meluzine a écrit :Merci Norma pour l'info.
Ca m'a d'ailleurs fait penser que je voulais poster le lien pour le documentaire d'Ovidie :
LA OU LES PUTAINS N'EXISTE PAS qui est passé sur Arte l'autre jour.
Il présente la réalité le traitement des femmes en Suède pourtant montré comme moderne et égalitaire.
Vraiment bien fait, touchant; rageant...
Il est encore en streaming sur Youtruc mais peut être pas pour longtemps.
Merci aussi. C'est poignant, en effet. Cela donne un sentiment d'injustice douloureux.
Ce qui est le plus dramatique je trouve, c'est la culpabilisation qui a été orchestrée par l'agente en charge du dossier "social" (le mot social, paraît déplacé ici, vu l'ampleur dramatique qu'ont fini par prendre les choses), puis utilisée de fil en aiguille par l'ex-mari, pour pouvoir faire souffrir son ex-compagne (retrait des enfants de leur foyer maternel, privation de visites de leur mère pendant plusieurs mois, c'est juste inhumain). Agente en charge du dossier, qui visiblement, comme le décrit une des amies de Maree, avait une volonté de détruire ce que celle-ci représentait à ses yeux, l'ayant personnellement jugée et stigmatisée comme étant une personne indigne d'éduquer ses enfants. Et à partir de là ça a été scellé, marqué au fer rouge, provoquant une escalade dans la persécution, sans le moindre apport bénéfique pour quiconque, surtout pas pour les enfants. Alors que la base de tout ce manège, était soi-disant de les préserver.
Au-delà de montrer les failles du "modèle" suédois et ce que certaines procédures
dites "sociales" font subir aux femmes
dites de "mauvaise vie" (et aussi aux hommes, avec l'exemple du jeune homme qui se fait convoquer, pointer du doigt comme déviant et qui subit une leçon de morale et un lavage de cerveau d'une stupidité hors-norme, pour avoir regardé du porno.... ce court passage est d'une violence inouïe, je trouve), le documentaire parle aussi de violence conjugale. De la domination du père des enfants, qui est allé jusqu'à les utiliser pour faire un maximum de mal à son ex-compagne. Cet aspect là fait froid dans le dos. Maree s'est heurtée d'une part à un homme déséquilibré, menaçant, qui la surveillait et la privait de ses rares droits de visite, et d'autre part à une institution qui au lieu de l'aider, l'a exposée elle et ses enfants, à cet homme dont elle avait voulu se protéger (et qui aurait peut-être eu besoin, lui, d'une aide psychologique). Les procédures mises en place, ont au contraire directement participé à maintenir pendant plus de trois ans, un climat conflictuel et violent, qu'elle avait à tous prix voulu fuir à juste titre.
Elle avait fait des choix individuels pour ça. Elle avait décidé de le quitter et de mener sa vie comme elle le souhaitait. Après la séparation, elle avait fait le choix d'avoir 4 ou 5 fois une activité d'escort girl pour pouvoir s'en sortir: c'était ses choix. Lui est resté bloqué dans sa haine, dans son délire de toute puissance, il a voulu la détruire et il a fini par le faire physiquement parce que tout est allé à l'envers, parce qu'on a jugé arbitrairement une femme comme étant une "salope" inadaptée, une "putain" irresponsable (comme le souligne Ovidie
ici), alors qu'elle était une femme douce et aimante, avec ses enfants, comme avec son entourage. Des gens "bien comme il faut" ont fait n'importe quoi sous prétexte d'un jugement moral stupide, dénué de la moindre empathie et du moindre bon sens. Et le résultat de cet acharnement quasiment obsessionnel, a fini par priver des enfants de leur mère et des parents de leur fille, pour toute une vie: les personnes irresponsables et indignes, se trouvent finalement être celles qui avaient pointé du doigt, au départ, une femme que ça a fini par tuer. Ces personnes là maintenant, on ne les entend pas, silence radio, ce qui ronge les parents de Maree et son entourage aujourd'hui. C'est affligeant.
Sont-elles au moins capables de prise de recul sur elles-mêmes? sur leurs possibles responsabilités? sur la violence et le manque d'écoute dont elles ont fait preuve et qui ont participé malheureusement activement à ce triste aboutissement?
