Films de Blier, accompagnés d'un zeste d'Orange mécanique, saupoudrés d'un Râpé de revenge.

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Films de Blier, accompagnés d'un zeste d'Orange mécanique, saupoudrés d'un Râpé de revenge.

Message par kolonel muller » 25 avr. 2019 17:38

[EDIT modération: Topic dérivé du sujet "Ils nous quittent et le monde ne sera plus jamais pareil", à propos, au départ, du décès de Jean-Pierre Marielle, qui a enchaîné sur les films de Bertrand Blier et plus encore. Notamment sur le film Les Valseuses et les questions de violence et/ou misogynie qu'on y trouve ou pas.]

****************************************************

CALMOS vous en pensez quoi ??? J'ai tenu 30 minutes ... Certain(e)s me disent qu'il faut que je persévère, que c'est un film culte, que j'ai rien compris ... Que le déluge de misogynie c'est du second degré ... :p4:
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Re: Films de Blier, accompagnés d'un zeste d'Orange mécanique, saupoudrés d'un Râpé de revenge.

Message par vincent » 25 avr. 2019 20:00

je l'ai vu mais il y a quasi 20 ans de ça... il m'avait bien plu mais je n'en ai plus guère de souvenir précis.. juste d'un OVNI (même par rapport aux autres films de Blier) avec une fin quasi SF aussi barrée que celle de Papy fait de la résistance :vieuxcon: :vieuxcon:
je me souviens par contre d'en avoir parlé aussitôt a mon frangin, et la ma mère chope par hasard la conversation.
"Calmos le film ? avec Jean Rochefort?" "oui oui" et elle répond en rigolant "Holala je l'ai vu au cinéma a sa sortie... c'est le seul film porno que j'ai vu dans ma vie"
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Re: Films de Blier, accompagnés d'un zeste d'Orange mécanique, saupoudrés d'un Râpé de revenge.

Message par Toma » 25 avr. 2019 20:37

kolonel muller a écrit :
25 avr. 2019 17:38
CALMOS vous en pensez quoi ??? J'ai tenu 30 minutes ... Certain(e)s me disent qu'il faut que je persévère, que c'est un film culte, que j'ai rien compris ... Que le déluge de misogynie c'est du second degré ... :p4:
Perso, j'adore, mais de toute façon avec Marielle, j'ai du mal à être objectif.....C'est à peu près les mêmes réserves qu'on peut formuler pour les Valseuses!
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Re: Films de Blier, accompagnés d'un zeste d'Orange mécanique, saupoudrés d'un Râpé de revenge.

Message par abFab » 25 avr. 2019 22:04

kolonel muller a écrit :
25 avr. 2019 17:38
CALMOS vous en pensez quoi ??? J'ai tenu 30 minutes ... Certain(e)s me disent qu'il faut que je persévère, que c'est un film culte, que j'ai rien compris ... Que le déluge de misogynie c'est du second degré ... :p4:
Pierre Tevanian avait écrit un billet dans lequel il cause de ce film :
http://lmsi.net/De-quoi-Pierre-Richard-est-il-le
(ya Pierre Richard dans le titre, mais c'est beaucoup question de Marielle)
J'ai toujours pas vu le film, mais je me suis souvenu du billet...
"Les galettes de Pont Aven (1975), avec Jean-Pierre Marielle dans le rôle de Jean-Pierre Marielle, c’est-à-dire du mâle franchouillard moustachu en détresse millésime seventies, mais des seventies ni joyeuses ni libertaires ni gauchistes ni surtout féministes, non : les seventies bien rances, réactives, réactionnelles, réactionnaires, celles de Bertrand Blier, celles des faussement rebelles Valseuses, du pathétique Calmos ! (avec Marielle, encore, justement), celles aussi du grotesque Sex shop de Claude Berri (avec Marielle, toujours !)."

Visiblement Tevanian a pas non plus trop trop perçu le second degré...
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Re: Films de Blier, accompagnés d'un zeste d'Orange mécanique, saupoudrés d'un Râpé de revenge.

