Depuis plus de 7 ans, je suis en couple avec M. On n'est pas parfaits, on a nos problèmes, nos boulets, on est comme tout le monde construits avec plein de malfaçons diverses... Mais s'il y a bien un défaut qu'il n'a pas, c'est d'être un connard de macho. Jamais ce garçon ne m'a forcé à faire quoi que ce soit que je ne désirais pas, jamais il n'a cessé d'être à l'écoute, toujours il a respecté mes limites, jamais il n'a été possessif ou quoi que ce soit... On a déjà eu des désaccords, des discussions, sur des sujets inhérents au sexisme, et je ne me suis jamais heurtée à un mur de mauvaise foi patriarcale, j'ai toujours eu en face de moi quelqu'un d'intelligent et à l'écoute. Bref, un gars loin, très loin, de l'image d'un macho dominant oppresseur...
Je me sens un peu conne de devoir parler ainsi, et agacée aussi, mais la situation est devenue tellement invraisemblable que je ne peux pas laisser des inconnuEs ouvrir grand leurs bouches pour dire n'importe quoi sans m'inscrire en faux.
Les violences sexistes et sexuelles, comme la plupart des femmes, j'en ai fait les frais. Je ne m'étalerai pas sur mon passé, ce n'est pas l'objet de ce texte, mais les types sexistes, les machos, les connards violents et les agresseurs sexuels, je sais ce que c'est... Et avec M je n’ai jamais eu affaire à ça, au contraire… Et pourtant aujourd'hui, je suis horrifiée de constater que des gens qui ne le connaissent pas diffusent et relaient des condamnations lapidaires, en dressent un portrait de dangereux maniaque sexuel qui devrait se tenir éloigné de toute femme...
Je me rappelle très bien ce jour de merde de 2009, j'ai demandé à M. si ça allait, et où il m'a répondu « Non... Il se passe quelque chose de grave, on m'accuse de viol ». Si quelqu'un m'avait collé soudainement un coup de poing dans la gueule, j'aurais sans doute été moins éberluée. VIOL. VIOLEUR. Imaginez vous 5 minutes que ces mots si lourds désignent un de vos proches. VIOLEUR. VIOL.
Je ne vais pas revenir sur les événements qui ont suivi la publication de la brochure, M le fait très bien dans son texte. J’ajouterai simplement que quelques mois après que le scandale ait eclaté, j'ai commencé à recevoir, de temps en temps, des messages anonymes orduriers sur mon site, m'accusant d'avoir des relations avec un VIOLEUR, me demandant quel effet ça faisait de coucher avec un VIOLEUR. Je regrette de ne pas avoir gardé de traces, aujourd'hui cette glorieuse prose a disparu.
On a là un groupe de gens qui, pour s'imposer, n'hésite pas à user de mauvaise foi (le sexisme de l'affiche, les interprétations fantaisistes du texte de M...), de mensonges (Le collectif des Tanneries obligé de démentir de fausses affirmations d’exclusion proférées en son nom), et de pressions (des gens ont été emmerdés simplement pour être des potes de potes… Le témoignage de Txantxo se passe de commentaires...)… En tant que copine du condamné VIOLEUR, que dois-je comprendre de cette campagne ? Suis-je supposée être une complice ? Une traîtresse à la cause des femmes ? Une victime ?
Cette colère contre le patriarcat, contre l'oppression, je la comprends et la partage... Mais les réactions guidées par cette colère, si elle n'est pas assimilée, raisonnée, sont juste destructrices...
Après quatre pages de commentaires fantaisistes, de comparaison avec Bertrand Cantat (!), de profilages psychologiques, un diagnostic de pervers narcissique posé (!), quelqu'une sur un
forum dit :
« Quand j ai lu "combien de fois en 4 ans," je me suis vraiment demandée combien de femmes ayant une vie sexuelle hétéro n avaient effectivement pas vécu ce genre de situations... »
Je suis complètement d'accord ! Partant de ce constat de banalité, est-il pertinent de déchaîner tant de haine sur un seul gars et de l'ériger en bouc émissaire des plans culs alcoolisés foireux, des premières fois traumatisantes, des rapports mal vécus, et de la non communication entre deux personnes, en CRIMINEL ?
Est-ce que l'auteure de la brochure se sent soulagée ou vengée par ce qu'il se passe ?
Je m'interroge. Les seules personnes à qui tout ce merdier semble profiter sont ceux qui se forgent une belle image de militant irréprochable en hurlant hypocritement avec la meute... Et tout comme Alcibiade je sais de qui je parle.
Je vous laisse imaginer l'horreur psychologique de se trouver dans une telle situation, dans ce torrent de merde, quand le vernis du militantisme ne couvre plus la volonté de nuire ... Aujourd'hui, je me sens mieux grâce à tous les messages de soutien reçus de la part de filles et de gars consternéEs... J'aimerais toutefois que les gens qui s'empressent de condamner et de relayer des accusations aussi graves que VIOLEUR, réfléchissent un chouia aux conséquences et à la violence de tels procédés, que rien n'est anodin, qu'on ne peut pas jeter quelqu'un en pâture à la vindicte populaire sans éclaboussures ni dommages collatéraux... Tout cela est indélébile.
Pour terminer, je reste totalement perplexe devant le rôle de tabloïd joué par Indymédia dans cette affaire. La présomption d’innocence, c’est un principe bourgeois à éliminer ? La vocation d'Indymédia est-elle se se poser en juge et décider qui est un criminel ?