luttes" qui n'ont aucun rapport avec l'aéroport du Grand Ouest", le texte mandate le président de la Région, Jacques Auxiette (PS), pour transmettre cette demande au Premier ministre, Manuel Valls.

Mais avant même que le vœu ne soit soumis à l'assemblée, les présidents des quatre groupes politiques de la majorité (PS, EELV, PCF, Ecologie solidarité) ont fait savoir qu'ils refuseraient de prendre part au vote.

A leurs yeux, " le vœu manœuvrier " (sic) déposé par l'ancien conseiller en communication de Nicolas Sarkozy visait avant tout "à diviser la majorité régionale" sur le dossier sensible du futur aéroport. "La ficelle est trop grosse, M. Louvrier", ont-ils estimé.

Le vœu a malgré tout été adopté par les seuls élus UMP, rejoints par leurs collègues de l'UDI.

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Message par Nico37 » 02 déc. 2014 0:38

Rejet de 26 pourvois en Cassation 29/11

Le Conseil d'État a rejeté, ce vendredi, les pourvois formés par des riverains opposés au projet d'aéroport de Notre-Dame des-Landes (44) pour obtenir l'annulation de leur expropriation.

Les 26 pourvois en Cassation avaient été déposés en vue de faire annuler un arrêté préfectoral du 11 septembre 2011, autorisant une procédure d'expropriation au profit de la société Aéroports du Grand Ouest.
Un certain nombre de ces arrêtés de cessibilité avaient été contestés devant le tribunal administratif de Nantes en décembre 2012, puis devant la cour administrative d'appel de Nantes, qui en février dernier, a rejeté tous les recours. L'ultime chance pour les requérants était donc le Conseil d'État. Les 26 requérants formulaient les mêmes critiques relatives, notamment, à la motivation des arrêts de la cour, à l'application du code de l'expropriation pour cause d'utilité publique et du code de l'environnement et à l'appréciation portée par la cour sur les faits.
Les magistrats du Conseil d'État ont estimé, hier, que la cour administrative d'appel de Nantes n'avait commis aucune erreur de droit en jugeant, notamment, « que l'étude socio-économique du dossier soumis à enquête publique ne comportait pas d'insuffisances » et « que les mesures de suivi et les mesures compensatoires avaient été prévues pour tenir compte des risques de destruction des milieux naturels ».
Le Conseil d'État a enfin confirmé « que l'opération litigieuse présentait un caractère d'utilité publique et qu'elle répondait à un intérêt général ».
Les arrêtés de cessibilité du préfet qui avaient été contestés sont donc désormais définitifs. Il s'agit d'une étape préalable à l'expropriation de ces riverains.

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Message par Nico37 » 06 déc. 2014 22:58

Plainte déposée à la suite de menaces avec AFP 03/12

Une association favorable au projet d'aéroport de Notre-Dame-des-Landes (Loire-Atlantique), près de Nantes, a annoncé ce matin avoir déposé plainte contre X, à la suite de l'envoi de lettres de menaces à des entreprises susceptibles d'intervenir sur le chantier.

" Comme nous l'avions annoncé lors d'une manifestation le 14 novembre (pour demander le lancement des travaux de l'aéroport, ndlr), nous sommes venus déposer plainte auprès du procureur de la République " , a déclaré à la presse Alain Mustière, président de l'association " Des ailes pour l'Ouest " .

Cette plainte contre X, déposée au nom de l'association pour " atteinte à la liberté du travail " et " menaces " , intervient " à la suite des menaces faites auprès des entreprises qui doivent répondre à un appel d'offres à la fois de l'Etat et d'AGO (Aéroports du Grand Ouest, filiale de Vinci, concessionnaire du futur aéroport), avant le 5 décembre " , a-t-il expliqué.

" Une cinquantaine " de courriers électroniques et de courriers postaux, sous forme notamment de cartes postales, ont été envoyés de façon anonyme au cours du mois d'octobre à des entreprises spécialisées dans la gestion de l'environnement, selon l'association, qui dénombre " plus de 200 exactions, menaces, intimidations et saccages auprès d'entreprises ou de citoyens/riverains " depuis 2012.

" Ce sont des menaces qui sont graves, d'autant plus que ce sont des petites et moyennes entreprises (...). Nous demandons à ce que les auteurs de ces menaces soient recherchés et soient condamnés " , a martelé Mustière.