Message par Chéri-Bibi » 26 avr. 2019 10:41

Il a pas entièrement tort le Tévanian sur ce coup-là (pas tant dans la phrase que tu cites -qui semble oublier la réception critique de ces films à l'époque- que dans le reste de son papelard).
Malgré ça, j'adore Calmos pour son délire jusqu'auboutiste qu'on serait bien en peine de prendre au 1er degré (comme La Grande bouffe de Ferreri), et Les Valseuses pour son road-trip de paumé(e)s (faut pas oublier la Miou-Miou) dans la France profonde. Pis la dernière fois que j'ai vu Les Galettes de Pont-Aven, c'était avec ma mère qui se marrait tout du long. Pourtant, niveau féminisme, elle en connaît un rayon. À l'inverse, plus jeune que mézigue, mon frère n'a pas accroché du tout.
Il y a tout de même quelque chose de générationnel dans cette paillardise au machisme caricatural (la caricature étant revendiqué, ce que Tévanian semble oublier également*). Evidemment, décortiqué à l'aune des gender studies et radicalités militantes du XXIe siècle, toute une filmographie ne passe pas l'épreuve haut la main (aux fesses), à l'instar sans doute de l'œuvre littéraire du pépère San Antonio. Mais bon, s'il faut considérer ça comme un plaisir coupable, allons-y gaiement. D'autant qu'il est bon de se rappeler que les premiers films de Blier (dont Les Valseuses et Calmos en première ligne) s'attirèrent les foudres de la France réactionnaire, choquée et blême, alors que la jeunesse contestataire de l'époque y trouvait un délire libérateur... Autre temps, autres mœurs ?



Ce qu'a pas pigé Tévanian à mon avis, c'est qu'avec Calmos, Blier montre jusqu'à l'absurde la peur des mâles de son époque face aux changements de société, à la libération des mœurs et des sexes. On pourrait même dire qu'avec sa misogynie surréaliste, le film renverse le patriarcat en imaginant un monde où ce sont les femmes qui harcèlent les hommes pour en faire des objets sexuels. Aux États-Unis, à la même époque, certains films dit "d'exploitation" se risqueront à inverser la ségrégation "raciale" pour dénoncer celle-ci (ou montrer là aussi l'absurdité des préjugés de couleur), voir -ou pas- Black Gestapo. Pousser une situation dans l'excès parodique n'est plus trop dans l'ère du temps hélas, faite de "fake news" complotistes et d'amalgames systématiquement pris au 1er degré (certains adeptes de Dieudonné allant jusqu'à le comparer à Desproges dont le sketch outrancier sur les juifs visait de fait les antisémites)... Alors effectivement, je préfère me taper un bon sauciflard avec Rochefort et Marielle que du quinoa avec des oeillères.

Par contre, je déteste Le Dernier Tango à Paris (puisque Tévanian l'évoque) car je ne confonds pas paillardise bien grasse et voyeurisme chic au beurre.

* Sans compter qu'accuser Joël Séria (réal des Galettes de Pont-Aven mais aussi -surtout?- de Mais ne nous délivrez pas du mal) d'être réac, c'est un peu fort de café. En fait, à la réflexion, je n'arrive plus à me rappeler en quoi Pierre Tévanian n'a pas tout à fait tort vu qu'il attribue Les Galettes de Pont-Aven à Blier, preuve d'un douteux sérieux cinéphile.
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Re: Films de Blier, accompagnés d'un zeste d'Orange mécanique, saupoudrés d'un Râpé de revenge.

