la non mixité féministe dans le milieu anarchiste

Le punk n'est pas qu'une musique ! Ici on discute de l'actualité, des manifs et des résistances en lien direct avec notre culture. "Make punk a threat again", ça vous dit encore quelque chose ?!
ChristOff
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Re: la non mixité féministe dans le milieu anarchiste

Message par ChristOff » 01 nov. 2009 20:33

Ici dans notre local anarchiste mixte, il y a un groupe de femmes non-mixtes. Tous les arguments déployés sur ce forum leur ont également été balancés à la tronche pour leur faire comprendre que bon, bé ouais, mais politiquement, c'était du caca leur groupe... genre, c'est pas juste de pas faire participer les mecs (alors que les mecs se posent moins de questions quand, de part leur éducation et les pratiques qui en découlent, ils excluent de fait les femmes), genre les luttes spécifiques sont contre-productives et servent notre ennemi, tout ça quoi...

Sauf que le groupe non-mixte a organisé une série de discussions internes sur le problème du sexisme dans les milieux militants, et là, les hommes étaient conviés, mais bizarrement, sont pas venus. Alors, qu'on me dise pas que c'est "injuste", que c'est "excluant", et tout ça. C'est JAMAIS de ça dont il est question quand on cause du "problème" de la non-mixité féminine !!!

Il me semble qu'à la base, si on est tous et toutes d'accords par exemple pour reconnaitre qu'il existe des schémas de dominations spécifiques dans nos sociétés, et que la domination masculine et les privilèges sociaux, économiques, psychologiques, etc... qui vont avec en constituent un, qui forge nos réalités, nos relations, nos capacités même à nous émanciper, bé faut bien décider, dans un cadre de lutte globale contre le système qui se nourri des ses inégalités, de détruire dans nos quotidiens les schémas d'oppressions. On va pas demander aux femmes d'attendre la "révolution" pour arrêter d'être regardées/utilisées/objectivées/dominées par les hommes. Ca me parait indécent. Et si, dans leur recherche politique pour trouver des chemins d'émancipation, parfois elles demandent pas l'autorisation ou le conseil technique d'un mec, bé ça me parait un minimum logique. (j'irai pas demander systématiquement à mon "oppreseur" de m'indiquer comment m'y prendre pour annihiler le système politique et social qui régit le schéma d'oppression). On leur reproche d'avoir des "espaces" où elles se retrouvent entre elles, comme si ces "espaces" constituaient l'essentiel de leurs vies, de leurs luttes politiques.

Le discours systématique de renvoyer les luttes sépcifiques à un luxe de petit-e-s bourgeois-e et qui sous-entends qu'il faut d'abord faire la "révolution", et que forcément, tout se mettra tout seul dans l'ordre après, moi j'y crois pas. Ca veut pas pour autant dire que le seul axe d'attaque soit la lutte sépcifique, mais en tout cas, c'est un axe crucial qui permet de comprendre un paquet de mécanismes dans nos vies et qui induit de commencer la "révolution" dès aujourd'hui, ici et maintenant !

C'est plus facile de gueuler contre le capitalisme que de réaliser qu'on est capable de reproduire des schémas de domination (estimer que telle ou telle capacité, telle ou telle envie, telle ou telle façon de concevoir le "politique" est "naturellement" assujeti à notre sexe par exemple, c'est accepté que certains individus sont "plus" capables de, sur la base d'arguments naturalistes).

Les luttes des femmes anarcha-féministes ont toujours posé des problèmes, on leur a toujours reproché d'être "injustes" ou "sectaires" ou de sur-focaliser sur leurs p'tites problématiques à elles. On leur cause de "communautarisme", de "repli identitaire", de "fermeture" et de "luxe bourgeois"... tout le blabla bien huilé que nous sert justement la société dominante, qui voudrait bien nous faire croire qu'on est tous et toutes libres et égaux/égales, quel que soit notre classe sociale, notre race, notre sexe, notre niveau d'éducation, nos corps, etc... On est tous et toutes libres et égaux/égales SEULEMENT si on fait parti de la classe dominante, mais sinon, que dalle... on est juste libre de RIEN. Quant à l'égalité, franchement, y a que des mecs pour utiliser ce mot pour décrire les relations hommes/femmes. Faut arrêté, y a juste PAS égalité.

