Préjugés, sexisme: combat permanent

Le punk n'est pas qu'une musique ! Ici on discute de l'actualité, des manifs et des résistances en lien direct avec notre culture. "Make punk a threat again", ça vous dit encore quelque chose ?!
Répondre
MélusineCiredutemps
touriste
touriste
Messages : 36
Enregistré le : 01 oct. 2012 21:58

Re: Préjugés, sexisme: combat permanent

Message par MélusineCiredutemps » 26 mars 2013 2:40

Critique du genre et de la théorie queer

Avec l’émergence de la théorie queer, les questionnements sur le genre et la volonté de le déconstruire, semblent, pour certain-e-s, plus une mode qu’une démarche politique. Cette théorie présentée comme radicalement nouvelle, remettrait en question l’ensemble du mouvement féministe présentant celui-ci comme un mouvement revandicant de manière homogène des valeurs identitaires de « femmes ». Pourtant, depuis 1949 Le Deuxième Sexe de Simone de Beauvoir démontre largement le fait que le genre est une construction sociale... « On ne naît pas femme, on le devient »...(1)
La féminité et la masculinité n'existent qu'au travers de la perception bipolaire d’une réalité humaine. Ce système de pensée, qui s'organise autour d'un processus de classification hiérarchique des choses matérielles et abstraites ainsi que des êtres, est à la fois la cause et la conséquence de notre acceptation de la domination. Ce conditionnement mental intervient dès la naissance et se poursuit jusqu'à la mort, notamment par le langage, l'éducation, les jouets, la publicité et la prostitution et ce de génération en génération.
Mais il n'y a pas de fatalité car en tant qu’humain-e-s nous avons la capacité de nous redéfinir. Ni une quelconque divinité, ni la «nature» ne nous manipule. L'observation de sociétés très différentes de la notre montre qu'il n'y a pas de fatalité biologique, mais bien des constructions sociales à l'origine du genre. Chez les Chambulis, en Nouvelle-Guinée, de nombreuses caractéristiques dites masculines ou féminines sont inversées par rapport aux nôtres(2).
Toutes les caractéristiques que peut avoir une personne font partie de l'immense potentiel présent dans chaque être humain qui se décline en un nombre infini de variations. Ces variations sont étiquetées par l'idéologie dominante comme féminines ou masculines. Il en découle l'institution de catégories qui induisent l'assignation des personnes dans une classification hiérarchique.
Le recours à la biologie pour justifier la classification par catégories de genre n'est qu'un mauvais prétexte. On pourrait même faire appel à la biologie pour démontrer le contraire. En effet, y compris du point de vue biologique, il n'y a pas de rupture entre les femelles et les mâles, il y a un continuum.
De plus, les humain-e-s sont culturel-le-s plutôt que naturel-le-s jusque dans leurs anatomies. Les récentes découvertes en matière d'étude du cerveau humain démontrent la plasticité(3) de ce dernier. Le cerveau d'une personne se modifie pour s'adapter aux informations et aux attentes qui proviennent de l'environnement social dans lequel se trouve cette personne. Cette plasticité du cerveau permet l'évolution du rapport au monde et l'éveil du sens critique de la personne, mais elle la rend également vulnérable aux processus de conditionnements mentaux qui interviennent depuis la naissance. C'est ce que démontrait déjà en 1973 Elena Gianini Belotti avec Du côté des petites filles (4). Il n'y a donc pas davantage de différence innée entre le cerveau d'un mâle et celui d'une femelle, qu'entre les cerveaux de deux femelles ou de deux mâles. La seule chose qui soit universellement partagée entre tou-te-s les humain-e-s, c'est le fait d'être doté-e-s de conscience. Mais « cette universalité n'est pas donnée, elle est perpétuellement construite » (5) et elle prend autant de formes que de cerveaux pour participer à sa construction.
Il ne suffit pas de « débiologiser le genre » pour détruire la hiérarchisation entre les caractéristiques dites masculines et féminines. Il est scientifiquement démontré qu'il n'y a pas de « races » au sein de l'humanité. Beaucoup de personnes en conviennent tout en agissant en racistes. Pour ces individu-e-s le concept « race » est débiologisé mais garde toute sa signification. Leurs actes restent les mêmes qu'avant la « débiologisation » de la « race ». Elle-il-s demeurent xénophobes et le problème reste entier. « 0% raciste-100% identité » peut-on lire sur certains de leurs sites internet.
Se dégenrer ce n'est pas passer d'un genre à l'autre, ni se situer entre les deux. Se dégenrer c'est détruire la catégorisation par le genre et non multiplier les catégories de genre. Définir comme une fin en soi le passage d'un genre à l'autre et affirmer qu'il suffit de cela pour dépasser le genre c'est admettre cette catégorisation comme une fatalité et l'entériner en s'y conformant. Par conséquent, on ne peut se dégenrer individuellement.
Une personne peut passer d'un genre à l'autre ou s'identifier comme étant entre les deux. Cela peut être important pour elle, et elle est la seule à pouvoir définir les conditions de son bien-être. Cependant, elle ne sera pas dégenrée tant qu'elle-même et la société identifieront ses caractéristiques comme féminines et/ou masculines, au lieu d'estimer qu'elles ne sont ni l'une ni l'autre, mais simplement les siennes, indépendamment de la forme de ses organes génitaux et de celle des personnes avec lesquelles elle a des relations sexuelles.
