Re: Préjugés, sexisme: combat permanent
Posté : 18 févr. 2018 8:46
Bon, je vais essayer de te répondre sans dire trop de conneries...
D'abord, si j'ai mis ce texte -retrouvé totalement par hasard, j'en avais oublié l'existence même- ici, c'est pas tant pour la partie coup de boule finale, que pour les réflexions sur le fait "d'appartenir à l'espèce dominante".
Ces interrogations personnelles sont toujours délicates à partager, sans que ça passe pour de la frime "pro-féministe" opportune. J'avais d'ailleurs écrit une intro assez claire sur la question dans le Chéribibi n°5 quand j'ai commencé ma série de dossiers ciné "Délivrez-nous du mâle" sur la place des femmes et des formes de la "violence féminine/autodéfense féministe" dans le cinéma populaire, sujet qui m'intéresse au plus haut point (après le kung-fu, le rape & revenge et les "films de prison de femmes" japonais, je prépare d'autres futurs chapitres sur le western, le chambara, les films de pirate et de "délinquence juvénile"... autant dire qu'on en a pour des années !).
Bref, pour en revenir à cette soirée, ma réaction violente fut spontanée, tout sauf réfléchie (apparemment, il avait d'autres amis dans la rame et si cela ne s'était pas passé en quelques secondes -entre le coup de boule et mes pas de côté hors de la rame- peut-être que le final aurait été nettement plus problématique pour moi.
Donc là n'est pas l'essentiel, mais il ne faut pas oublier qu'il était visiblement parti pour la suivre sur le quai. Donc qui sait ? Des fois oui, la pédagogie c'est bien, même quand c'est difficile. Et puis des fois, il s'agit juste de mettre hors d'état de nuire une menace pour soi ou autrui.
Je suis tout à fait partisan de tenter de faire réfléchir les cons, de planter une petite graine de contre-discours, même si c'est tout sauf gagné d'avance, comme disait Jello Biafra dans l'ChériBibi n°9. Et puis des fois on y arrive pas. À dire "Écoute mec, c'est complètement con ton comportement".
Une fois, il y a longtemps, j'avais sympathisé avec un SDF qui perchait à Place d'Italie sous les arcades de l'Araphao (ancienne salle de concert sur le côté du centre commercial Italie 2). Un jour que je passais le voir, une poignée d'ados coinçait une jeune femme en mode drague très très trés lourde. N'étant pas en mesure de jouer le chevalier blanc sous-numéraire, je les avait apostrophé à la cool, en mode "Franchement les gars, c'est pas en vous y prenant comme ça que vous allez draguer des meufs". Ça les avait déconcerté suffisamment pour que la minette se carapate. J'étais pas dans l'agression face à la leur, mais dans un simulacre de complicité mâle. Bon, ça avait marché, mais m'avait bien sûr laissé un goût amer.
Pour revenir à l'histoire du métro, j'étais pas du tout dans le même mood "cool" ni "men sana in corpore sano". Mais à l'époque en pleine dépression -j'allais quelques temps plus tard commencer un traitement d'un an aux antidépresseurs- donc ça me rendait ni très bavard, ni très conciliant. Je n'aime pas le recours à la violence physique comme preuve d'une impuissance, et paradoxalement ça ne m'a jamais fait peur -d'y recourir quand les mots ne suffisent pas à combler les maux. Et je ne pense pas avoir la réputation de quelqu'un de violent, ni forcément d'ailleurs les moyens physiques / le gabarit qui feraient de l'usage de la violence une solution de facilité.
Mais là encore, le final contondant n'est pas le propos central du texte je pense. C'est plutôt cette "complicité supposée entre mâles", évidente pour ce connard... Moins pour moi. J'aurais pu aussi intervenir plus tôt, lui dire de la laisser tranquille. Pourquoi ne l'ai-je pas fait ? Cette femme ne saura jamais que quelqu'un est intervenu en sa faveur... bien trop tard pour lui retirer ce sentiment de peur qui lui a fait quitter le métro visiblement plus tôt que prévu.
C'est pour cela que je n'y vois rien de chevaleresque et que ce n'est pas le propos central du texte (bis repetita). Il n'y a pas eu de satisfaction personnelle, juste de la colère qui est resté collée assez longtemps pour que, rentré à la casbah, je fasse part de mon dégoût à travers un texte.
Et ce tocard n'en a sûrement rien retenu, tu as raison. C'est en ça que ce texte est toujours actuel, me semble-t-il.
La libération de la parole des femmes qui a lieu en ce moment changera-t-elle le comportement des cons ? J'en doute. Mais si elle change celui des victimes, emprisonnées par une honte injuste et des non-dit dévastateurs, ce sera déjà un grand bond en avant. Et si quelques hommes se remettent en question, comme certains l'ont fait et continuent à la faire, tant mieux.
La banalisation de l'injustice est la pire des choses. Pour combattre l'injustice, il s'agit de commencer à la considérer comme anormale. Or on vit dans une société où elle est la norme, que ce soit envers les femmes, les chômeurs, les SDF, etc. Alors les chômeuses SDF, hein...