Alors moi, ouais, je dis pas que la "non-mixité" est un outil tout terrain, efficace en toutes occasions ou qui soulève jamais de questions. Mais si des nanas en ont envi, je pige pas tout cet éternel discours paternaliste et culpabilisateur qu'on leur inflige. Foutons leur la paix et arrêtons juste d'invoquer les pires arguments réactionnaires et de mauvaise fois....

Et si parfois ça nous secoue dans notre assurance qu'on est toujours politiquement parfaits, nous les mecs, que ça nous irrite, que ça nous oblige à réfléchir sur certains de nos comportements... je vois pas où est le mal... Les mecs ont jamais autant accepté de "se changer" que quand les femmes les ont "menacé" dans leur assurance qu'ils pourrait disposer de leurs corps à volonter.

Ce qui me parait fou, c'est que par exemple, on vient reprocher aux femmes de faire leur tambouille parfois toutes seules (quand elles le souhaitent), mais on se rend pas compte que par exemple la "soirée non mixte de mec", ça existe souvent de FAIT. Forcément, y a pas à le poser comme tel, puisque justement notre société a établi que l'espace public est "naturellement" le territoire de l'homme, et que la femme elle s'éclate vachement plus dans le cadre plus intime de la maison, parce qu'elle est naturellement douce. On se rend même plus compte à quel point les espaces "publiques" sont globalement le territoire des hommes, et que les femmes n'ont pas a fournir les mêmes "efforts" pour y être prises au sérieux, écoutées, etc.

Et puis aussi, on reproche aux nanas de parfois en avoir MARRE d'expliquer des trucs à des mecs qui font semblant de pas comprendre, alors que quand même à la base, celui qui fait zéro effort c'est le mec, nan ? Celui a qui on devrait prendre la tête politiquement, c'est le mec qui refuse le débat, qui fait semblant de pas piger les trucs dont on lui parle. C'est quand même LUI le problème politique, plus que la femme qui, après avoir passé 10 ans à vouloir constuire la lutte féministe avec ses amis mecs (ce qui est globalement toujours le cas hein... les femmes envisagent rarement la non-mixisté comme première solution à leur engagement antisexiste), se rend compte que ceux-ci ne prennent pas au sérieux un paquet de choses et surtout, n'entendent pas se changer EUX. (c'est à la femme de changer alors ? pas à nous les hommes ?)

Par exemple, dans notre local anarchiste, les mecs sont conviés à une discussion sur le sexisme. Soit ils considèrent que le sexisme existe pas, et que la seule domination est économique, mais bon là, c'est un autre débat, soit ils sont okay pour reconnaitre la chose. Mais s'ils viennent pas à une discussion, ils peuvent pas ensuite dire : "c'est pas juste, on nous exclu du machin !". Pourquoi ils viennent pas d'ailleurs ? Parce que le débat n'a pas été organisé par EUX ?

Bon bref...

ChristOff
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Re: la non mixité féministe dans le milieu anarchiste

Message par ChristOff » 01 nov. 2009 21:23

les seuls arguments de la non-mixité se rapportent à des exemples qui mettent en exergue la victimisation acceptée et reconnue par vous de la condition de femme, et trouvent leur justification uniquement dans le fait qu'au final vous acceptez quelque part d'être "faibles" par le même besoin de vous retrouver entre vous pour le gueuler toutes ensemble sans que ça s'entende, ce qui est d'une flagrante contradiction pour justifier d'une lutte.
Bé, je suis pas d'accord... je trouve pas que ce soit un aveu de "faiblesse" que de décider d'utiliser des moyens d'action qui exclue son "oppresseur", au contraire. Si on considère que les femmes sont globalement éduquées pour croire que l'élément qui vient valider chaques éléments de leurs vies (leur parole, leurs désirs, leur sexualité, leur légitimité à être présente sur l'espace "publique", leur corps, leur beauté, leur "féminité", etc. ) est l'HOMME, alors décider consciement de s'émanciper de la chose me parait au contraire courageux et totalement logique et puissant. C'est reprendre un truc qui a été dérobé, à savoir l'estime de soi pour commencer, mais comme ça ça sera jamais assez "politique" pour un paquet de gens, c'est aussi reprendre la capacité à articuler un discours politique qui sorte pas tout cuit de la bouche de l'oppresseur. C'est bel et bien assumer que la parole et les expériences de femmes valent la peine d'être exposés.

