Communiqué du CLAS suite aux attentats

Le punk n'est pas qu'une musique ! Ici on discute de l'actualité, des manifs et des résistances en lien direct avec notre culture. "Make punk a threat again", ça vous dit encore quelque chose ?!
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MomoSurlalune
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Communiqué du CLAS suite aux attentats

Message par MomoSurlalune » 21 nov. 2015 23:48

http://clas.olympe.in/spip.php?article225

Vendredi 13 novembre, des terroristes de l’État Islamique ont assassiné 129 personnes à Paris et blessé 352 autres parce qu’elles avaient commis le "péché" d’écouter de la musique, de faire la fête, d’être vivantes. Après la sidération et la nausée, c’est de la révolte que nous éprouvons contre les individus qui ont détruit ces nombreuses vies.

Nous souhaitons aux rescapé-e-s et aux proches des victimes décédées de trouver du courage et de l’énergie pour reconstruire leurs existences.

Comme tous les intégristes religieux, les islamistes haïssent les femmes. Il ne s’agit pas d’une manifestation parmi d’autres de la haine morbide qu’ils éprouvent contre les personnes, les émotions, les expressions et toutes les manifestations de vie qui contredisent leur vision du monde, mais de son fondement même. Car de cette haine découle la volonté de réduire au statut d’objet, de détruire, d’annihiler tout ce qui pourrait exister hors d’un principe divin de domination masculine exclusive.

Daesh, dont la fortune est estimée à 2 200 milliards de dollars, a publiquement institutionnalisé les viols en série commis par ses membres contre des femmes et des petites filles Yazidies depuis août 2014, les réduisant à l’état d’esclaves sexuelles pour attirer de nouveaux candidats au djihad : le proxénétisme assumé comme outil de recrutement.

Les islamo-fascistes qui ont commis les attentats du 13 novembre ont entre autre pour objectif d’attaquer les quelques droits fondamentaux, souvent mal appliqués, que l’État français a cédé aux femmes au prix de longues luttes, vitales et existentielles. Ces luttes ne sont pas terminées, car si nos conditions de vie sont sans commune mesure avec celles des femmes qui survivent dans les territoires contrôlés par les milices et les armées islamistes, les violences et les discriminations faites aux femmes actuellement en France, avec la complicité de l’État et de ses institutions, sont encore massives. Mais ce n’est pas assez pour les terroristes de Daesh...

Cependant, tomber dans une haine et une violence en retour fondées sur la confusion et des amalgames entre les musulman-e-s modéré-e-s qui se positionnent en faveur de la laïcité et les prêcheurs obscurantistes dont le but est de convertir le monde entier, (par la manipulation, la force ou la terreur), serait nous abaisser à leur niveau.

Tant qu’elles ne commettent aucune violence, les personnes aliénées à la religion nous inspirent davantage de respect que les dieux auxquels elles se soumettent. L’islam n’a pas à être considéré ni traité comme une religion « à part » que ce soit pour alimenter une rhétorique raciste ou pour interdire le blasphème. Comme toutes les religions, l’islam doit être critiqué. Il faut également combattre l’amalgame qui empêche beaucoup de gens d’envisager qu’on puisse être d’origine, de culture ou de nationalité Africaine ou Orientale tout en étant athé-e, voir anti-théiste et ne pas avoir envie d’être qualifié-e de « musulman-e ».

L’extrême-droite occidentaliste (Front National, Bloc identitaire, Riposte « laïque », etc...) se nourrit de ces confusions qu’elle cultive pour répandre sa propagande raciste et antisémite. Pudiquement rebaptisé « anti-sioniste », voici une haine bien partagée avec l’extrême-droite orientaliste dont les organisations terroristes islamistes sont la branche armée.

Mais le point commun fondamental entre toutes les extrêmes-droites quelles que soient leurs inspirations culturelles et/ou religieuses est la défense de la suprématie masculine qui sert à justifier les violences extrêmes commises contre les femmes, les enfants et les homosexuel-le-s : mariages forcés, exécutions punitives, viols, crimes d’honneur, grossesses imposées, mutilations génitales, prostitution...

En dépit des prétentions affichées, l’État français participe lui aussi à la reproduction de ces violences patriarcales, en particulier envers les femmes, les enfants et les homosexuel-le-s demandeuses d’asile et sans-papiers qui fuient les persécutions et les lois patriarcales en vigueur dans leur pays d’origine (tels la charia ou le code de la famille de l’État algérien). Le fait est que les hommes bénéficient d’une plus grande marge de manœuvre, ne serait-ce que pour envisager l’exil.

Car ces personnes, femmes et enfants victimes de violences au sein de leur famille, de leur communauté, de leur pays, ne peuvent souvent même pas sérieusement envisager de s’échapper de leur village, voire du domicile du « chef de famille » où elles sont recluses.

Lorsqu’elles parviennent à s’enfuir, à leur arrivée en France au terme d’un chemin où elles meurent plus nombreuses que les hommes, risquant davantage le viol, ou la capture par des réseaux esclavagistes, les persécutions spécifiques subies par elles ne sont pas officiellement reconnues comme des raisons valables pour obtenir l’asile politique : elles sont criminalisées, soumises à des tests osseux, condamnées à des amendes, enfermées dans des camps de rétention, renvoyées à leurs bourreaux... Celles dont le titre de séjour dépend de leur situation maritale et qui subissent des violences conjugales sont piégées, condamnées à espérer qu’elles seront toujours en vie le jour où elles trouveront éventuellement une issue dans un système où tout est fait pour qu’elles rencontrent davantage d’obstacles et de portes closes que de mains tendues.