D'abord, si j'ai mis ce texte -retrouvé totalement par hasard, j'en avais oublié l'existence même- ici, c'est pas tant pour la partie coup de boule finale, que pour les réflexions sur le fait "d'appartenir à l'espèce dominante".
Ces interrogations personnelles sont toujours délicates à partager, sans que ça passe pour de la frime "pro-féministe" opportune. J'avais d'ailleurs écrit une intro assez claire sur la question dans le Chéribibi n°5 quand j'ai commencé ma série de dossiers ciné "Délivrez-nous du mâle" sur la place des femmes et des formes de la "violence féminine/autodéfense féministe" dans le cinéma populaire, sujet qui m'intéresse au plus haut point (après le kung-fu, le rape & revenge et les "films de prison de femmes" japonais, je prépare d'autres futurs chapitres sur le western, le chambara, les films de pirate et de "délinquence juvénile"... autant dire qu'on en a pour des années !).
Bref, pour en revenir à cette soirée, ma réaction violente fut spontanée, tout sauf réfléchie (apparemment, il avait d'autres amis dans la rame et si cela ne s'était pas passé en quelques secondes -entre le coup de boule et mes pas de côté hors de la rame- peut-être que le final aurait été nettement plus problématique pour moi.
Donc là n'est pas l'essentiel, mais il ne faut pas oublier qu'il était visiblement parti pour la suivre sur le quai. Donc qui sait ? Des fois oui, la pédagogie c'est bien, même quand c'est difficile. Et puis des fois, il s'agit juste de mettre hors d'état de nuire une menace pour soi ou autrui.
Je suis tout à fait partisan de tenter de faire réfléchir les cons, de planter une petite graine de contre-discours, même si c'est tout sauf gagné d'avance, comme disait Jello Biafra dans l'ChériBibi n°9. Et puis des fois on y arrive pas. À dire "Écoute mec, c'est complètement con ton comportement".
Une fois, il y a longtemps, j'avais sympathisé avec un SDF qui perchait à Place d'Italie sous les arcades de l'Araphao (ancienne salle de concert sur le côté du centre commercial Italie 2). Un jour que je passais le voir, une poignée d'ados coinçait une jeune femme en mode drague très très trés lourde. N'étant pas en mesure de jouer le chevalier blanc sous-numéraire, je les avait apostrophé à la cool, en mode "Franchement les gars, c'est pas en vous y prenant comme ça que vous allez draguer des meufs". Ça les avait déconcerté suffisamment pour que la minette se carapate. J'étais pas dans l'agression face à la leur, mais dans un simulacre de complicité mâle. Bon, ça avait marché, mais m'avait bien sûr laissé un goût amer.
Pour revenir à l'histoire du métro, j'étais pas du tout dans le même mood "cool" ni "men sana in corpore sano". Mais à l'époque en pleine dépression -j'allais quelques temps plus tard commencer un traitement d'un an aux antidépresseurs- donc ça me rendait ni très bavard, ni très conciliant. Je n'aime pas le recours à la violence physique comme preuve d'une impuissance, et paradoxalement ça ne m'a jamais fait peur -d'y recourir quand les mots ne suffisent pas à combler les maux. Et je ne pense pas avoir la réputation de quelqu'un de violent, ni forcément d'ailleurs les moyens physiques / le gabarit qui feraient de l'usage de la violence une solution de facilité.
Mais là encore, le final contondant n'est pas le propos central du texte je pense. C'est plutôt cette "complicité supposée entre mâles", évidente pour ce connard... Moins pour moi. J'aurais pu aussi intervenir plus tôt, lui dire de la laisser tranquille. Pourquoi ne l'ai-je pas fait ? Cette femme ne saura jamais que quelqu'un est intervenu en sa faveur... bien trop tard pour lui retirer ce sentiment de peur qui lui a fait quitter le métro visiblement plus tôt que prévu.
C'est pour cela que je n'y vois rien de chevaleresque et que ce n'est pas le propos central du texte (bis repetita). Il n'y a pas eu de satisfaction personnelle, juste de la colère qui est resté collée assez longtemps pour que, rentré à la casbah, je fasse part de mon dégoût à travers un texte.
Et ce tocard n'en a sûrement rien retenu, tu as raison. C'est en ça que ce texte est toujours actuel, me semble-t-il.
La libération de la parole des femmes qui a lieu en ce moment changera-t-elle le comportement des cons ? J'en doute. Mais si elle change celui des victimes, emprisonnées par une honte injuste et des non-dit dévastateurs, ce sera déjà un grand bond en avant. Et si quelques hommes se remettent en question, comme certains l'ont fait et continuent à la faire, tant mieux.
La banalisation de l'injustice est la pire des choses. Pour combattre l'injustice, il s'agit de commencer à la considérer comme anormale. Or on vit dans une société où elle est la norme, que ce soit envers les femmes, les chômeurs, les SDF, etc. Alors les chômeuses SDF, hein...