Quant à dire que ça correspond à "gueuler seules sans que ça s'entende", bé nan... peut-être que le discours ne s'entend pas (mais le discours féminste de toutes façons, ceux (et celles) qui veulent pas l'entendre, tu leur amènerai sur un plateau, avec des glaces et du miel et plein de trucs "doux" et "gentil" et "convivial", bé ils (et elles) l'entenderaient pas), mais le simple fait de FAIRE, d'affirmer et de revendiquer la non-mixité, c'est JAMAIS invisible. Le débat est super visible au contraire, il suscite même la colère et il permet de faire 18 pages sur un forum anarcho-punk par exemple. Dans le genre truc invisible et qui s'entend pas, on fait mieux. Là encore, au contraire, moi je trouve que la forme même de la non-mixisté implique le débat. Il y aura toujours les hommes qui crient à l'injustice (c'est bien connu que globalement, les mecs ne vivent que pour discuter avec les nanas d'antisexisme, de déconstruction de la masculinité, et que c'est vraiiiiiiiment pas gentil de les empécher de faire le truc qu'ils préfèrent au monde... comme si d'ailleurs, soit dit en passant, les mecs en général capitulaient quand ils avaient envie de faire un truc et que quelqu'un tenterait de les en empecher, à plus forte raison s'il s'agit d'une femme). Il y aura toujours de femmes qui pensent que c'est jouer le jeux de la victimisation...

En tout cas, moi j'trouve que la non-mixité me semble cohérent et porteur de visibilité et de débat !

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Re: la non mixité féministe dans le milieu anarchiste

Message par Asylum » 02 nov. 2009 0:14

La non-mixité est légitime dans pas mal de cas. Ce qui est embêtant, c'est quand on fait des rapports hommes / femmes une analyse de classe, et qu'on dit que les réunions non - mixtes sont utiles dans certains cas mais que dans d'autres des réunions mixtes sont nécessaires. Alors qu'il ne viendrait à l'esprit d'aucun travailleur de faire des réunions mixtes avec les dirigeants à cotés des réunions prols non mixtes.
Il semblerait bien que les deux problèmes soient différents, ce qui est relativement nié par certain e s.
"Nous considérons les fins inséparables des moyens, parce que les méthodes de lutte laissent déjà entrevoir la vie pour laquelle nous nous battons".

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Re: la non mixité féministe dans le milieu anarchiste

Message par acacia » 02 nov. 2009 3:19

Asylum a écrit :La non-mixité est légitime dans pas mal de cas. Ce qui est embêtant, c'est quand on fait des rapports hommes / femmes une analyse de classe, et qu'on dit que les réunions non - mixtes sont utiles dans certains cas mais que dans d'autres des réunions mixtes sont nécessaires. Alors qu'il ne viendrait à l'esprit d'aucun travailleur de faire des réunions mixtes avec les dirigeants à cotés des réunions prols non mixtes.
Il semblerait bien que les deux problèmes soient différents, ce qui est relativement nié par certain e s.
Ben si, ça s'appelle des négociations entre les "partenaires sociaux", ou alors des réus syndicales nan ? pas que je sois fan de la méthode mais si tu pousses bien fort, tu peux encore la trouver ici l'analogie...Et après 18 pages de débat, je vois toujours pas pourquoi tu dis que c'est "embêtant" quand on porte une analyse de classe sur les rapports homme-femme. Ces derniers sont très loins d'être identiques en tous points à d'autres types de rapports de classe, ça n'empêche. Et bien sûr comme toujours et comme parfois entre les patrons et les ouvriers ben ya du "jeu" entre les classes, les catégories sont jamais complètement étanches et on veut pas plaquer un schéma foireux et à la serpe sur le monde en disant ça, on dit juste qu'il faut admettre et vivre avec une cette forme de conflictualité/tension/rapport de force avec ses propres amies, copines, voisines, mamans, marchande de clous à bricomarch", tatoueuses etc, et vivre avec ça veut dire laisser parler le conflit des fois, et ça veut dire se faire à l'idée qu'il ya des rapports de pouvoir qu'on déteste et qu'on est parfaitement capables de mettre en place dans sa vie de manière insidieuse et sans le voir venir et qu'on fait partie d'une classe dominante (et rien à foutre de l'auto-flagellation, j'ai déjà donné), ouais...c'est "embêtant".
Nous rêvons à d'autres choses, plus clandestines et plus gaies.