Ces caractéristiques sont modifiables, car en perpétuelle évolution en fonction des choix (par désir ou par dépit) que la personne fait consciemment ou inconsciemment. Elles sont aussi inaliénables et pourraient, à ce titre, être considérées comme propre à cette personne plutôt que servir de prétexte à son enfermement dans une catégorie. Si les caractéristiques humaines n'étaient pas classées en deux genres, l’identité de chaque personne ne serait pas réduite à l’appartenance à l’une de ces catégories. En revanche, amplifier la catégorisation par le genre en classant les personnes dans des catégories intermédiaires entre le masculin et le féminin ne fait que complexifier la lutte pour échapper à la classification.
La théorie queer prône, non pas l'abolition du genre, mais l'institution d'une multitude des catégories de genre définies et déclinées selon différents critères, confondant assignation dans le genre et sexualité (par exemples, les lesbiennes « butch », considérées comme masculines et les « fem », considérées comme féminines). « Introduire plus de degrés entre les pôles d'un continuum n'abolit pas ce continuum [...] Mais surtout cette position ne dénaturalise pas le genre. Elle le détache du sexe, certes, et donc de la naturalisation par la biologie. Mais elle considère le genre comme une dimension indispensable et nécessairement présente dans la sexualité. Le genre est ainsi re-naturalisé par un trait psychologique présumé universel, une «nature de la sexualité humaine».»(6).
La théorie queer ne remet pas en question le principe même de norme, mais institue de nouvelles normes en maintenant la croyance en la féminité et en la masculinité, donc en maintenant la hiérarchie, puisque « le genre est un concept asymétrique car intrinsèquement hiérarchique »(7).
Elle présente les rapports sociaux entre les genres et les « identités de genres » comme deux notions indépendantes l'une de l'autre. Ceci est absurde car « l'identité de genre » d'une personne n'existe pas « en soi », elle est construite par les rapports sociaux (auxquels la personne participe) qui la conditionnent et la définissent.
Si je suis « féminine » c'est uniquement parce que je vis au sein d'une société qui croit au concept de « féminité » (dont la fonction est d'établir le « masculin » comme supérieur et universel ) et dont les règles et les représentations entérinent cette croyance ainsi que ce qu'elle produit dans les rapports sociaux.
Dans Queer Zone 1, Marie-Hélène Bourcier (sociologue et théoricienne queer) écrit : « La mise en perspective queer est fondamentalement déceptive en ce qu'elle invite à rompre avec des modèles politiques qui n'ont pas forcément fait la preuve de leur efficacité [...] la théorie et les politiques queer sont étrangères à une rhétorique de la libération ou de la révolution ». La théorie queer séduit car elle propose une « alternative » illusoire, plus rapide et plus facile, à la lutte révolutionnaire contre la domination. Ceci rappelle le rapport au temps (temps à rentabiliser) dans les schémas de pensée forgés par le capitalisme omniprésent qui exigent la performance et la rapidité, excluant tout projet de changement profond du système et des mentalités. Cette théorie est conforme au libéralisme actuel et à sa dictature de l'image et du narcissisme. En effet, elle ne remet pas en question le système de domination dont le genre sert les intérêts et mise beaucoup sur les aspects les plus superficiels du genre : ceux qui concernent les apparences... Une excellente publicité pour les industries du sexe et de l'esthétique qui illustre parfaitement la récupération commerciale du mouvement contestataire gay et lesbien des années 70.(8)
Dans Queer Zone 2, Marie-Hélène Bourcier défend la critique selon la théorie queer de ce qu'elle nomme « l'universalisme blanc hétérocentré », et contre lequel elle n'oppose rien d'autre qu'une position pro-communautaristes. Ce qui relève de la même logique que de s'affirmer pro-sectes pour combattre les religions dominantes. Cette apologie des communautarismes se traduit, par exemple, par un discours quasi admiratif à l'égard du voile islamique. Dans le même élan, elle stigmatise l'ensemble des adolescents des banlieues en faisant l'éloge d'un virilisme exacerbé qu'elle leur attribut à tous. Or, tous les garçons, où qu'ils vivent et quelques soient leurs origines culturelles et sociales subissent de très fortes pressions, de toutes parts, pour qu'ils fassent des démonstrations de virilité. Et lorsqu'on leur donne l'occasion de s'exprimer librement dans un cadre confidentiel où ils ne se sentent pas jugés, on se rend compte que pour la plupart d'entre eux il s'agit là d'une contrainte à laquelle ils se plient pour ne pas être exclus. Marie-Hélène Bourcier n'évoque même pas l'hypothèse d'une lutte pour l'inaliénabilité inconditionnelle de chaque personne. Comme si au sein des communautés, il n'y avait ni oppressions ni exploitations.
Contre le paritarisme, elle propose une politique de discrimination positive basée sur des quotas qui selon elle « conduiraient à des calculs plus proches de la réalité historique et culturelle ». À une mesure de discrimination « positive » elle en oppose une autre, se gardant bien de s'attaquer à la discrimination elle-même, qui même dite « positive » ne peut être que stigmatisante. Considérer les personnes comme des éléments interchangeables de leurs catégories identitaires c'est nier leurs individualités.
Il s'agit là d'une logique profondément essentialiste et d'ailleurs, Marie-Hélène Bourcier emploie de manière récurrente le terme de « race » sans jamais rappeler la non-existence scientifique de ce concept et le fait qu'il s'agit d'une construction sociale au service de la domination, comme pour le concept de genre.