" Les auteurs de ces courriers se revendiquent comme faisant partie de la Zad (" zone d'aménagement différé" , dédiée au projet d'aéroport, rebaptisée par les opposants " zone à défendre " , ndlr). Bien évidemment, les courriers, menaçant de dégradations, de pneus crevés, de cambriolages, sont sous pseudonyme (...). On terrorise le tissu économique et on a une atteinte réelle et sérieuse à la liberté du travail " , a souligné l'avocat de l'association, Me Thibaud Huc.

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Message par Nico37 » 10 déc. 2014 1:59

Communiqué de presse du collectif d’organisation de la manifestation du 22 novembre

Réponse à Madame J. Rolland, maire de Nantes et présidente de Nantes-Métropole et à Monsieur B. Cazeneuve, ministre de l’intérieur.

Suite à la manifestation nombreuse, diverse, du 22 novembre contre les répressions policières et judiciaires, à Nantes :

1- Nous tenons à rappeler, notamment à Mme J.Rolland, maire socialiste que le droit de manifester, avec ou sans autorisation, est légitime, constitutionnel. Le 22 novembre, notamment, ce droit a été fortement entravé. Nous serons particulièrement vigilants à ce qu’il puisse s’exercer dans la ville de Nantes et ailleurs. Nous rappelons que les libertés publiques et les droits sociaux ont été conquis et défendus, dans notre pays, par les grèves, les blocages, les occupations, les manifestations, les confrontations offensives ou défensives.

2- Nous nous interrogeons sur le coût des opérations militaires et policières visant à imposer les grands projets inutiles (aéroport de Notre-Dame-des-Landes, barrage de Sivens, LGV Lyon-Turin...) alors que cet argent pourrait servir aux besoins de la population : santé, éducation....

3- Nous n’oublions pas qu’il y a maintenant sept ans, le 27 novembre 2007, le flashball-lanceur de balles de défenses (LBD) était expérimenté à Nantes sur un lycéen de 16 ans, participant à une manifestation devant le rectorat contre la LRU, par un policier de la CDI, M.Léglise. Ce policier, responsable de cette mutilation a été relaxé en mars 2012 par la juridiction de Nantes, au motif "d’avoir tiré sur ordre". Son impunité a fonctionné comme un "permis d’éborgner " pour la police à Nantes : trois l’ont été le 22 février (des plaintes ont été déposées, l’instruction ne serait toujours pas ouverte). La liste des blessé-e-s, en plus d’un mort à Marseille, ne cesse de s’allonger particulièrement dans les quartiers . STOP ! L’utilisation des armes de guerre, dont fait partie le LBD, doit être proscrite. Une large campagne urgente, « Désarmons la police », doit se mener sur cette question grave alors que Rémi Fraisse est dans toutes nos pensées.

Solidarité avec toutes les victimes de la répression ici et ailleurs !

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Re: lutte à Notre Dame des Landes

Message par Nico37 » 10 déc. 2014 18:17


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Message par Nico37 » 12 déc. 2014 23:37

Des zadistes condamnés pour la manifestation de Nantes Pascale Boucherie 08/12

Trois des 14 personnes interpellées à Nantes lors de la manifestation du 22 novembre comparaissaient ce lundi devant le tribunal correctionnel. Une femme de 34 ans a été condamnée à 2 mois de prison ferme. Un aide cuisinier de 19 ans devra rembourser 7.000 euros à la Caisse d'épargne pour des vitrines qu'il nie avoir brisées. Le troisième, un Rennais de 23 ans, a été relaxé

Relaxé faute de preuve. A la sortie de l'audience, l'avocat de ce jeune Rennais de 23 ans, qui comparaissait devant le tribunal correctionnel de Nantes pour des violences en marge de la manifestation contre le projet de Notre-Dame-des-Landes, fait remarquer de dans le cadre d'un durcissement tant des mouvements à Notre-Dame-des-Landes, que d'un durcissement de la réponse judiciaire, cette relaxe est bienvenue. cela signifie, dit-il, que la justice ne cède pas aux pressions politiques.

Sévères condamnations

En revanche, quand le deuxième prévenu, reconnaît les outrages aux policiers de la BAC, cette même justice n'hésite pas. Même si l'aide cuisinier nantais de 19 ans nie avoir brisé les vitrines de la Caisse d'épargne, elle le condamne à tout rembourser : 7.000 euros. Il a décidé de faire appel.

Enfin quand la troisième prévenue admet s'être retrouvée en première ligne, trois pierres à la main, devant les CRS, la justice condamne encore, très sévèrement : deux mois de prison ferme, et maintient en détention.