Message par Norma Bates » 26 avr. 2019 17:00

Aparté non puriste.
Dans mes souvenirs d'enfant, quand les galettes de Pont-Aven ou Les Valseuses passaient à la téloche et que les parents laissaient ça tourner pendant les apéros trop longs avec leurs potes, en ne faisant absolument pas gaffe qu'on matait ça en douce en nous goinfrant de faux curly: et ben ça me gênait profondément. Pas pour la partie nudité, crudité. Mais parce que c'était toujours les femmes qu'on voyait nues (dans mon souvenir, je dis bien). Comme dans beaucoup de trucs à la télé à cette époque d'ailleurs (que les moins de 30 ans ne peuvent pas connaître), genre dans les trucs grivois et sexistes à souhait, à la Benny Hill ou Cocoboy..... hum (ou le faux-semblant de toute une époque de vouloir faire croire que les meufs "gaulées" adoraient se trémousser devant (voir se taper) des vieux "pas beaux" libidineux, ah ah :lol: ).
Mais là en plus, dans ces deux films en particulier, je trouvais l'atmosphère violente, en fait. Quand Miou-Miou se fait balancer à la flotte, en voyant cette scène encore aujourd'hui, ça me fait gueuler "connards". Quand ils lui parlent comme à une merde aussi. J'ai juste envie de les insulter ces deux mecs, "bons" jeux d'acteurs, bonnes réparties ou pas.
J'ai été élevée aux dialogues d'Audiard, mon père lisait San Antonio, on n'était pas "coincés", loin de là (et encore moins baptisés ;-)). Mais ces deux films là me répugnaient, en quelque sorte. Je crois qu'on peut parler de dégoût. J'ai réessayé de voir les Valseuses à l'adolescence, ça m'a révoltée tout autant. Il faudrait que je re-tente, je serais peut-être moins sensible à certaines choses maintenant. Bref.

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Re: Films de Blier, accompagnés d'un zeste d'Orange mécanique, saupoudrés d'un Râpé de revenge.

Message par kolonel muller » 26 avr. 2019 17:45

@Norma : moi aussi faut que je réessaye les VALSEUSES ... Film culte pour moi, mais pas vu depuis quinze ans ... Et en quinze ans, mine de rien, j'ai ouvert les yeux, fait du chemin sur certains sujets ... Je vais peut-être voir les choses sous un autre angle qui sait ?

@Daniel : je savais que tu réagirais ! Intéressant tout ce que tu dis sur le contexte de l'époque, sur la façon dont il a été perçu dans les 70's ... Ce matin, sur RANCE INTER ( oui bah s'il y avait le choix j'écouterais aut'chose !! ), ils ont passé un extrait de CALMOS pourtant anodin, où l'on entend Marielle envoyer bouler une femme qui lui demande son chemin ... Hé bien la journaliste a sorti : " comme on a pu l'entendre, il n'était pas très respectueux des femmes diront certains " ... Alors le reste :-P
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Re: Films de Blier, accompagnés d'un zeste d'Orange mécanique, saupoudrés d'un Râpé de revenge.

Message par Chéri-Bibi » 26 avr. 2019 18:36

kolonel muller a écrit :
26 avr. 2019 17:45
ils ont passé un extrait de CALMOS pourtant anodin, où l'on entend Marielle envoyer bouler une femme qui lui demande son chemin ... Hé bien la journaliste a sorti : " comme on a pu l'entendre, il n'était pas très respectueux des femmes diront certains " ... Alors le reste :-P
C'est débile d'attribuer à un acteur le mode de pensée de son personnage.
Pour Les Valseuses, bien sûr que le film est violent, que la manière dont les deux personnages masculins traitent le personnage de Miou-Miou est violent. J'adore Orange Mécanique, Kubrick et Malcolm McDowell, est-ce pour cela que j'approuve les exactions d'Alex -ou que Kubrick et McDowell les approuvaient ? Bien sûr que non.
Est-on à ce point biberonné de (super)héros sans peur et sans reproche pour ne plus savoir ce qu'est un anti-héros justement ? Ce qu'il est censé révéler du monde en faisant naviguer le spectateur entre fascination et répulsion ?

Les personnages de Depardieu et Dewaere dans Les Valseuses sont des petites frappes, à la fois victimes et bourreaux. Le ressenti de jeunesse de Norma est tout à fait normal: qu'une jeune fille (ou un jeune garçon d'ailleurs, peut-être dans une moindre mesure il est vrai) se sente choqué par leurs actes est plutôt sain, vu qu'à nos jeunes âges on a moins le sens de la nuance et on reçoit les choses brutes de décoffrage (par ailleurs, on voit Dewaere et Depardieu à poil dans le film). En ce qui me concerne, tout gosse, j'avais été choqué par les aventures de Ranx Xerox dans L'Écho des Savanes que je lisais en cachette. Pourtant j'irais pas aujourd'hui prendre Liberatore (scénariste & dessinateur) pour un facho pédophile.