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Re: la non mixité féministe dans le milieu anarchiste

Message par Acrate33 » 02 nov. 2009 8:58

acacia a écrit : Ben si, ça s'appelle des négociations entre les "partenaires sociaux", ou alors des réus syndicales nan ? pas que je sois fan de la méthode mais si tu pousses bien fort, tu peux encore la trouver ici l'analogie..
donc si je traduis, les luttes ou réunions mixtes c'est le fait de certains traitres qui discutent avec l'ennemi de classe ?
car le propre des rapports de classe c'est de se baser sur un antagonisme irrémédiable
cette forme de conflictualité/tension/rapport de force avec ses propres amies, copines,
oui, et chaque individu est traversé par plusieurs types de conflictualité/tension/rapport etc en fonction de ce qui constitue son individualité propre. donc les rapports de sexe. mais pourquoi arreter la mixité à cet aspect ? carpendant ce temps les autres rapports de dominations ne disparaissent pas. Alors comment faire ?

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Re: la non mixité féministe dans le milieu anarchiste

Message par Democrachiasse » 02 nov. 2009 13:55

Je ne connais aucun patron qui emploie des ouvrier-es sans les exploités.
Mais je sais qu'il y a des travailleurs de tout pays qui lavent leurs chaussettes eux mêmes.

Je ne me sens pas en "conflit" avec la gente féminine, je n'est pas envie de vivre comme ça, les espaces non-mixte même choque pas mais je ne cautionne pas la comparaison entre la lutte des classes.
Si j'adhère à un schéma de classification aussi stricte au niveau de l'analyse de l'économie c'est uniquement parce que je considère que la société de classe doit disparaitre, purement et simplement. Donc pas de flonflon identitaire pour moi. Le jour où la bourgeoiserie crèvera, le prolétariat aussi.

En revanche faire disparaitre les hommes et les femmes ça me parait-être un projet qui n'a pas les mêmes enjeux... je sais pas, mais je crois que cette idée ne concerne qu'une minorité des féministes, non ?
I'm the grave of the 80's. UH!

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Re: la non mixité féministe dans le milieu anarchiste

Message par aurélie apatride » 02 nov. 2009 15:09

ChristOff a écrit :Ici dans notre local anarchiste mixte, il y a un groupe de femmes non-mixtes. Tous les arguments déployés sur ce forum leur ont également été balancés à la tronche pour leur faire comprendre que bon, bé ouais, mais politiquement, c'était du caca leur groupe... genre, c'est pas juste de pas faire participer les mecs (alors que les mecs se posent moins de questions quand, de part leur éducation et les pratiques qui en découlent, ils excluent de fait les femmes), genre les luttes spécifiques sont contre-productives et servent notre ennemi, tout ça quoi...
parce que les femmes, dans la vie de tous les jours, n'ont pas des tas d'activité dont les mecs sont exclus?
en tant que fille, je peux te dire que les plus un milieu est sexiste, plus te te retrouve à discuter entre nanas, sans te mélanger aux mecs... les filles parlent de sujets "de filles (shopping mecs gamins...) et les mecs de sujets "de mecs" (sport baise bagnole...). La non-mixité y est appliquée comme un antagonisme entre les sexes qui ne libère personne, bien au contraire!