Être éga-les-aux ne signifie pas être identiques. L'idéal républicain assimilationniste est l'expression du communautarisme de la communauté dominante. Il n'en est pas moins un communautarisme parmi les autres et n'a rien à voir avec la philosophie universaliste.
Il y a une différence entre déclarer qu'on est lesbienne, trans, hétéro, etc. et prôner le lesbianisme, la trans-sexualité, l'hétérosexualité, etc. comme norme exclusive de conformité à une idéologie quelconque. Les lesbiennes ne sont pas moins aliénées au patriarcat que les hétérosexuelles. Les homosexuel-le-s, les trans-genre et les transsexuel-le-s ne sont pas forcément communautaristes, alors que certains hommes blancs hétérosexuels le sont, même s'ils s'en défendent, comme par exemples Nicolas Sarkozy, Philippe de Villiers et Jean-Marie Le Pen.
« L'implicite d'une préexistence des groupes à leur hiérarchisation laisse de côté la question de la construction des groupes en groupes : comment, pourquoi ont-ils été créés? L'impossibilité de rendre compte de leur constitution par autre chose que la volonté de hiérarchiser les individu-e-s [...]est la clé de voûte de ma théorie. [...] cette logique de la «différence» s'impose de plus en plus à ces groupes dominés. De plus en plus on les entend «revendiquer leur différence ». Les revendications d'égalité se transforment en revendications « d'identité» »(6). Ces revendications peuvent déboucher sur une illusion d'égalité entre les catégories, mais pas sur une égalité entre les personnes. « Pour avoir droit à ce «respect» et à cette «valorisation», il faut absolument que les individu-e-s se tiennent dans les limites de ce qui est reconnu comme spécifique à leur groupe. [...] Mais surtout, ce que porte en elle la revendication identitaire qui propose une valorisation par l'appartenance de groupe, c'est la négation de l'individu-e au sens d'être singulier-e. [...] La revendication identitaire implique en effet l'obligation pour chaque membre du groupe de se conformer aux normes de ce groupe pour être reconnu-e, et d'abandonner l'individualité qui est permise aux membres du groupe dominant. Cette interchangeabilité des personnes, cette désindividualisation, c'est justement la situation dont les femmes essaient de sortir. La négation de l'individu-e, bien qu'elle soit prônée par les différentialistes, est cependant une négation des différences : des différences individuelles.» (6).
Les personnes ne sont pas les oppressions qu'elles subissent ni les stigmatisations dont elles font l'objet, mais ce qu'elles font face à ces oppressions et à ces stigmatisations. Il ne s'agit pas de nier l'existence de la catégorisation identitaire mais de visibiliser les différences individuelles pour démontrer, que chaque personne est unique et inaliénable.
C'est au travers de l'exercice du libre-arbitre que s'exprime la liberté potentielle de chaque individu-e, qui peut choisir de s'associer à d'autres (qui ne sont pas forcément assigné-e-s à la même catégorie identitaire) pour combattre la domination et/ou qui peut également les combattre par des actes individuels.
Comme le racisme, le sexisme nécessite une analyse et une lutte spécifiques. Mais pour être cohérentes, les luttes contre le patriarcat et le racisme ne doivent pas être étrangères à la lutte contre le capitalisme. Ces différents systèmes de domination sont intimement liés, du point de vue historique et idéologique, ainsi que par leurs interactions concrètes dans la réalité présente. Ne pas prendre cela en considération est insensé et inutile, à moins de se satisfaire d'une égalité abstraite entre des catégories identitaires.
La théorie queer s'inscrit dans la lignée des discours à la mode qui, de Sarkosy aux Indigènes de la République, célèbrent la « diversité » et les revendications identitaires au détriment de la lutte pour l'égalité. En théorie, comme dans les faits, cette célébration de la « diversité » n'est pas incompatible avec le concept nauséabond d'identité nationale parce qu'ils sont tous les deux fondés sur une vision essentialiste de l'humanité, une vision qui nie les individualités, divise les opprimé-e-s et nourrit les haines absurdes. La focalisation sur la notion d'identité n'est pas seulement sans intérêt, elle est aussi toxique. Cette « valorisation de la diversité » permet de faire passer sous silence les inégalités économiques et de poursuivre la destruction déjà bien entamée de la conscience de classe des prolétaires. Les élites patronales et gouvernementales préfèrent avoir à faire à des communautés qui revendiquent leurs identités et demandent l'application de politiques de discrimination « positive », plutôt qu'à des prolétaires de toutes les couleurs et de tous les genres (qui se fichent pas mal de leurs couleurs et de leurs genres) uni-e-s dans la lutte pour l'égalité économique et sociale concrète et inconditionnelle, qui supprimerait les privilèges de ces mêmes élites. Car peut importe la composition des élites, le problème c'est quelles existent. (9)
Dans un chapitre intitulé « La cité des femmes mais sans les putes » de Queer Zone 1, on peut lire : « cultiver derechef l'homologie entre lesbiennes et femmes, gaies et hommes, construisant par là même les gaies [...] comme hétéro-patriarcaux ou des dominants masculins ».
