Sans vouloir en rajouter: je l'ai dit pour te faire réagir.Sans vouloir en rajouter, ce n'est pas ça qu'elle dit (ou alors elle le dit vraiment très mal... mais en fait non. Elle le dit vraiment très mâle).
Je sais bien qu'elle ne dit pas ça et ce qu'elle dit me dérange autant que toi. Dire "Les femmes ne doivent pas se sentir victime, ni salies, elles peuvent s'en sortir, suffit d'être fortes mentalement", c'est proposer un pansement sur une jambe de bois. Et c'est nier déjà, le fait qu'un viol puisse être un choc apocalyptique au niveau traumatique, au niveau de la mémoire. Même pour des personnes très fortes mentalement.
Mais je pense aussi, qu'il peut être aussi difficile d'être forte "physiquement" avec ses bras et ses jambes, lors d'un viol, même pour des femmes qui savent "se la mettre" d'ordinaire. La self-defense, c'est bien sur le papier, dans la réalité, je peux penser que c'est difficilement applicable, pour pas mal de raisons. La première étant la surprise, bien décrite par les personnes qui ont subi des violences sexuelles, la tétanie qui s'en suit, le cerveau qui se met en veille, pour ne pas ressentir. Les entraves exercées par le violeur, rendant incapables du moindre mouvement, même si on essaye. Et pour celles qui auraient malgré tout ça, encore la capacité de réfléchir de façon sensée, se demander: "Si je le frappe, qu'est-ce qu'il va faire en retour". Et puis le contexte aussi, émotionnel, familial, puisque de nombreuses agressions sexuelles sont exercées par un membre de l'entourage et que l'on sait qu'alors, entrent en jeu tout un tas de choses qui font qu'on ne pense même pas, dans ce cas, à se protéger physiquement....
Apprendre à se défendre physiquement, oui, c'est une bonne chose, mais apprendre à se défendre mentalement aussi alors, lorsque cela arrive. Et surtout, se questionner sur comment limiter ce fléau, comment essayer de l'enrayer à sa racine. Parler de misère sexuelle, ces abruties le font très mal, mais c'est un sujet qui mériterait d'être mieux soulevé. Non! ces crevards ne sont pas excusables parce qu'ils sont des miséreux sexuels, ils ne sont pas que ça, ils sont aussi des agresseurs sexuels, mais s'ils sont des miséreux et des agresseurs sexuels, il y a des raisons. Là où ces femmes se trompent, c'est en disant qu'on ne doit pas se sentir traumatisée, parce que ces hommes sont des miséreux sexuels. Si la fille d'une de ces femmes était violée et se trouvait ensuite dans une terrible souffrance, je ne pense pas qu'elles auraient envie d'entendre "Votre fille ne devrait pas se sentir si mal, elle ne devrait voir là que l'expression de la grande misère sexuelle de son agresseur".
Par contre, en étant solidaires du mouvement metoo et autres, on peut parler de pourquoi des hommes en sont là, sur ce qui fait dans notre société actuelle que la violence et les incivilités envers les femmes se sont banalisées. Par exemple, cette neuneu de Peggy (oh, merde, v'la que je ne peux m'empêcher de fredonner quelques tranchantes paroles de Peggy des Bimbo Killers, hum hum, pas très féministe tout ça.... ) qui vient signer des imbécillités sur la misère sexuelle, mais qui avait osé dire - alors que beaucoup d'études récentes, y compris féministes faisaient un lien entre porno gratuit machiste et violence sexuelle faite aux femmes - que ça n'avait aucun lien (elle a pondu ça sur Slate) et qu'il était en gros "puritain" et inutile de soulever ce sujet. Alors évidemment, on ne peut pas s'attendre à des choses intelligentes de la part de femmes qui ne se sont pas documentées une seconde sur des notions qu'elles osent avancer.... Grrrrrr