Sauf que le groupe non-mixte a organisé une série de discussions internes sur le problème du sexisme dans les milieux militants, et là, les hommes étaient conviés, mais bizarrement, sont pas venus. Alors, qu'on me dise pas que c'est "injuste", que c'est "excluant", et tout ça. C'est JAMAIS de ça dont il est question quand on cause du "problème" de la non-mixité féminine !!!
peut être que si le groupe avait été mixte ils seraient venus?
perso un groupe de noirs n'acceptant pas les blancs, ou d'hommes rejetant les filles m'invitent à une réunion, je leur dit d'aller se faire mettre.
Il me semble qu'à la base, si on est tous et toutes d'accords par exemple pour reconnaitre qu'il existe des schémas de dominations spécifiques dans nos sociétés, et que la domination masculine et les privilèges sociaux, économiques, psychologiques, etc... qui vont avec en constituent un, qui forge nos réalités, nos relations, nos capacités même à nous émanciper, bé faut bien décider, dans un cadre de lutte globale contre le système qui se nourri des ses inégalités, de détruire dans nos quotidiens les schémas d'oppressions
oui, en privilégiant le dialogue, la mixité, la déconstruction des genres...
certainement pas en faisant des groupes "les vagins d'un coté, les bites de l'autre".
j'ai une amie, ultra féministe, qui fut invitée à une réunion non mixte... LES CHIENS MALES ETAIENT INTERDITS. youhou!
. On va pas demander aux femmes d'attendre la "révolution" pour arrêter d'être regardées/utilisées/objectivées/dominées par les hommes. Ca me parait indécent. Et si, dans leur recherche politique pour trouver des chemins d'émancipation, parfois elles demandent pas l'autorisation ou le conseil technique d'un mec, bé ça me parait un minimum logique. (j'irai pas demander systématiquement à mon "oppreseur" de m'indiquer comment m'y prendre pour annihiler le système politique et social qui régit le schéma d'oppression). On leur reproche d'avoir des "espaces" où elles se retrouvent entre elles, comme si ces "espaces" constituaient l'essentiel de leurs vies, de leurs luttes politiques.
mais ces putains d'espaces, on les a au quotidien! on est très, très souvent entre filles! ça n'a rien de libérateur, c'est juste le constat d'un échec cuisant à ne pouvoir faire certaines choses en compagnie de mecs! mais c'est pas en les fuyant tout le temps qu'on va y arriver!
et puis je vois aps en quoi le fait de militer aux cotés de emcs c'est "demander leur autorisation"??? c'est super sexiste comme idée!
Le discours systématique de renvoyer les luttes sépcifiques à un luxe de petit-e-s bourgeois-e et qui sous-entends qu'il faut d'abord faire la "révolution", et que forcément, tout se mettra tout seul dans l'ordre après, moi j'y crois pas. Ca veut pas pour autant dire que le seul axe d'attaque soit la lutte sépcifique, mais en tout cas, c'est un axe crucial qui permet de comprendre un paquet de mécanismes dans nos vies et qui induit de commencer la "révolution" dès aujourd'hui, ici et maintenant !
mais on n'a jamais dit ça!!!!
simplement, la non mixité n'est ABSOLUMENT PAS un moyen efficace de combattre le sexisme! au contraire!
Alors moi, ouais, je dis pas que la "non-mixité" est un outil tout terrain, efficace en toutes occasions ou qui soulève jamais de questions. Mais si des nanas en ont envi, je pige pas tout cet éternel discours paternaliste et culpabilisateur qu'on leur inflige. Foutons leur la paix et arrêtons juste d'invoquer les pires arguments réactionnaires et de mauvaise fois....
ok ben la prochaine fois que je me ferais jeter d'un groupe de mecs qui veulent rester "entre couilles", je comprendrait que c'ets pour leur libération. (je dis ça mais ça m'est jamais arrivé!)
Et si parfois ça nous secoue dans notre assurance qu'on est toujours politiquement parfaits, nous les mecs, que ça nous irrite, que ça nous oblige à réfléchir sur certains de nos comportements... je vois pas où est le mal... Les mecs ont jamais autant accepté de "se changer" que quand les femmes les ont "menacé" dans leur assurance qu'ils pourrait disposer de leurs corps à volonter.
je suis une fille.
ça ne m'empêche pas que la non-mixité est une pratique qui me révulse.
Ce qui me parait fou, c'est que par exemple, on vient reprocher aux femmes de faire leur tambouille parfois toutes seules (quand elles le souhaitent), mais on se rend pas compte que par exemple la "soirée non mixte de mec", ça existe souvent de FAIT. Forcément, y a pas à le poser comme tel, puisque justement notre société a établi que l'espace public est "naturellement" le territoire de l'homme, et que la femme elle s'éclate vachement plus dans le cadre plus intime de la maison, parce qu'elle est naturellement douce. On se rend même plus compte à quel point les espaces "publiques" sont globalement le territoire des hommes, et que les femmes n'ont pas a fournir les mêmes "efforts" pour y être prises au sérieux, écoutées, etc.
c'est assez vrai...
mais une réunion non-mixte c'est absolument pas public, c'ets un truc intime dans la chaleur d'un local.
Il est pour moi 100 fois anti sexiste de me pointer en mini jupe dans un bar de mecs et de tenir têtes aux relous que de m'autocongratuler avec mes amies féministes enfermée dans un local...
Et puis aussi, on reproche aux nanas de parfois en avoir MARRE d'expliquer des trucs à des mecs qui font semblant de pas comprendre, alors que quand même à la base, celui qui fait zéro effort c'est le mec, nan ? Celui a qui on devrait prendre la tête politiquement, c'est le mec qui refuse le débat, qui fait semblant de pas piger les trucs dont on lui parle. C'est quand même LUI le problème politique, plus que la femme qui, après avoir passé 10 ans à vouloir constuire la lutte féministe avec ses amis mecs (ce qui est globalement toujours le cas hein... les femmes envisagent rarement la non-mixisté comme première solution à leur engagement antisexiste), se rend compte que ceux-ci ne prennent pas au sérieux un paquet de choses et surtout, n'entendent pas se changer EUX. (c'est à la femme de changer alors ? pas à nous les hommes ?)
mais enfin la femme aussi doit changer!!!!
des nanas qui refusent que leur mec passe l'aspirateur ou voient les autres femmes comme des putes rivales, y'en a à la pelle!
et ses connes restent généralement entre meufs, sortent entre meufs (dans des espaces PUBLICS) parce que sortir avec un autre homme que le sien, c'est être une pute, et de toute façon qu'aurait-on à raconter à un mec?
je suis juste une petite fille, je ne veux pas grandir