À la même époque que Les Valseuses (1974), Jeanne Moreau signait le manifeste des "343 salopes" (1971) en faveur de l'avortement, vous pensez franchement qu'elle aurait accepté un rôle dans un film prônant la misogynie ? Miou-Miou, elle, jouait une adolescente violée par des CRS dans le génial et violent Themroc un an avant. Quant à Brigitte Fossey, qui joue dans Les Valseuses -la scène du train à l'ambigüité dérangeante-, elle récidivera pour Calmos. Les prenez pas pour des cruches.

Alors Blier, un misogyne affirmé ? J'ai des doutes tout de même. L'un des plus beaux rôles de femme vengeresse est celui tenu par Carole Bouquet dans Buffet Froid (1979). Qu'il ait un goût pour la provoc tout azimut, par contre...

Calmos, Les Valseuses, Les Galettes de Pont-Aven, des films dérangeants sûrement. Mais en faire, 40 ans plus tard, des films réactionnaires relève d'une certaine malhonnêteté intellectuelle ou, tout du moins, d'une certaine ignorance du contexte social qui les a produit. Ou plutôt contre lequel ils ont été produit.
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Re: Films de Blier, accompagnés d'un zeste d'Orange mécanique, saupoudrés d'un Râpé de revenge.

Message par Norma Bates » 27 avr. 2019 10:09

C'est débile d'attribuer à un acteur le mode de pensée de son personnage.
Débile, c'est un peu fort. Pas argumenté, clairement par contre. Parce que des acteurs de cette génération qui ont plus ou moins adopté l'attitude des personnages qu'ils ont campé, il y en a tout-de-même. Depardieu en premier lieu. Il n'est pas plus tendre ni poli avec les femmes dans la vie, que ses personnages misogynes et grande-gueules. Marielle, lui, gardait ce ton et cette sorte d’impassibilité de ces persos, dans les interviews de la vraie vie. Et jouer un peu les "cacous" en vrai, c'est ce qu'on attendait d'eux, c'est ça qui marchait, c'est ce qui a contribué à leur succès. La journaliste a fait un gros raccourci, certes, mais que je lis plutôt comme une question posée ou critique, du genre de "Est-ce que certains iront jusqu'à déduire qu'il n'était pas respectueux des femmes...".
J'adore Orange Mécanique, Kubrick et Malcolm McDowell, est-ce pour cela que j'approuve les exactions d'Alex -ou que Kubrick et McDowell les approuvaient ? Bien sûr que non.
Est-on à ce point biberonné de (super)héros sans peur et sans reproche pour ne plus savoir ce qu'est un anti-héros justement ? Ce qu'il est censé révéler du monde en faisant naviguer le spectateur entre fascination et répulsion ?
Sauf que je ne pense pas qu'on puisse comparer les Valseuses à Orange Mecanique, autre Funny game, ou pour aller plus vers le cinéma français (Edit: dans le sens européen proche et francophone), C'est arrivé près de chez vous. Parce que ce sont des univers totalement différents. Pas le même cinéma. (Je l'ai regardé, du coup). Ce qui est malsain dans les Valseuses et c'est sans doute ce que certain-e-s qualifient de génial, c'est que le film a été qualifié de comédie, de potache. Et que ça faisait marrer dans les chaumières à 20h30. Qui n'a pas entendu Tonton Gaston, ou un pote de collège, hilare, imiter le très célèbre " "On n'est pas bien là ? Paisibles, à la fraîche, décontractés du gland...". Et des gens vanter l'humour décapant des sorties des personnages.
Ces personnages sont des ordures finies, qui auraient mérité de tomber sur Valérie Solanas sous acide dans une ruelle sombre.
Quand ils s'excitent en regardant cette femme allaiter son bébé dans le train (Brigitte Fossey), alors qu'on voit qu'ils la dégoûtent et qu'elle essaie de fuir, ça me donne envie de gerber, pas de rire, ni de répéter leurs phrases pourries du genre "Tu sais qu'ils sont vachement bandants tes nichons". Ils finissent par la violer. Cette scène n'est pas "ambiguë", non, désolée mais là je me révolte!!! Elle est sordide, ultra-violente, c'est un viol sans ambiguïté aucune, merde! Le perso de Fossey finissant par prendre celui de Dewaere dans ses bras, comme des femmes font parfois celles qui "participent" durant un viol, par peur de se faire frapper ou tuer. Elle a son bébé dans le couffin près d'elle, elle serait prête à tout pour que ça s'arrête. Là où de sombres crétins y verront que finalement elle aime ça la garce. Et c'est ça que je reproche au scénario et donc au réalisateur, c'est d'avoir jouer sur un genre de fausse ambiguïté. Celle de vouloir faire croire que des femmes pouvaient finalement prendre plaisir à se faire humilier et violer.