De même, dans le n°7 de Bang Bang (journal queer) intitulé Le Miracle de l'hétérophobie on peut lire, parmi d'autres articles allant dans le même sens, A propos de queer et du SM où Déborha Dioactiv déclare « Les hétéros et les bis ne sont pas assez radicaux à mes yeux puisqu'en pratiquant une sexualité avec des personnes de sexe différent, ils-elles se rendent complices et collabos d'un système hétérosexiste qui m'opprime dans mon quotidien et sont donc des traîtres ». Selon la théorie queer, les hétérosexuel-le-s et les bisexuel-le-s seraient donc forcément des « hétérosexistes ».
Comme le confirme le chapitre sur les « gouines SM radicales » dans Queer Zone 1, pour être reconnu-e par ses adeptes comme non « hétérosexiste », il faudrait obligatoirement n'avoir des relations sexuelles qu'avec des personnes de « même sexe » et se conformer à une sexualité soumise à une certaine forme de morale plutôt que de prendre simplement en compte nos différents désirs. Cette position rejoint la fameuse déclaration de Monique Wittig: « Les lesbiennes ne sont pas des femmes ».
Or, un-e individu-e se révèle machiste par des comportements et des prises de positions qui justifient et reproduisent la domination masculine, et le machisme prend autant de formes que d'individu-e-s, de tous genres et de toutes sexualités, qui le défendent.
La théorie queer fait aussi l'apologie de la prostitution comme en témoigne l'article de «ProstituteGayBubblesBoys» et l'interview de Diamant18Carrats par Olga Zmick, dans Le Miracle de l'hétérophobie. Ses adeptes se déclarent «pro-sexe» pour légitimer la prostitution. Cette expression replacée dans son contexte est celle de l'aliénation aux lois de l'apparence et aux clichés construits par l'idéologie puritaine.
Or, si on aime «le sexe», on tient à ce qu'il soit libre, et non pas aliéné au capitalisme... à moins d'être dans une souffrance qui pousse à l'autodestruction ou d'être capitaliste... Pour ma part, je préfère définir ma position à propos de la sexualité par le terme «pro-désirs» en opposition au terme «pro-sexe», car le consentement peut être le fruit d'un choix par dépit, d'une contrainte acceptée, d'une servitude plus ou moins volontaire. Faire l'apologie de la prostitution n'a rien de subversif, bien au contraire. Car la prostitution est à la fois un moteur et un produit du patriarcat, du puritanisme et du capitalisme. Là encore, la théorie queer ne s'oppose en rien au système marchand et aux inégalités économiques et sociales qu'il produit.
La théorie queer se revendique post-féministe, le féminisme serait dépassé et les féministes qui n'adhèrent pas à la théorie queer seraient tou-te-s des « hétérosexistes » qui n'ont rien compris. Dans le chapitre intitulé « Le SM métaphore politique d'une sexualité radicale gouine et gaie » de Queer Zone 1, Marie-Hélène Bourcier explique cette position : « Non les femmes ne sont pas étrangères au pouvoir. Voilà qui replaçait au premier plan la question du pouvoir et de son exercice remettant en cause l'équation pouvoir = mâle et l'un des combats centraux du féminisme : l'égalité dans la relation. À l'utopie féministe rêvant un monde hors pouvoir, les gouines SM ont proposé une vision réaliste des relations intersubjectives». A lire Marie-Hélène Bourcier, on croirait presque que le monde entier doit aux « gouines SM » la découverte et la révélation du fait que les femmes ne sont pas étrangères au pouvoir. Comme si avant l'apparition des « gouines SM » il n'y avait jamais eu de reines, d'impératrices, de Margaret Thatcher, etc. ou comme si les féministes les avaient ignorées. L'égalité dans les relations serait donc une utopie irréaliste... Celleux qui ne veulent pas remettre en question le capitalisme disent en général que l'égalité économique et sociale est une utopie irréaliste, qu'il y aura toujours des riches et des pauvres, des dominant-e-s et des dominé-e-s, qu'on y pourra rien changer, et invoquent la fameuse « nature humaine »... Voilà comment les dogmes essentialistes invitent à la résignation et à la lâcheté.
C'est nous-même qui construisons nos relations, et qu'elles soient considérées comme « sexuelles » ou non, nous en sommes à la fois les scénaristes et les act-rice-eur-s.
Il est possible de créer des relations égalitaires.
Cela ne dépend que de nous, aucune entité n'est responsable à notre place des actes que nous posons individuellement et collectivement. Les relations de pouvoir ne sont pas « incontournables entre deux personnes ».
Elles sont le fruit d'une construction sociale et non la manifestation d'une essence prétendument humaine. La domination dans les relations inter-individuelles n'est pas une fatalité et sa seule issue n'est pas de se dominer chacun-e son tour.
Par ailleurs, il y a plusieurs courants dans le féminisme. Certains de ces courants s'opposent radicalement au point de rendre floue la définition du «féminisme». Il est plus facile de se déclarer féministe que de l'être réellement. C'est ce que font de nombreuses personnes et organisations qui considèrent néanmoins la lutte contre le patriarcat comme une lutte secondaire et prennent des positions incohérentes. Certaines d'entre elles se déclarent féministes pour étouffer les débats et brouiller les pistes. De même que certaines organisations d'extrême droite se déclarent anti-racistes pour mieux faire passer leurs discours xénophobes et identitaires.
Malheureusement, il est prématuré de parler de post-féminisme, alors que les personnes assignées à des catégories dites « féminines » sont encore victimes de tant de violences, de négation de leur humanité, de chosification, et d'injustices sociales et économiques. Alors, comme ces féministes qui ne sont pas « réalistes », je rêve donc je suis libre de créer, partager, résister et me battre pour tendre vers l'utopie.