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ChristOff
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Re: la non mixité féministe dans le milieu anarchiste

Message par ChristOff » 02 nov. 2009 17:10

Je voulais dire qu'on utilisait cetains arguments pour dire que la "non mixité féminine" était pourrave, et qu'en fait ces arguments étaient finalement assez souvent de pure mauvaise fois.

Par exemple on reproche aux femmes de pas "laisser la place aux mecs dans ce type de réus". Je pointais
juste le fait que même si on leur laissait la place, dans 90% des cas ils viendraient pas, et que donc le problème en fait c'est pas que les femmes ne laissent pas de place à une "activité" qui globalement n'intéresse pas les hommes, c'est autre chose. Je cherchais juste des pistes...

L'exemple de la discussion dont je te parlais dans notre local anar n'a jamais été dans un cadre non-mixte. Cette discussion s'inscrivait 100% dans le cadre des discussions politiques "normales" du local, où hommes et femmes participent. D'ailleurs cette discussion n'était pas "organisée" que par le groupe féministe, mais aussi par des hommes qui souhaitaient que cette discussion aie lieu. Donc, si la majorité des mecs ne sont pas venu, ça n'a RIEN A VOIR avec un cadre duquel il pourrait se sentir "exclu" (non-mixité), mais tout simplement parce qu'ils considèrent, soit que le sexisme n'existe pas dans les milieux militants, ou soit que c'est pas une discussion politique valable, et que vaudrait mieux parler de la guerre d'espagne à la place (je schématise pour être sarcastique hein)...

Mais en gros, je dis que c'est quand même archi dégueulasse de venir après coups critiquer les femmes
d'avoir des pratiques "excluantes", alors que de toutes façons, on est pas intéressé par ces pratiques dans nos quotidiens. Du coup, c'est doublement dégueu : 1) de façon général, on se désintéresse collectivement d'un "combat" qui concerne nos amis, nos amantes, nos mères, nos soeurs, alors qu'elles nous font la demande explicite de participer avec elles, et 2) quand lassées d'attendre qu'on lutte à leur côté, elles s'organisent PARFOIS (et rarement comme unique moyen d'action), entre elles, on vient leur dire que c'est des salopes qui coupent les couilles aux mecs et laissent pas de place, et que ce dont elles causent c'est pourri et ça fait pas avancer la cause du grand prolétariat uni...

C'est scandaleux comme procédé je trouve. D'abord parce que c'est une façon arrogante de détourner l'attention sur le fait pur et simple que les hommes se contre-fichent de réfléchir et déconstruire leurs privilèges sexistes, et qu'ils sont okay pour en jouir (dans les milieux "militants", ils en jouissent moins ouvertement, mais ils en jouissent malgré tout, dans une version reformulée à la mode anarchistes/autonomes/punks). Car pour moi, dans l'histoire, la PREMIERE chose qui devraient nous irriter collectivement, c'est ce refus pur et simple et massif des mecs de se désinteresser d'un truc aussi crucial. Ensuite, ouais, peut-être qu'on peut se poser des questions sur la validité politique de la non-mixité. Ce qui me mets hors de moi, c'est que finalement, en focalisant sur la non-mixité, on laisse le reste, le plus important selon moi, se faire et se perpétuer.

Ouais, évidement que les femmes aussi doivent changer, ne plus intérioriser certains éléments de leur propre aliénation. J'ai jamais dis le contraire. Mais la priorité, c'est quand même que les mecs changent aussi, ou du moins COMMENCENT à s'y mettre pour de vrai, au lieu de tourner autour du pot et de brasser du vent...