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Re: lutte à Notre Dame des Landes

Message par Nico37 » 13 déc. 2014 20:25

Bruno Serralongue, invité du Musée Niepce de Chalon Josserand Pascale et Patrice

Rencontre peu banale et originale mercredi au Musée Niepce avec l’artiste-photographe Bruno Serralongue qui ne s’est pas prêté au traditionnel jeu de la traditionnelle rétrospective sur son parcours mais a engagé une lecture et une réflexion sur le médium « photographie » en tant que source d’information en s’appuyant sur des textes et pensées du philosophe Michel Foucault, de l’essayiste américaine Susan Sontag et du critique Serge Daney afin de présenter au public sa démarche de création –de la prise de vue à la chambre au tirage souvent grand format et la mise en scène conceptuelle de l’ image et du texte sur son projet d’exposition « La Terre est un crocodile » qui sera présenté à Genève en février 2015.

Ce projet d’exposition autour du désir du travail, du désir de travailler, de la fragilité et de la précarité du travail s’articulera en trois séries : Notre Dame des Landes, les clandestins à Calais, la fermeture des Hauts Fourneaux à Florange.

Série qui, comme toute l’œuvre de l’artiste depuis ses débuts en 1993, portera le regard du spectateur sur une lecture des évènements du monde hors champs médiatique, hors flux journalistique dans une approche plus posée, travail à la chambre 10x12 ou 20x25 oblige. Cette distanciation voulue par l’auteur pose la fondation d’un savoir autre, au-delà de l’éphémère information médiatique et interpelle sur ce qui fait réellement information.

Sans carte de presse, sans accréditation, avec une technique photographique lourde, lente, peu mobile, pas visible dans la presse car Bruno Serralongue ne fait pas dans le déjà-vu médiatique, les grands et petits tirages Ilfochrome s’exposent sur les murs blancs des musées. Ces grands vides blancs offrent une autre perception de l’évènement, du fait divers souligné juste par le titre informatif sous l’image plus neutre. Révélateur d’une réalité sociologique car peu d’effets stylistiques dans les images pour enrayer l’émotion, ce puissant frein de la pensée pour mieux hanter les esprits et éveiller la puissance du regard et de la réflexion.

Dans ce hors champs s’élabore un champ politique, un discours militant, une présentation de zones blanches (ce qui est créé hors vision médiatique traditionnelle). Ainsi, le regard du photographe à Notre Dame des Landes se pose non sur les combats mais sur les palabres sous la tente des zadistes, les cabanes, les potagers, la culture de la terre et la livraison des pommes de terre à Calais aux immigrés vivant dans la précarité, le dénuement, fragilisés et qui ont quitté leurs terres pour se rendre en Angleterre avec l’espoir d’y trouver un travail, travail de la terre pour en extraire le minerai qui n’est plus, à Florange. Mise en lumière de l’agonie industrielle par la mise en valeur de l’extérieur des usines : extinction des feux intérieurs, illuminations des bâtiments extérieurs.

Cette approche très personnelle des évènements inscrit l’artiste dans une norme autre et fait de chacune de ses expositions une expérimentation particulière et militante.

A chacun de se forger sa propre idée en venant observer au Musée les tirages issus de la série « Risk Assessment services » présentés dans le cadre de l’exposition « Wonderland » consacrée à la Collection du Centre National d’Art Plastique.

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Message par Nico37 » 15 déc. 2014 0:31

Le maire de St-Aignan attend le transfert avec impatience 11/12

Partisans du transfert de l'aéroport Nantes Atlantique à Notre-Dame-des-Landes, plusieurs maires du sud-Loire s'impatientent. À commencer par celui de Saint-Aignan-de-Grandlieu.

Pour Jean-Claude Lemasson, maire divers gauche de Saint-Aignan, le transfert de l'aéroport est « une question de survie » pour sa commune de 3 600 habitants. Il s'appuie sur une note technique rédigée par la Direction générale de l'aviation civile (datée de septembre 2013) simulant un trafic de 6 millions de passagers à Nantes Atlantique en 2030 ; dans cette hypothèse, le plan d'exposition au bruit serait revu et la commune serait encore « plus impactée, empêchant tout développement du bourg et toute construction », dénonce l'élu.

Mais d'autres voix s'élèvent comme celle du maire de Rezé, Gérard Allard (PS) qui, favorable au transfert, s'interroge sur la façon de sortir du débat stérile. « Pourquoi pas un référendum ? », dit-il, en précisant que « l'exercice de la démocratie ne se fait pas sous la pression ».

Pas convaincu

Quant à lui, le maire de La Chevrolière, Johann Boblin (UMP) se dit « pas convaincu par le transfert ».

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Message par Nico37 » 16 déc. 2014 1:03

AG exceptionnelle du mouvement, mardi 16 décembre, à 20h30  à la Vacherit.