Les nations et leurs frontières servent à délimiter les territoires appartenant aux hommes, pour les hommes et par les hommes. La France ne fait pas exception à l’accord tacite et ancestral qui constitue l’un des piliers sur lesquels s’est construit le patriarcat.

L’escalade sécuritaire, avec sa multitude de dispositifs liberticides, ne nous protégera pas contre le terrorisme. Au contraire, elle vise en réalité, à donner les moyens à l’État de nous ficher et de nous surveiller davantage pour pouvoir nous interdire de manifester, de nous rassembler et d’organiser notre combat contre toutes les dominations.

Elle relève toujours du même virilisme cynique qui menace gravement nos libertés fondamentales, ces mêmes libertés que les islamistes rêvent d’anéantir.

Seule la constance des luttes, et particulièrement des luttes féministes, libertaires et émancipatrices, saura faire obstacle à cette escalade mortifère.

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Re: Communiqué du CLAS suite aux attentats

Message par Geekmou L » 22 nov. 2015 20:00

Un autre communiqué ;o)

Comment sortir du chaos ? Un appel à notre commune conscience humaine (article initialement paru dans la Tribune de Genève et d’autres journaux internationaux partenaires)

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Ici et là-bas

C’est effectivement la bonne question à se poser aujourd’hui. Notre monde va mal. La violence et la mort sont partout, jusqu’à dans nos rues, avec la peur et la suspicion. Ici et là-bas, le rejet de l’autre nous guette avec la crainte de la normalisation du racisme ou, pire, de la déshumanisation de nos « ennemis » (ou perçus comme tels).

Il faut commencer par rappeler un certain nombre de principes forts, immuables et non négociables. Notre humanité est une et chaque femme, chaque homme, chaque enfant, blanc, noir, asiatique, arabe, avec ou sans religion et/ou spiritualité a la même valeur, la même dignité et doit être considéré et traité de la même façon. On ne doit pas accepter, sous aucun prétexte, ou au nom d’une quelconque illusion d’optique, que notre vie, ici, a plus de valeur que la vie des autres, là-bas. C’est donc avec la même indignation que nous devons refuser la terreur, la torture, le meurtre, l’extrémisme et l’oppression. Ici et là-bas. C’est avec le même respect et la même empathie que nous devons accueillir les larmes des familles et comprendre la mort des victimes. Une communauté de destin, une égale valeur pour chacun. Ici et là-bas.

Pour autant nous devons tous, nous tous, du Nord au Sud, à l’Occident comme à l’Orient, refuser de nous penser en victimes. Victimes de l’autre, responsables de rien. Partout, malheureusement, on retrouve cette attitude un peu lâche, et très émotionnelle. « Ce n’est pas nous, cela n’a rien à voir avec l’islam ; c’est l’Occident le responsable… ils n’aiment pas l’islam et rejettent les musulmans. » Ces propos faisant écho à : « Ces musulmans nous colonisent, ils ne respectent pas nos valeurs, ils veulent nous convertir, refusent de s’intégrer et détestent nos libertés. » Dans ce nouveau monde de victimes, plus personne n’est donc responsable du chaos, justement. Si telle est la réalité, il n’y a donc plus d’espoir.

Nous avons besoin de citoyens, d’intellectuels, de politiques, de femmes et d’hommes, qui – de toutes les nationalités, toutes les appartenances et croyances – osent ensemble être constructivement autocritiques. Il s’agit d’étudier les raisons du chaos (religieuses et historiques, autant que politiques et économiques) et de prendre ses responsabilités dans la recherche de solutions concrètes. Nous avons tous une part de responsabilité, il faut oser dire que certains musulmans trahissent le message de l’islam, que les gouvernements corrompus et dictatoriaux du Sud sont indignes. Il faut avoir le courage de mettre en évidence nos contradictions en Occident quand il s’agit de défendre nos intérêts économiques au prix d’alliances inacceptables avec les pires des régimes. Nous avons besoin d’êtres humains responsables et courageux qui refusent le simplisme des lectures binaires, « eux contre nous », et développent une attitude fondée sur des valeurs universelles partagées avec lesquelles ils n’acceptent plus d’être, eux-mêmes, en contradiction. Un souci de cohérence. Ici et là-bas.

Mais les discours ne suffisent pas. Il faut travailler ensemble. Il faut un nouveau « Nous » : des femmes et des hommes déterminés et engagés qui, ensemble, brisent les cloisonnements et travaillent à des projets communs, ici et là-bas. La défense de la citoyenneté égalitaire et commune ; la protection des immigrés, des réfugiés et de leur dignité ; la promotion de l’environnement, la résistance aux politiques sécuritaires qui fracturent nos cohésions nationales et qui ont des conséquences liberticides. Plus fondamentalement, il faut lutter ensemble, et pratiquement, contre le climat ambiant de peur et de suspicion. Là commence le chaos. Oser la confiance, commencer le dialogue et être déterminé à faire avec notre semblable plutôt que d’observer et de blâmer cet autre, différent, qui nous paralyse. Notre semblable, ici et là-bas, nous appelle à notre humanité. Cela commence en chacun de nous : mettre de l’ordre dans le chaos qui colonise nos esprits, refuser que l’émotion nous aveugle et ouvrir nos cœurs. Ici et là-bas.

Tariq Ramadan
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Re: Communiqué du CLAS suite aux attentats

Message par Geekmou L » 03 déc. 2015 11:13

Une vidéo très instructive d'un prof... et imam. Surtout pour la réaction de la journaliste que Bajrafil commente très justement...

https://www.facebook.com/musulmanesyisl ... 665113337/

Désolé pou la source du lien, j'ai pas trouvé cette vidéo ailleurs ou alors sur des sites "communautaires".

Un portrait de Bajrafil :

http://tempsreel.nouvelobs.com/attentat ... rrain.html
instaurare omnia in Christo

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