Hors, quand les femmes s'organisent - et tu peux leur reprocher les moyens qu'elles mettent en place pour cette organisation, mais pas le fait qu'elles s'organisent -, il va systématiquement y avoir une série de reproches formulés tout azimut pour décrédibiliser leur action. Soit ce sera Dédé le marxiste qui viendra leur faire la lecçon sur les déviance petites-bourgeoise et les suriner avec la "lutte des classes". Soit ce sera l'anarcho pur et dur qui leur causera de "communautarisme" et de comment ces pratiques excluent des hommes et ne sont donc pas "libertaires"... etc...

Mais donc, subitement, et étrangement, il y aura dans la minute le bon vieux consensus de genre qui en gros estime (tout en ne le disant jamais ouvertement) que les femmes qui s'organisent SANS le hommes, c'est suspect. Que si y a pas aval et consultation technique masculine pour donner du crédit à cette lutte, elle est forcément de seconde ordre et ne vaut rien.

Soudain, tout ces gens qui ne se sont jamais franchment préoccupé des questions de genre, de sexisme, etc... autrement qu'au travers de 2, 3 positionnements de principe, voilà qu'ils deviennent super super tatillons sur comment les mécaniques d'exclusion se construise. Et hop, par un tour de passe-passe magique et remarquable, les hommes qui sont quand même les "oppresseurs" deviennent les VICTIMES des méchantes femmes, castratrices, manipulatrices, inefficaces...

C'est ce schéma de merde qui me fout en rogne. On parle TOUJOURS de féminisme que quand il s'agit de distribuer les bons et les mauvais points aux nanas, et qu'il s'agit en gros de dire que les meufs font "mal" les choses...

J'ai jamais vu un post de 18 pages qui causent des pratiques antisexistes des hommes par exemple, ou on poserai collectivement les bases d'un boulot en profondeur sur le sexisme. Même en admettant que les pratiques antisexistes des femmes ne soient pas toujours méga efficaces ou pertinentes, moi je pose la question : et les pratiques de mecs ? On en cause ou on continue de noyer le poisson en faisant comme toujours porter le poids de toute la merde sur les épaules des femmes ?

Tu crois pas que si on faisait un tout petit inventaire de surface des comportements basiques des hommes (et je parle même de ceux, y compris moi, qui sont de bonne volonté hein... je te parle même pas du beauf de base) y aurait pas largement matière à flipper et parler de trucs graves ?

Pourquoi c'est TOUJOURS les femmes qui sont coupables de "foutre la merde" (car au final, c'est bien ça qu'on leur reproche hein... depuis le péché originel jusqu'à la pratique de la non-mixité, c'est toujours les pratiques vicieuses des femmes qui foutent le bordel dans nos sociétés suuuuuper harmonieuses et pleine de justice et d'égalité) ???? Pourquoi on traite toujours de sujets comme ça sous un angle clairement anti-femme ?

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aurélie apatride
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Re: la non mixité féministe dans le milieu anarchiste

Message par aurélie apatride » 02 nov. 2009 17:25

il y a eut ce sujet, de 11 pages :
http://dynamite.lautre.net/forum/viewto ... it=sexisme
je ne vois pas pourquoi on aurait pas le droit de critiquer la non mixité sous prétexte que les militantes en prennent souvent plein la gueule... ce n'est pas en cautionnant des pratiques décridibilisantes qu'on va crédibiliser le combat pour l'égalité des sexes...
que tu ais connu des militants non intéressés par le sujet, c'est bien dommage, mais ça n'est pas une généralité.
si tu veux parler des pratiques des mecs, tu peux créer des sujets.
mais pour moi y'a pas "les mecs" et "les femmes", y'a des individus. Et je connais pas mal d'hommes qui souffrent plus du machisme de notre société que certaines femmes (gays refoulés, mecs tous maigres, gros, sensibles...). Ceux-là seraient certainement contents d'être écoutés par des femmes féministes plutôt que de se faire fermer la porte au nez parce qu'ils ont une bite.
je suis juste une petite fille, je ne veux pas grandir

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ChristOff
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Re: la non mixité féministe dans le milieu anarchiste

Message par ChristOff » 02 nov. 2009 18:03

Mmh, okay, okay...

J'ai jamais dit que tu ou "on" aurait pas le droit de critiquer la non-mixité, j'ai juste souligné ce qui selon moi est un truc systématique, à savoir qu'on passait plus de temps à critiquer les trucs faits par les femmes que par les hommes... et que pour moi, j'y voyais peut-être justement une des conséquences de la constructions spécifiques hommes / femmes.

