Le Bloc identitaire se retranche dans le Loiret 19/08 Jean-Yves Le Nezet
Chassés de Lignières dans le Cher, les militants identitaires ont trouvé refuge dans le Loiret, à Saint-Gondon pour y tenir, hier, leur journée nationale.
Annoncé sur tous les blogs et forums d'extrême droite cette semaine au château de Lignières, dans le Cher, le grand rassemblement national du Bloc identitaire a dû, finalement, se retrancher en urgence dans un simple champ, à Saint-Gondon, dans le Loiret. Le « sommet » de ces militants d'une extrême droite très remuante s'y est d'ailleurs déroulé hier samedi, en présence de près de 200 sympathisants. Avec, entre autres, au programme, une conférence de Joachim Véliosas, l'un des fers de lance de la pensée radicale anti-islam ou encore des « discussions » sur la « France socialiste de Hollande ». Les enfants des militants étaient eux aussi conviés à participer à la fête en suivant des initiations au tir à l'arc et au lance-pierres…
Si les militants du Bloc identitaire se sont ainsi rabattus sur cette paisible commune du Loiret, c'est tout simplement parce qu'ils ont été débusqués du château de Lignières par plusieurs associations, parmi lesquelles la Rafi, la « Résistance antifasciste », ou encore le Nouveau parti anticapitaliste de l'Indre. La commune du Cher a du coup choisi, dès la semaine dernière, d'interdire l'accès de son château à cette réunion d'été.
C'est donc Saint-Gondon qui est devenue, dès le début de la semaine, le point de chute des militants du Bloc identitaire. Le maire de cette commune a même appris la présence de ce camp par la lecture d'un article publié par nos confrères de la République du Centre. « Je croyais que c'était un camp scout », expliquait-il ainsi dans les colonnes du quotidien hier, précisant qu'il ne pouvait en rien agir puisque cette « réunion s'est tenue sur un terrain privé ».
Surveillés par les gendarmes
En attendant, le Bloc identitaire a finalement trouvé un point de chute. Et ses militants ont toutefois été très surveillés. Notamment par les gendarmes qui les attendaient, hier, à la sortie de la gare de Gien, pour vérifier et enregistrer leur identité.
Le Bloc identitaire s'est, ces dernières années, ancré dans la région Centre. Présent dans le Cher, il l'est aussi en Indre-et-Loire et souhaite, si on s'en réfère aux blogs et forums d'extrême droite, s'implanter durablement dans l'Indre. Au début du mois, ce même groupuscule s'est fait remarquer à Vouneuil-sur-Vienne, dans la Vienne, à l'occasion d'une fête consacrée à Moussais-la-Bataille, l'endroit de la fameuse bataille de Poitiers. En cette première semaine d'août, les habitants avaient découvert dans leur boîte aux lettres un courrier accusant leur commune de « célébrer ses adversaires (NDLR : les Arabes) défaits dans un réflexe honteux et morbide d'autoflagellation ethnomasochiste ».
Né sur les cendres de mouvements d'extrême droite
Proche du Front national, le Bloc identitaire ? Pour les cadres du parti de Marine Le Pen, ces militants-là ne sont pas fréquentables. Du côté du Bloc, certains militants n'hésitent pas, là aussi officiellement, à renvoyer la politesse en accusant le FN d'être un peu trop à gauche… Bref, le Bloc identitaire, sur ces blogs, forums, ou encore dans la rue lors de manifestations, ne fait pas dans la dentelle. Ses cibles idéologiques privilégiées : l'islamisation du pays, les homosexuels, l'avortement et récemment François Hollande. Le Bloc identitaire est né sur les cendres de mouvements d'extrême droite qui sévissaient au début des années 2000. A l'image d'Unité radicale, à laquelle appartenait Maxime Brunerie, l'homme qui avait tenté d'assassiner Jacques Chirac, en 2002. Les militants du Bloc écoutent du rock identitaire et se fournissent en « matériel » de propagande sur le site de lacagoule.com. Une société implantée dans le Loiret.