Psychiatrie, anarchisme, etc....

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M. 'Ours
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Message par M. 'Ours » 10 juil. 2007 17:40

salut
d'ailleurs je me pose la question: est-ce qu'on fait toujours des traitements avec les électrodes???
Comme l'ont rappelés TepeyaK, Tiriwurst et Norma Bates, oui les électrochocs sont encore pratiqués en France. On appelle ça la sismothérapie ( ou électroconvulsothérapie), l'article de Wikipedia est vraiment pas mal sur le sujet, complet et à jour: http://fr.wikipedia.org/wiki/Sismoth%C3%A9rapie.
Heu, il faut peut-être dédramatiser l'ECT: c'est pratiqué sous anesthésie générale, par des neurologues (ou des radiologues), ça a montré une réelle efficacité là où les autres thérapeutiques échouaient, ce n'est normalement utilisé que lorsque c'est absolument nécessaire ( le plus souvent la mélancolie délirante). Mais ça reste un traitement très "lourd".
j'ai rencontré des types qui avant d'être malades étaient de pauvres gens, des pauvres, que les difficultés de la vie ont fait échouer là. C'est avant tout une sorte de prison pour pauvres. C'est pas des malades congénitaux pour la majorité.
C'est exactement ça, les gens d'un niveau social confortable qui pètent les plombs, partent en vacances au bout du monde, ou vont dans de luxurieuses maisons de repos.
Ouais, le niveau socio-économique joue à fond, avec des endroits vraiment vraiment limites, et ya de bons gros connards qui abusent de gens plus faibles, mais les cons, c'et pas spécifique à la psychiatrie, c'est le même problème avec les maisons de retraite, où des personnes agées sont traités comme des chiens (vols, brimades, absence de soins, etc)

A propos du concept de normalité, le concept qui prédomine pour la nécessité de soins, c'est "l'altération du fontionnement familial, social et professionnel", c'est à dire la rupture/l'incapacité par rapport à son propre état antérieur, et pas vraiment par rapport à une norme sociale...

Enfin, il est normal d'être dérangé par la visite d'un HP (même un tout beau, tout neuf), c'est un endroit où on soigne des gens que l'on peut pas soigner à l'extérieur, qui ont des traitements, dont les maladies nous interpellent...c'est à mon avis tout aussi dérangeant de visiter un service de cancéro...

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Message par luxpo » 10 juil. 2007 19:29

M. 'Ours a écrit :
j'ai rencontré des types qui avant d'être malades étaient de pauvres gens, des pauvres, que les difficultés de la vie ont fait échouer là. C'est avant tout une sorte de prison pour pauvres. C'est pas des malades congénitaux pour la majorité.
C'est exactement ça, les gens d'un niveau social confortable qui pètent les plombs, partent en vacances au bout du monde, ou vont dans de luxurieuses maisons de repos.
Ouais, le niveau socio-économique joue à fond, avec des endroits vraiment vraiment limites, et ya de bons gros connards qui abusent de gens plus faibles, mais les cons, c'et pas spécifique à la psychiatrie, c'est le même problème avec les maisons de retraite, où des personnes agées sont traités comme des chiens (vols, brimades, absence de soins, etc)
Là c'était moins la psychiatrie en elle-même qui était mise en cause que la façon dont la société capitaliste (dans des pays dits "développés") gère une précarité et une paupérisation croissantes, et le cortège d'aliénations qui les accompagne.

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Message par Tiriwurst » 13 juil. 2007 16:42

Le problème c'est de savoir comment considérer la psychiatrie : une thérapie au service d'un individu ou ou formidable outils de contrôle psychosocial.

Mais la psychiatrie porte-elle en elle même son rôle sociétale ?
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Message par Norma Bates » 13 juil. 2007 17:25

Tiriwurst a écrit :Le problème c'est de savoir comment considérer la psychiatrie : une thérapie au service d'un individu ou ou formidable outils de contrôle psychosocial?
Les deux mon capitaine, ou plutôt ta seconde idée découle de la première. Un individu jugé mentalement malade, névrosé ou dépressif, est considéré par la communauté comme étant un poids pour lui-même et les autres, sa famille, son entourage. On croit bon alors être du "devoir" de la psychiatrie de le soigner. Pour que la société l'accepte mieux, l'individu doit "être" mieux. En redevenant un individu "sain" mentalement, tout le monde sera content. Donc, dans l'idéal, elle serait une thérapie au service de l'individu, dans le sens ou celui-ci est jugé à un moment ou à un autre, déviant de ce que l'on croit être l'état "normal" d'une relative bonne santé mentale. Mais l'application de la théorie est elle clairement une volonté de contrôler le psychisme, puisqu'en voulant le soigner, on force l'individu à penser et à agir autrement. C'est donc dans les faits, basé sur la contrainte; l'ordre établi d'une soi-disant "saine vie psychique" étant le modèle à respecter, on fait pression sur l'environnement psychosocial du "malade" pour le transformer, et qu'il corresponde à une normalité créée par des concepts de conditionnements sociaux. Du moins, c'est l'idée que je m'en fais.