Je fréquentes les milieux squats/punks/anars depuis 1987 (je dis pas ça pour me la raconter hein, c'est pour contextualiser), et ouais, j'ai surement pas de chance, mais j'ai pas rencontrer des tonnes de mecs militants qui considéraient que c'était un truc important de se "déconstruire" collectivement et politiquement du sexisme dont ils étaient les héritiers malgré eux. Certains le disent, mais dans leurs pratiques quotidiennes, le lien est dur à discerner. Globalement, oui, j'ai le sentiment que les mecs en parlent parfois, mais que ça s'arrête là (je me pretends pas "meilleur")...

Okay, il y a donc pas de catégories "femmes", "hommes", pas plus que de noirs/blancs, queer/hétéros, pauvres/riches... on est tous des individus, égaux, libres, éduqués de la même façon, vivant de la même façon dans des endroits similaires, etc... Je te cacherai pas que personnellement, j'y crois pas, et que cette posture de parler d'un "idéal" de société alors qu'on vie dans un truc opposé me parait étrange. C'est la position dominante qui consiste à dire que le "cadre idéal" de notre société laisse l'égalité des chances à tout les individus, quel que soit leurs races, sexes, classes, etc... mais en quoi un fils de parents marocains vivant à Mantes-la-Jolie est l'égal d'un fils de PDG né à Versailles ? La loi prévoit théoriquement des possibilités identiques, sauf qu'on le sais bien que dans la réalité, ces deux individus n'auront JAMIAS accès aux mêmes possibiltés, ne serait-ce que dans leurs têtes...

Si je te disais, "ouais, mals tu sais, y a un paquet de riches qui souffrent plus du capitalisme que certains pauvres" (riches sensibles, riches à lunettes, ou je sais pas quoi... ), tu me dirais quoi franchement ? Ouais, y a des chances que les conditionnements qu'on recoit ne nous fassent pas toujours kiffé, et que parfois, la conscience qu'on a de notre statut complique nos vies, qu'on aimerait se soustraire à certaines contraintes liées à notre classe, notre race, notre genre, etc.... Reste que pour moi (mais je dis peut-être une connerie hein), la souffrance d'un oprimé me parait toujours plus problématique et prioritaire que celle d'un oppresseur... et je fais pas parti de la catégorie de gens qui disent "fuck off" aux problèmes des oppresseurs. Je veux bien même en entendre parlé, mais bon... la priorité pour changer ce monde, ça me parait de partir des injustices dont souffrent les opprimés... Et j'ai du mal à recevoir l'affirmation qu'un oppresseur souffrirait PLUS de son statut qu'un opprimé...

De mon expérience, les femmes féministes que je connais (y compris les femmes qui ont des pratiques ponctuelles non-mixtes) écoutent les hommes qui ont envie de parler de sexisme. J'ai jamais vu des femmes féministes qui rejettaient la discussion. A la limite, parfois elles sont méfiantes et il faut un peu de temps avant de pouvoir rentrer dans le vif du sujet avec elles, mais c'est pas si compliqué que ça...

On doit juste pas vivre dans le même monde (je dis pas ça méchament ou quoi que ce soit hein)... Toi, ton monde est peuplé de mecs sensibles et qui veulent absolument foutre en l'air leur éducation masculine et leurs privilèges, et qui sont détournés de leur quète par des femmes arrogantes, élitistes, coupeuses de bite... Moi, mon monde est plutôt peuplé de mecs qui s'en fichent gentiement du problème de sexisme, même pas parce qu'ils sont des porcs, mais juste parce que dans leur quotidien, ils ont du mal à bien percevoir les problématiques (normal puisqu'elles ne font pas parti des choses autour desquelles ils ont été éduqués), mais qui lorsqu'ils font l'effort de venir en parler avec des femmes, celles-ci sont plutôt heureuses de se sentir moins seules dans leurs luttes, et leur ouvre les portes (sauf dans des petits moments M où elles se voient en non-mixité, ce qui représente moins de 10% de leur temps militant)

Je pense que tu me convaincras pas que ton monde est réel, et je pense que je te convaincrai pas que le mien l'est... nan ? (je dis pas ça pour mettre un terme à la discussion, juste que je pense qu'on peut encore faire 20 posts chacun-e-s pour dire la même chose, et qu'on final, la discussion nous aura pas forcément appris des trucs incroyables... j'imagine que tu connais déjà par coeur mon propos, et moi, j'ai également l'impression de connaitre par coeur le tien)

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