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Sinon, à propos d'Ovidie, après l'excellent
A quoi rêvent les jeunes filles" " de 2015, qui abordait déjà le sujet des videos de sexe gratuit à portée de main et de ce que pas mal de videos peuvent laisser prétendre de ce que devrait être la sexualité en générale (et plus précisément, de ce que doit montrer d'elle une femme pour qu'on la désire), elle vient de sortir un bouquin appelé
A un clic du pire, et que j'ai très envie de lire. En fait, elle semble y dire beaucoup de choses que je pense sur le sujet, sans avoir vraiment jusqu'ici réussi à me positionner moi-même clairement, coincée entre un questionnement sur une réalité devenant sordide, qui me fait violence dans ce qu'elle donne à voir d’objetisé de la féminité et le fait que ce soit visible partout - y compris par de très jeunes personnes qui se construiront en partie avec ça - et l'inquiétude de peut-être se trouver du côté d'un certain ordre moral, en ayant envie d'hurler parfois contre ça... C'est vraiment un sujet qui me bouleverse, pour tout dire, parce qu'il fait se heurter entre elles plusieurs de mes valeurs personnelles.
Hors, Ovidie, avec des mots justes et simples, semble parvenir à dire (je dis "semble" car je n'ai pas encore lu ce livre) que non, ce n'est pas moraliste de dire que le sexe gratuit des tubs est violent et que sa diffusion non réglementée est un non sens. Puisque de telles images d'actes sexuels (souvent violentes, sexistes et/ ou dégradantes, sur les sites tubs) ne doivent pas être
exposées à des mineur-es dans
le monde réel* pourquoi le sont-elles sur internet? (* parler d'IRL, ça semble même caduque ici, internet étant devenu partie intégrante du monde réel et du quotidien: on y voit des choses réelles, la vie et la sexualité de vraies personnes....). Il était vraiment temps que tout ça soit soulevé et pour une fois, ce ne sera pas par des féministes abolitionnistes qui se font critiquées de toutes part, mais par une réalisatrice de films pornos. Et ça, ça peut changer la donne, ça donne de l'espoir. (Je surkiffe la partie en gras !).
Résumé:
En dix ans, l'humanité a regardé l'équivalent de 1,2 million d'années de vidéos pornographiques et 95 % de cette consommation passe par ce que l'on appelle " les tubes ", des sites de streaming gratuits. Jamais l'accès au porno n'aura été aussi facile : des millions de contenus sont à disposition de façon permanente, sans restriction d'âge, sans aucune forme de contrôle quant à la violence des contenus diffusés. La gratuité combinée à l'immédiateté du streaming fait de ces sites un moyen prisé pour accéder aux images explicites, tant par les adultes que... par les mineurs. Car depuis la démocratisation du smartphone, l'âge moyen de la découverte du porno est descendu à 9 ans. 70 % des consommateurs mineurs ont accès à ces contenus, non pas à partir de l'ordinateur de la maison, comme trop de parents l'imaginent, mais tout simplement à partir de leur téléphone. Ce même téléphone qu'ils emportent chaque jour à l'école et auquel ils ont libre accès lorsqu'ils sont seuls dans leur chambre.
Mais pourquoi ces plateformes ne proposent-elles pas de système de filtrage ? Et surtout, pourquoi personne n'en demande-t-il la régulation ? Alors que ces sites figurent parmi les plus fréquentés au monde, au point d'être classés devant Apple et Microsoft, on ne peut qu'être frappé par le silence assourdissant des politiques. Les tubes agissent en toute illégalité, proposent du contenu piraté, ne respectent pas les lois européennes en termes de protection de l'enfance, agissent en toute impunité, sans qu'aucun gouvernement réagisse.
C'est pourquoi nous devons nous réapproprier le sujet, sans panique morale mais sans minimiser non plus l'impact de la " porn culture " sur notre sexualité et sur nos rapports de genre. Il est temps pour nous tous d'en comprendre les rouages, de connaître ses moyens de diffusion, de la décoder et d'en évaluer l'impact sur notre rapport au corps et à l'Autre. Puisque nous ne pouvons revenir à une époque pré-Internet, autant analyser ce qui nous entoure avec pragmatisme et chercher les meilleures mesures de protection. Ainsi seulement il nous sera possible d'en jauger les éventuels dangers, d'avoir une conversation apaisée avec nos enfants et de faire en sorte qu'ils n'en soient pas affectés dans leur construction identitaire.
EDIT: Bon, mon chéri me parle de Quadrature du net, d'Edward Snowden et de DPI (Deep Packet Inspection) et de toute la problématique quant à la mise en place d'une politique de contrôle du net. Il pose des questions pratiques, quoi... J'avoue que ça m'était passé un peu au-dessus de la tête, me disant que déjà, dans un premier temps, c'était vraiment pas mal d'en parler et de se questionner sur des solutions possibles. Je ne sais pas jusqu'où Ovidie a poussé ses investigations et propositions de solutions, mais moi, c'est vrai, je suis sans doute assez naïve sur le sujet (j'imaginais un genre d'interdiction de diffusion de pornographie gratuite pour les consommateurs, c'est dire si je suis à côté de la plaque...
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