Et sur ce, je m'accorde une bière. :-P

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Message par Tiriwurst » 13 juil. 2007 17:56

Je ne suis pas tout à fait d'accord... Je me demande si la psychiatrie est nécessairement liée à l'idée de contrôle social, et plus encore, si elle est forcément aux ordres.
Quand je parlais de thérapie au service d'un individu c'est dans une vision idéale : on aide une personne à s'assumer, à s'épanouir, par rapport à ses propres envies et non pas en fonction d'un code moral ou social dans la limite de la dangerosité de l'individu (mais c'est une autre question, et pas forcément psychiatrique, de savoir comment une société gère une personne dangereuse pour autrui...).

Bon dans la pratique c'est assez rare... Mais parlons théorie justement !
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Message par Norma Bates » 13 juil. 2007 18:11

Tiriwurst a écrit :Je me demande si la psychiatrie est nécessairement liée à l'idée de contrôle social
Oui, elle ne peut que l'être. Voici les approches de la psychiatrie selon le dico :
Il existe plusieurs grands modèles en psychiatrie :

Le modèle biologique s'appuie sur l'idée de déréglements organiques, biologiques, notamment au niveau du fonctionnement cérébral, et qu'il faudrait corriger ;
Le modèle psychologique dans lequel on s'intéresse au psychisme de l'individu ;
Le modèle social qui s'intéresse à l'interaction du patient avec son milieu, ainsi qu'au niveau collectif et social des troubles qu'il présente.
On évoque de plus en plus souvent le modèle bio-psycho-social, qui serait une forme d'intégration des trois modèles précédents.
Tiriwurst a écrit :Quand je parlais de thérapie au service d'un individu c'est dans une vision idéale : on aide une personne à s'assumer, à s'épanouir, par rapport à ses propres envies et non pas en fonction d'un code moral ou social dans la limite de la dangerosité de l'individu
Oui comme tu dis c'est dans l'idéal, ça se veut être le but premier, mais dans la réalité, le bien-être de l'individu n'est pas souvent au premier plan. En fait ce que je voulais dire c'est qu'on pense, comme tu le dis "aider une personne à s'assumer, à s'épanouir" mais en lui infligeant de respecter un comportement jugé "bon" par le psychiatre (par le biais de médicaments, d'hypnose, d'électrochocs), alors que passent nettement au second plan, les "propres envies du patient".

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Message par decad-act » 16 juil. 2007 14:19

Oui, elle ne peut que l'être. Voici les approches de la psychiatrie selon le dico
dans son approche contemporaine je suis d'accord, mais ne te base par sur des dicos pour ça, ils sont écrits sous la surveillance des croutons de l'académie française. :lol:

sinon, bon je poste un gros truc en essayant de rebondir sur ce que plusieurs gens ont dis.

Je ne suis pas fondamentalement contre l'idée psychiatrique à partir du moment ou je suis intimement persuadé qu'on peut se retrouver dans un état constant ou par accès extremement fréquents où on ne sais plus réellement ce qu'on fait voir qui on est et avec perte de mémoire totale, et deviens un danger pour soi-même ( avant même les autres ) et ça brise toute idée d'ipséité et de responsabilité personnelle en celà que c'est le principe même de ce qu'on appel communément "la folie" :
on ne peut pas juger quelqun, même sur principe (je parle pas de tribunal), qui est ne serait-ce que psychotique à mon sens : la question est que la prison n'est de toute manière une réponse à rien, et les établissements psychiatrique non-plus tant qu'ils viserons l'internement prolongé et sans vue d'aider un patient qui le désir à reprendre le contrôle de sa vie, et non vis à vis d'une normalité quelconque par rapport à la société : le plus ironique étant que c'est tout l'inverse, c'est à dire qu'on prétend aider les gens et s'occuper d'eux de manière individuelle et indépendemment de la société alors qu'ils y sont cloitrés parcequ'on ne sais pas quoi en faire et me faire croire qu'un psychiatre ne considère pas ses plus graves malades en général comme des peluches à cagoler à coup de médoc et diagnostic de merde ou des animaux de laboratoire : faut y aller.