Suite aux discussions entamées lors de l'AG du mardi 2 décembre à la Vacherit à propos de l'initiative des blancs blocs, il a été décidé d'appronfondir ces débats stratégiques en y consacrant une AG à part entière à laquelle nous vous convions.

Le mouvement de lutte contre l'aéroport est riche d'une infinie diversité de pratiques et de stratégies. C'est ce qui fait sa force, mais aussi parfois sa faiblesse, suscitant en son sein des débats vifs et des désaccords profonds.

Comment faire pour que les différentes pratiques et stratégies se renforcent plutot qu'elles ne se neutralisent ?

Comment créer de nouveau les conditions pour organiser ensembles des actions communes et unitaires dans lesquelles puissent exister les différentes présence et pratiques qui font le mouvement ?

Qu'avons à construire en commun au de-là de la simple défense de la zone ?

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Re: lutte à Notre Dame des Landes

Message par Nico37 » 20 déc. 2014 2:11

A Notre-Dame-des-Landes, on rêve d'une « commune libre de la ZAD » Sylvain Mouillard 18/12

« Libération » retourne sur les « zones à défendre » emblématiques de la lutte contre les grands projets d'aménagement. Premier volet dans le bocage nantais, théâtre du combat le plus ancien contre l'aéroport.

Parmi les habitants de la « ZAD » de Notre-Dame-des-Landes, Stéphane fait partie des plus anciens. Ce trentenaire s’est installé dans le bocage nantais en 2009. «A l’époque, ça paraissait fou d’imaginer arrêter le projet d’aéroport», se souvient-il. Cinq ans plus tard, les pelleteuses d’AGO (Aéroport du Grand-Ouest) n’ont toujours pas pelleté. Le dossier est au point mort, et les autorités ont annoncé que rien ne débuterait tant que subsisteraient des recours juridiques. Sur la ZAD, beaucoup pensent que ce projet vieux de 40 ans ne verra jamais le jour. Quelque 200 personnes vivent désormais sur la zone de 1 600 hectares, disséminées sur une soixantaine de sites : des vieilles fermes retapées, des maisons squattées, des cabanes construites au fil de la mobilisation.
Les Fosses noires, où Stéphane a posé ses valises, est un des lieux «historiques». Avec sa caravane Internet et sa boulangerie, c’est un endroit « de croisement et de sociabilité » . Ici, l’habitat est en dur, mais beaucoup de zadistes continuent de dormir dans des cabanes en bois et torchis, dont le standing s’est nettement amélioré. « On veut que ça soit le plus confortable possible » , explique un habitant. « L’hiver, pour se chauffer, on compte sur les poêles à bois et une bonne isolation. » Les occupants de la ZAD visent aussi l’autosuffisance alimentaire. Une vingtaine de projets agricoles, allant de l’élevage de vaches laitières à l’apiculture, en passant par la plantation de tabac et la fabrication de beurre ou de fromage, ont vu le jour. Il y a peu, un verger a été planté.

« Judas » , croisé au bord d’un chemin de traverse, s’occupe d’animaux un peu particuliers : des boucs des fossés. « Des débroussailleuses en puissance » , sourit-il. Le gaillard, 35 ans, est arrivé à Notre-Dame-des-Landes il y a cinq mois, en provenance de Belgique, où il bossait comme fermier. « J’ai entendu dire qu’il y avait besoin de main-d’œuvre ici, raconte-t-il. Depuis, je n’arrête pas, il y a du boulot tout le temps. » Sa mission, avec son bouc prénommé « Jean-Jacques » , c’est d’assurer l’entretien des fossés et des haies, plutôt oubliés ces dernières années. Pour accélérer la cadence, il a organisé des saillies sur des chèvres de la même espèce. « On verra bien ce que ça donne. » Stéphane détaille : « En fait, on redécouvre le travail et sa vertu sociale, conviviale, partageuse. On travaille avec les paysans du coin, on échange les savoirs. »

« L’ARGENT NE DOIT PAS ÊTRE UN FREIN »

Sur la ZAD, les occupations ne manquent pas. Dans chaque lieu de vie, les volontaires s’organisent en groupes de travail. Au programme : autoconstruction, maraîchage, plantes médicinales ou encore communication. Le journal « ZAD News » est distribué tous les lundis après-midi par une équipe de facteurs. Des activités culturelles (projections, débats, concerts) ont été mises en place. Un groupe d’écoute accueille les personnes en souffrance psychologique ou en délicatesse avec les drogues. Plus réjouissant, une « maison des enfants » a été aménagée, « dans laquelle il y a eu plusieurs accouchements » , raconte un habitant.