Mélusine Ciredutemps

(1) Simone de Beauvoir - Le Deuxième Sexe (Tomes 1 et 2)
(2) Margaret Mead - Moeurs et sexualité en Océanie
(3)Catherine Vidal - Le cerveau a-t-il un sexe?
(4) Elena Gianini Belotti – Du côté des petites filles
(5) Jean-Paul Sartre - L'existentialisme
(6) Christine Delphy - L'Ennemi Principal Tome 2 : Penser le genre
(7) Guillaume Carnino - Pour en finir avec le sexisme
(8) Sheila Jeffreys – Débander la théorie queer
(9) Walter Benn Michaels – La diversité contre l'égalité

Cet article est en téléchargement libre et peut être imprimé, sous la forme d'une brochure, dans la rubrique "brochure" du site du Collectif Libertaire Anti-Sexiste.

http://coll.lib.antisexiste.free.fr/


-----------------------------------------------------------------------------------------------

Une première version de cet article a été publiée dans le Courant Alternatif de février 2008 (n°177) et est en ligne sur le site internet de l'Organisation Communiste Libertaire:

http://oclibertaire.free.fr/spip.php?article305

Nico37
pilier de bar
pilier de bar
Messages : 1063
Enregistré le : 16 mars 2011 23:08

Re: Préjugés, sexisme: combat permanent

Message par Nico37 » 27 mars 2013 1:35

FILMS ANTI-SEXISTES . DEBATS à l'Université des tanneurs Salle 031

vendredi 29 MARS à 18h VOLVER - Pedro Almodovar

Madrid et les quartiers effervescents de la classe ouvrière, où les immigrés des différentes provinces espagnoles partagent leurs rêves, leur vie et leur fortune avec une multitude d'ethnies étrangères. Au sein de cette trame sociale, trois générations de femmes survivent au vent, au feu, et même à la mort, grâce à leur bonté, à leur audace et à une vitalité sans limites.

Jeudi 04 avril à 18h LE SEL DE L A TERRE - Herber t J. Biberman

Dans une ville miniere du Nouveau Mexique, les mineurs d'origine mexicaine se mettent en greve. Ils veulent bénéficier des memes avantages que les travailleurs blancs. La participation des femmes, tout d'abord réprouvée par les hommes, s'avère vite efficace.

Jeudi 11 avril à 18h REGARDE ELLE A LES YEUX GRANDS OUVERTS - Yann Le Masson

De 1975 à 1982, l'expérience vécue par des femmes du MLAC (association féministe fondée en 1973 et luttant pour le droit à l'avortement et la contraception) d'Aix en Provence, inculpées et jugées pour avoir pratiqué elles-mêmes des avortements (procès du 10 mars 1977). Ces femmes militaient pour que l'accouchement et l'avortement soient contrôlés et voulus par les femmes elles-mêmes.

Front Radicalement Anti Sexiste - fras@riseup.net

Norma Bates

Re: Préjugés, sexisme: combat permanent

Message par Norma Bates » 28 mars 2013 8:48

MélusineCiredutemps a écrit :[...]Se dégenrer ce n'est pas passer d'un genre à l'autre, ni se situer entre les deux. Se dégenrer c'est détruire la catégorisation par le genre et non multiplier les catégories de genre. Définir comme une fin en soi le passage d'un genre à l'autre et affirmer qu'il suffit de cela pour dépasser le genre c'est admettre cette catégorisation comme une fatalité et l'entériner en s'y conformant. Par conséquent, on ne peut se dégenrer individuellement.
Une personne peut passer d'un genre à l'autre ou s'identifier comme étant entre les deux. Cela peut être important pour elle, et elle est la seule à pouvoir définir les conditions de son bien-être. Cependant, elle ne sera pas dégenrée tant qu'elle-même et la société identifieront ses caractéristiques comme féminines et/ou masculines, au lieu d'estimer qu'elles ne sont ni l'une ni l'autre, mais simplement les siennes, indépendamment de la forme de ses organes génitaux et de celle des personnes avec lesquelles elle a des relations sexuelles.[...]
Merci pour ta critique de la théorie queer, qui est vraiment très bien écrite et d'une intelligence rare!
Elle met en lumière, en quelques lignes, quelque-chose que j'essaie de dire depuis toujours, mais que je faisais difficilement (et beaucoup moins bien). Quand je lis des théories queer ou autres, qui perpétuellement emploient les mots femme/homme ou mettent tout un tas d'étiquettes à des préférences sexuelles ou physiques, ça sonne toujours faux.... on veut déconstruire quelque-chose de pesant et dominant en bâtissant de nouveaux murs.... Comme toi, je comprends qu'à un moment donné, quand on se sent mal dans un corps dit "de femme" ou d'"homme", on ait envie/besoin de se définir de l'autre sexe, et d'en passer par un changement de "genre", mais il faut ensuite pouvoir outre-passer ce stade et garder à l'esprit que nous ne sommes pas définit par ce que l'on a entre les jambes, ou ce qu'on aime entre les jambes de notre/nos partenaires sexuel/les, mais tellement plus que ça...
Au milieu de tous ces débats, combats de genre, qui veulent parfois n'imposer qu'une pensée unique, ta vision est vraiment apaisante.

MélusineCiredutemps a écrit :[...]Ça c’est putain de violent.