Autrement j'ai discuté récemment avec un straight-edge ultra-matérialiste qui me disait que l'inconscient était une merde théorique (en gros) qui n'éxiste pas : donc négation de la folie, négation de l'apport de la psychanalyse, et de la psychiatrie, même et surtout en tant que qu'outil d'analyse et d'aide et pas de justification à la rétention ...
C'est bien jolie, mais ça règle rien dans l'état des choses.

Problème est qu'avec l'actuel gouvernement, et même les précédent, l'actuel chef de l'état a tout fait des l'époque de son poste de ministre de l'intérieur, pour briser cette idée d'assistance à personne malade et imposer l'intransigeance vis à vis des personnes dont le crime soupçonné peut être lié à la folie : et le problème est là, si le mythe veux qu'il soit " facile " de se faire admettre en psychiatrique en tant que simple citoyen lambda qui n'a rien à se reprocher, c'est exactement l'inverse pour les accusés qui passent en tribunaux : la LSI fait qu'aujourd'hui les internés en psychiatrie ( au lieu de la prison ) ont été réduit de 100% parce qu'il faut qu'un justicier-psychiatrique-spécialiste soit présent au tribunal et vienne prouver ( on ne sais comment ) que le malade soupçonné était dans un accès ( qu'il ne contrôlait donc pas c'est l'évidence ... ) pour échapper à la tôle : pour tout ces gens autrefois admis en psychiatrie, dont il y a des degrés divers d'internement assez hétérogènes et tous ne sont pas bourrés de médocs, ils se retrouvent aujourd'hui en tôle : on sais tous ici je pense ce que ça veux dire.

On enferme des malades mentaux en prison.
Je pense que l’aspect de critique sociale radicale des thèses de Freud a été nié parce que lui-même n’a pas été au bout de ses découvertes, que des gens comme Jung ont poursuivis avec des idées comme l’inconscient collectif, ou Reich avec l’économie sexuelle, quand bien même tous ces auteurs méritent eux-mêmes d’êtres très critiqués et la portée de leur thèse évidemment relativisées ( ce ne sont que des grilles de lectures ), et que la psychanalyse puis la psychiatrie sont devenus réactionnaires parce que les thèses de tonnes de ses auteurs se sont cristallisées autour de dogmes et donc évidemment d’une utilisation fondamentalement réactionnaire de celles-ci : notamment parce qu’elles ramènent tout aux individus, pour certains tout à la famille, et la plupart nie le poids de l’environnement et d’une société qu’on peut même considérer comme malade d’un point de vue psychanalytique ( même si on peut dire que ce n’est qu’une vue de l’esprit ) : voir « la psychologie de masse du fascisme » par Reich justement ou encore toutes les théorie sur l’aspect « psychotique » de l’entreprise capitaliste : négation de l’autre, obsession monomaniaque ( le profit ), réification des êtres humains ( et sensibles en général ) par rapport au buts visées … etc.

Aujourd'hui le fait est que ces prisons sont surpeuplés de gens souffrant de troubles psychiatriques que la détention, l'isolement, la violence forcement arbitraire, et le reste ne font qu'empirer, et evidemment ils ne sont pas suivis à la sortie : loin de moi l'idée de dire qu'ils devraient forcement l'être en plus de la prison, mais bien de démontrer que pour ces invidus en particulier ( comme pour les autres en général ) la détention est une "fabrique à fous" qui détruit les individus, et a perdu de but son optique sociale utilitariste de base : réintégrer les " déviants ", simplement parce que ses chefs ou politicards ont pigés plus ou moins quand ils s'y sont interessés qu'une société malade ne pouvait prétendre soigner des "malades" : elle les produit.
Modifié en dernier par decad-act le 31 juil. 2007 2:04, modifié 1 fois.

julie
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Message par julie » 20 juil. 2007 16:54

j'ai pas pris le temps de tout lire ce qui a été écrit, mais juste pour l'info, il y a un mois environ, il y a eu une semaine anti-enfermement, organisé par les bras-casseurs à marseille (prison, psy, travail...) et le débat sur l'antipsy était assez intéressant puisqu'une bonne partie de la salle était en suivi psy (pas psychiatrie, mais bon...) et venait quand même le remettre en question, en discutant l'intervention d'un mec qui bougeait dans les milieux antipsy il y a quelques années. c'était étonnant parce que toutes les personnes de plus de 40 ans environ était vachement émues de reparler de ces expériences et les plus jeunes, ben c'était plutôt de la curiosité historique...
Je sais pas si y a eu un machin comme un compte rendu ou je sais pas quoi, mais si ça intéresse quelqu'un je peux me rencarder.
bon, ça apporte pas trop d'eau au moulin mais c'était pour parler d'un truc assez récent sur le sujet et qui se voulait pas normatif.
La communication est un malentendu permanent.

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