Dans un bois des alentours, on tente de mettre en pratique la convergence des luttes avec les militants « No Border » de Calais. Plusieurs migrants de la Corne de l’Afrique ont été accueillis, et reçoivent de l’aide pour les demandes d’asile, des cours de français. Le vendredi, c’est le jour du « non-marché », où l’on retrouve les produits estampillés ZAD à « prix libre » . « L’argent ne doit pas être un frein, mais il ne faut pas non plus que certains s’épuisent pour d’autres » , explique Stéphane. Les habitants disent en tout cas avoir grandement réduit leurs besoins et (bien) vivre avec quelques centaines d’euros par mois. Certains exercent des petits boulots salariés aux alentours, ou des travaux agricoles épisodiques. D’autres se contentent du RSA.

« LES BLAGUES GRAVELEUSES ENTRE MECS, ON LES LAISSE DE CÔTÉ »

Cette vie en collectivité n’échappe pas à de (nombreux) moments de débats, voire de tensions. Faut-il, par exemple, accepter les véhicules motorisés pour les travaux des champs ? Les partisans de la traction animale s’opposent à ceux qui jugent l’aide d’un tracteur parfois bienvenue. On s’empoigne aussi sur les rapports entre les sexes. « L’objectif, c’est de casser les schémas classiques, détaille Judas. Les blagues graveleuses entre mecs, on les laisse de côté. Et si une fille a envie de conduire un tracteur ou de manier une tronçonneuse, elle le fait. »

Les zadistes ont beau majoritairement « combattre le capitalisme » , les « rapports de classe » subsistent, reconnaît une ancienne étudiante en socio. « Ceux qui ont les codes et l’habitude de parler en public prennent plus facilement la parole en AG » , illustre-t-elle. «Certains sortent de la fac, d’autres de la rue, ajoute Stéphane. On retrouve ici les inégalités sociales classiques, mais on tâche d’en faire un sujet d’attention.» Les chantiers collectifs, par exemple, permettent aux plus réticents de s’exprimer davantage.

UNE « COMMUNE LIBRE DE LA ZAD » ?

La disparition des forces de l’ordre, invisibles sur place depuis 18 mois, incite aussi à penser à plus long terme. «Les autorités savent que cette ZAD est emblématique et que si les gendarmes et les pelleteuses reviennent, la mobilisation sera d’ampleur, estime Stéphane. Lors de l’opération César [tentative d’évacuation du site à l’automne 2012, NDLR], des gens ont relevé la tête et dit non.» Ils rêvent maintenant de construire autre chose.

Une alternative que Jean-Jo, militant anarchiste d’une cinquantaine d’années, imagine comme une « commune libre de la ZAD » . Au Haut-Fay, cet ancien cadre commercial dans l’industrie anime une «université populaire autogérée » . « La période des expulsions, il y a deux ans, était la moins intéressante à vivre. Le vrai processus révolutionnaire commence aujourd’hui. Pour cela, l’enjeu, c’est de contrôler la terre et d’arriver à y bosser de manière pratique, ce qui nous crédibilisera aux yeux des voisins. »

« IL EST POSSIBLE D’ENRAYER LA MACHINE »

Les zadistes sont d’accord sur un point : il faut barrer la route aux « cumulards » , les agriculteurs qui ont accepté un dédommagement pour céder leurs terres au conseil général, mais qui pourraient, si le projet n’aboutissait pas, tenter de les récupérer. La plupart espèrent aussi conserver la liberté qui irrigue les lieux. « Il ne faut pas en faire une enclave ou un ghetto à ciel ouvert, illustre Stéphane. Mais un endroit où on vit et on lutte de manière différente. »

Judas s’imagine volontiers vivre « un bout de temps » sur la ZAD. Mais il ne se voit pas comme un « militant déterminé » , plutôt comme un « travailleur » . Il veut expérimenter à Notre-Dame-des-Landes une «agriculture qui ne soit pas destructrice», espère aussi y trouver une autre forme de vie en société. « Dans le monde du travail, je ne me suis pris que des portes. Ici, il y a moins d’entraves, moins d’intermédiaires. »

L’idée, « face aux grands projets qui risquent de faire disparaître des possibilités existentielles», c’est de «réinventer le quotidien » , synthétise Stéphane. « On n’offre pas d’emplois ou de possibilités de consommer. Ce n’est pas forcément un message facile à entendre quand tu es pris dans la vie de tous les jours, mais les ZAD rendent tangible qu’il est possible d’enrayer la machine. »

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