Cette surdité entretenue, cette indifférence, cette responsabilisation, cette normalisation de ce que je (et plein d’autres) vis(vent), c’est pire, tellement pire, qu’une surestimation de la violence prostitutionnelle.
Parce que bon, effectivement, assimiler de façon systématique le viol et la prostitution est peut-être un peu surestimé.
M’enfin, c’est quand même étrange que toutes les putes soient d’accord pour dire que l’important c’est que « ça dure le moins longtemps possible », ou encore qu’elles se réjouissent de l’existence de ces mythiques clients qui ne viendraient que pour parler.

Dernièrement, en faisant un tour sur le forum prostitution de Doctissimo (le haut du panier des forums comiques du net, ça vaut le coup d’oeil), une jeune fille a déclenché l’hilarité de plusieurs putes en exprimant clairement qu’en gros, elle voulait connaître toutes les combines possibles pour ne PAS baiser en se prostituant. « On en est toutes là », s’est elle vu répondre.

Oui c’est vrai, on en est toutes là.

Tout simplement parce que baiser par dû, c’est violent, pénible et écoeurant.[...]
(Source: http://melange-instable.blogspot.ca/)
Une note d'une grande finesse, vraiment instructive sur ce que peut ressentir au fond d'ellle/de lui, une personne qui se prostitue. Quand on n'est pas confronté directement à ce que subissent les personnes que vivent la prostitution jours après jours, on a des ressentis, des idées, parfois des à-priori sur cette question. J'ai souvent eu des discussions houleuses à ce sujet, en particulier avec des amis, qui refusaient ma vision violente de la prostitution, ces mêmes amis trouvant de bons arguments pour faire passer entre guillemets "la pilule" de cette violence. Non, j'imagine qu'on ne fait pas ça de gaité de coeur, et que oui, même si on se blinde et qu'on pense à autre chose pendant l'acte, le sentiment de rapport imposé revient forcément au galop tôt ou tard. Je me demande vraiment comment on peut oser remettre ce constat en cause. Et Salomé a bien raison de l'ouvrir là-dessus, sans avoir aucun scrupule; l'ouvrier/ère qui va trimer à l'usine chaque jour le fait par contrainte et pour manger et on ne le blâme pas de se plaindre de ces conditions de travail, idem pour les travailleurs/ses du sexe!
MélusineCiredutemps a écrit :Le Hors-série du Monde Libertaire de mars-avril 2013 sur l’éducation cache dans ses pages une perle du masculinisme français. Roger Dadoun, professeur émérite des universités et enseignant à Paris 7, nous gratifie d’une analyse crypto-freudienne du viol de DSK sur Nafissatou Diallo.

À grand renfort de théories fumeuses et de mots compréhensibles uniquement par des bac+12, il remet en cause le viol commis par DSK. Ses idées sont claires ; non seulement le viol n’en était pas un, c’était seulement une « frasque libidinale », mais il met en scène cet acte d’horreur avec des mots crus dignes d’un film pornographique. Sans rien envier à Éric Zemmour ou Alain Soral, il explique et justifie le viol par une soi-disant féminisation de la société et des hommes (qu’il nomme « hystérisation »). Les hommes vivraient des « hystères » ou moment d’hystérie qu’ils ne semblent pas pouvoir contrôler… [...]
Source: http://coutoentrelesdents.over-blog.net ... 92749.html
Affligeant.

MélusineCiredutemps
touriste
touriste
Messages : 36
Enregistré le : 01 oct. 2012 21:58

Re: Préjugés, sexisme: combat permanent

Message par MélusineCiredutemps » 29 mars 2013 9:34

Merci Norma Bates ! Je suis bien contente de voir que nous sommes sur la même longueur d'onde.

Avatar du membre
Bibo
squatteur/euse
squatteur/euse
Messages : 496
Enregistré le : 16 mars 2005 19:07

Re: Préjugés, sexisme: combat permanent

Message par Bibo » 29 mars 2013 11:47

Je vous engage à lire le texte original qui fait polémique :

- d'une part pour savoir de quoi parle ce texte, à savoir un regard psy sur cette histoire, et non un regard judiciaire
- d'autre part parce que le texte critique que vous citez laisse supposer, par ses guillemets, qu'il s'agit de citations, or, ces phrases n'existes pas dans le texte original. La manipulation est donc assez peu honnête. Voire très problématique.
- ensuite, parce que des raccourcis sont faits, des digressions, des rapprochements, alors que le texte original ne parle pas de ça du tout. Là encore, c'est problématique.
- enfin,parce que là où ce texte a été publié, les commentaires critiquant la critique et montrant en quoi cette critique est malhonnête sur le fond comme sur la forme sont purement et simplement censurés. Venant d'un milieu qui revendique une critique des medias et de leurs méthodes, c'est l'hôpital qui se fout de la charité; quand ce même milieu prétend donner des leçons d'anti-sexisme alors que celui-ci est actuellement en proie à des affaires de viol, il y a de quoi halluciner encore davantage.

Pour terminer là-dessus (en ce qui me concerne) :
- une réponse critique au texte original sera publiée dans le prochain hors-série. Cette critique se basera sur ce qu'on peut VRAIMENT reprocher à ce texte, et pas sur autre chose, et sans complaisance. A mon sens, si ce texte est critiquable, il est très contre-productif de vouloir projeter dedans des choses qui n'y sont pas.
- on verra alors si les sites, blogs et forum qui ont relayé cette polémique auront le courage et l'honnêteté de publier cette réponse.

Les personnes qui veulent davantage d'éléments de réponse et qui ne se contentent pas de foncer tête baissée dans le tissu de calomnies agité devant eux peuvent me contacter en mp. Je répondrai à leurs questions.
« Enfer chrétien, du feu. Enfer païen, du feu. Enfer mahométan, du feu. Enfer hindou, des flammes. A en croire les religions, Dieu est né rôtisseur. »
Victor Hugo

Norma Bates

Re: Préjugés, sexisme: combat permanent

Message par Norma Bates » 29 mars 2013 17:19

Bibo: Tu engages à lire le texte original, c'est sympa, mais c'est déjà fait... A moins que tu nous crois assez idiot-es pour critiquer un texte qu'on n'a pas lu?

Le texte est trouvable sur la toile, ici par exemple.
Et je pense que tu t'offusques un peu trop alors que le texte original est purement et simplement gerbant, et que c'est notre droit le plus total d'en penser ce qu'on en pense. Pour ma part, quand j'ai écrit "affligeant" après le post de MélusineCiredutemps, je parlais du texte original justement.
Tu as raison pour l'histoire des guillemets présents dans la critique publiée sur le blog coutoentrelesdents (mais issue d'un article d'Indymedia à la base). En effet, quelques guillemets citent des phrases qui ne sont pas dans le texte de R.Dadoun, mais qui reprennent quasiment ses dires (en plus simplifié). Je te l'accorde, ce n'est pas forcément réglo dans la forme, mais ça ne change en rien le contenu à vomir du texte du psychanalyste. Des exemples?
Il s’agit vraiment de si peu de chose – de cette chose qu’on nomme « la chose”. Rien n’est plus simple, plus concret et plus précis que ce qui s’est passé dans la chambre 2806 de l’Hôtel Sofitel de New York : “la chose” est un acte de fellation accompli vite fait entre un client, DSK, et une femme de chambre, Mme Diallo.
C'est si peu de choses après tout, se faire imposer une pipe par le DG du FMI. Qu'est-ce qu'elle vient foutre à pleurer, franchement? :batte:
La chambre 2806 a livré des traces d’ADN de plusieurs personnes différentes. Un Hôtel est un lieu où l’on ne fait que passer : c’est le royaume, tous sens confondus, de la “passe”, ici exactement nommée (à distinguer, donc, de la “passe” lacanienne didactique). Faut-il rappeler qu’à l’échelle de la planète, ce sont des torrents de sperme et autres sécrétions que l’hôtellerie envoie dans bidets, lavabos et laveries ? Qu’un certain personnel, féminin et masculin, en contact charnel constant indirect avec le client, ait quelque chose à y voir, et plus qu’y voir, il ne saurait en aller autrement.

Tiens donc, on pourrait même imaginer que N. Diallo soit malencontreusement tombée le nez sur un kleenex couvert des sécrétions de DSK. Puisqu'elle est en contact permanent avec le sperme de tous les clients de l'hôtel, c'est son taf après tout.... Quant au foireux jeu de mot sur "passe"... :mur:
L’acte de fellation chambre 2806 associe deux personnes. L’accent a été mis, quasi unanimement, sur leur statut social : un homme, parmi les puissants du jour, riche, quasi “invulnérable” et s’appréciant tel, se voit confronté à une “faible” femme, peut-être illettrée, taillable et corvéable à merci.
....ça se passe de commentaires... :batte:
Caractérologiquement parlant, DSK n’aurait pas eu besoin d’en venir aux mains (comme le prétend l’accusation d’“agression sexuelle” – l’unique délit dont il eut à répondre) pour obtenir de Mme Diallo un consentement qui correspondrait plutôt à une forme quasi socioprofessionnelle de soumission (spontanée ou commanditée ?). Il suffit en effet d’un moment de surprise, éruptif, pressant, quasi mécanique, pour qu’un passage à l’acte, un acting out advienne. Le client aurait-il eu recours, par delà la dimension caractérielle, à une agression caractérisée – Mme Diallo aurait été, croyons-nous, en mesure d’y résister et de la repousser par sa seule et opaque présence physique (a-t-on évalué son poids ?) : femme forte et placide habituée aux travaux de force (à quelle heure a-t-elle pris son service ?), face à un homme massif certes (quel poids ?), qu’encombrent et son propre poids et sa nudité.
Une femme qui ne parvient pas à se défendre n'est donc pas forcée, ni agressée. Quant aux termes pour décrire cette femme, ça mériterait un sacré coup de pied au cul.
[...]l’“affaire” du Sofitel ne tient donc, insistons-y, qu’à un fil, qu’à un unique point de capiton : le simple et fugitif hystère de l’homme DSK, c’est-à-dire un accès de brusque frasque libidinale qui s’empare du sujet et s’engouffre dans la voie fantasmée d’une gratification inattendue, immédiate et rapide, qui prend soudain corps, et qui aurait pu (qui aurait dû – une simple petite semonce de conscience suffisait), à peine profilée, s’évanouir.
La soumission à une pipe imposée devient "brusque frasque libidinale", un moment d’égarement qu'on aurait tous pu commettre finalement, soyons indulgents.... :2gunfire:

bub
pilier de bar
pilier de bar
Messages : 1108
Enregistré le : 08 mars 2005 10:25

Re: Préjugés, sexisme: combat permanent

Message par bub » 30 mars 2013 16:17

aoutch ! que de long textes ! très intéressants et pourtant il y a beaucoup de points discutables, où ce forum n'est probablement pas l'endroit le plus adéquat pour les aborder.

Par exemple, la théorie queer apporte une réflexion vraiment constructive sur le représentation et le paraître (quelles sont les vêtements que tu as porté aujourd'hui ? Quelle était ta démarche politique pour les choisir ? ...? Tout est politique, non ? ).
C'est très bien de théoriser sur genre, culture, nature, mais pratiquement : tu multiplies la communication ? tu édites des brochures longues qui seront lues par deux-trois spécialistes déjà convaincu-es ? A partir du moment ou tu essayes d'introduire une pratique dans la société actuelle (patriarcale, sexiste, capitaliste etc...), tu t'exposes à des critiques radicales théoriques.
En soi, ces critiques sont normales et même saines, mais ça demande aussi une auto critique lucide qui je trouve manque un peu. Une critique de la critique !
Mais bon, c'est parce que j'aime bien les queer zones de mh bourcier qui propose une démarche plus accessible que les bouquins de j butler. (non cité dans l'article, et pourtant quasiment tous les canons de la doctrine féministe ont été couvert dans la biblio, signe de la crédibilité de l'article, de sa légitimité, de son "pouvoir".)

Au plaisir d'en discuter dans d'autres endroits !

MélusineCiredutemps
touriste
touriste
Messages : 36
Enregistré le : 01 oct. 2012 21:58

Re: Préjugés, sexisme: combat permanent

Message par MélusineCiredutemps » 31 mars 2013 9:37

Contrairement à la féministe radicale Sheila Jeffreys (auteur de Débander la théorie queer) je ne suis pas une "spécialiste", mais juste une militante féministe et libertaire qui s'est efforcée de lire des bouquins et des brochures profondément anti-féministes pour se donner les moyens de penser par elle-même plutôt que de s'en tenir aux discours de cellleux qui en font l'apologie. Et ensuite être capable de critiquer cette théorie fondée sur un discours manipulatoire qui mise beaucoup sur l'ignorance à l'égard du féminisme et sur la superficialité de son auditoire pour répandre une idéologie toxique et finalement très comparable, en bien des points, aux discours des zémours et autres élisabeth badinter. La théorie queer n'a rien de féministe pour qui sait faire la distinction entre l'éthique et l'étiquette. Certes, elle reprend les constats relatifs à la problématique de genre qui ont été établis, bien longtemps avant son apparition, par de véritables féministes (dont Simone de Beauvoir, Elenna Gianini-Belotti et Margaret Mead), en se les appropriant d'une façon particulièrement malhonnête (proche du plagia). Mais elle instrumentalise ces constats pour défendre un projet de société qui s'oppose totalement à celui du féminisme. Le plus important n'est pas de savoir en quoi il faudrait croire. L'important est de savoir ce que l'on veut. Les gourous et adeptes de la théorie queer veulent tout autre chose que les féministes...
Après avoir lu quelques citations nauséabondes de Judith Butler, je n'ai pas jugé utile de la citer dans mon article, déjà relativement long (comme bub le fait remarquer), car je n'ai pas vu de différence notable entre son discours et celui de Marie-Hélène Bourcier, mis à part une différence de style (celui de M-H Bourcier étant plutôt vulgaire, celui de J. Butler plutôt hermétique).
Mais, même si je doute fortement que cela arrive, je serai ravie de lire, une citation de J. Butler qui me convaincrait qu'elle n'est pas favorable à la chosification des êtres, à leur enfermement dans des catégories identitaires pré-établies par sa secte, à la banalisation/minimisation de certaines formes de viol et à l'acceptation de la domination.

MélusineCiredutemps
touriste
touriste
Messages : 36
Enregistré le : 01 oct. 2012 21:58

Re: Préjugés, sexisme: combat permanent

Message par MélusineCiredutemps » 31 mars 2013 9:48

bub a écrit :quelles sont les vêtements que tu as porté aujourd'hui ? Quelle était ta démarche politique pour les choisir ? ...? Tout est politique, non ? ).
Oui oui, sauf que comme tout le monde je suis à poil sous mes vêtements.
Et comme j'estime que le choix des vêtements est une chose superficielle qui, comme toutes les choses superficielles peut être une source de plaisir tant qu'on ne lui donne pas une importance démesurée, je les choisi en fonction de mes capacités budgétaires et de mes préférences en matière de confort et d'esthétique. Mais si ça te chante tu peux qualifier ça de "démarche politique".

Avatar du membre
Alcibiade
fait partie du décor
fait partie du décor
Messages : 1318
Enregistré le : 17 mai 2005 22:53

Re: Préjugés, sexisme: combat permanent

Message par Alcibiade » 31 mars 2013 9:58

je suis en accord avec énormément de choses que tu écris, mais pas sur ce rejet en bloc de "la théorie queer", comme je l'ai écrit dans un post passé inaperçu sur ce sujet (je vais pas répetter ce que j'y ai écrit).
Certaines personnes aux idées nauséabondes se font passer pour les théoriciens ultime du queer, on est d'accord, et cette mouvance ayant le vent en poupe colporte son lot de supercherie au mieux et d'idées dangereuses au pire. Il en va par exemple de même avec certaines branches du combat pour le droit des animaux qui voit se côtoyer le pire et le meilleur.
De la à écrire que queer=secte, ou que ce courant d'idée banalise le viol, ou même qu'il enferme les êtres dans des catégories identitaires (ce qui est pour moi l'inverse du queer), c'est un peu azébu.

Répondre

Qui est en ligne

Utilisateurs parcourant ce forum : Aucun utilisateur enregistré et 12 invités