Bon le reste du film est (de la merde) sur la même veine. Ils humilient et torturent le perso de Miou-Miou à la 45ème minute. Et la violent. En lui disant "On a toute la nuit devant nous". J'ai vraiment cru que je n'allais pas pouvoir réussir à continuer. Puis elle adopte un syndrome de Stockholm, totalement soumise à ces deux sacs à merde qui la dominent au plus haut point.
À la même époque que Les Valseuses (1974), Jeanne Moreau signait le manifeste des "343 salopes" (1971) en faveur de l'avortement, vous pensez franchement qu'elle aurait accepté un rôle dans un film prônant la misogynie ? Miou-Miou, elle, jouait une adolescente violée par des CRS dans le génial et violent Themroc un an avant. Quant à Brigitte Fossey, qui joue dans Les Valseuses -la scène du train à l'ambigüité dérangeante-, elle récidivera pour Calmos. Les prenez pas pour des cruches.
Ne parlons pas à leur place non plus. Les femmes avaient obtenu le droit de vote il n'y avait pas si longtemps. Elles défendaient le droit à l'avortement. Mais elles étaient bien loin de Balance ton porc, il ne faut pas tout mélanger. Justement, la violence des mots et des actes, sur petit et grand écran n'était pas remise en question. Les gens ont adoré le dernier Tango à Paris. Il a fallu longtemps pour que l'actrice révèle qu'elle s'était sentie violée et trahie lors du tournage. Des femmes qui ont tourné les scènes qu'ont leur a dit de tourner, sans savoir ce que tout le film finalement allait donner, ça a bien dû arriver. On ne peut pas dire qu'un réalisateur reconnu n'était pas misogyne pour raison que des actrices acceptaient de tourner dans ses films.

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Re: Films de Blier, accompagnés d'un zeste d'Orange mécanique, saupoudrés d'un Râpé de revenge.

Message par Chéri-Bibi » 27 avr. 2019 13:14

On peut comparer Les Valseuses à Orange Mécanique (1971) puisque Blier s'est inspiré de ce dernier pour son roman (1972) qui a donné le film. Et C'est arrivé près de chez vous n'est pas un film français (à moins que les Belges soient des Français qui s'ignorent).

Les Valseuses n'est pas une comédie potache -en tout cas je ne l'ai jamais considéré comme tel–, c'est un film violent dont les anti-héros commettent (entre autres) des saloperies. Effectivement, le rapport sexuel avec le personnage de Brigitte Fossey est imposé et tarifé. Le personnage de Miou-Miou est humilié. Le personnage de Depardieu pénètre de force celui de Dewaere...
J'aime beaucoup Les Valseuses, Orange Mécanique et C'est arrivé près de chez vous, pourtant tous trois contiennent des scènes de viol assez insoutenables (quelles scènes de viol ne le sont pas d'ailleurs?). Et paradoxalement, tous trois suscitent volontairement une certaine sympathie (et une sympathie certaine) pour leurs personnages principaux.
Participent-ils d'une culture du viol ou dénoncent-ils la violence des rapports sociaux ? Font-ils preuve de génie ou de maladresse ? Sans doute que la réponse est justement (trop) ambigüe.
Trois films cultes qui ont marqué leur temps, trois films loin d'être lisses et irréprochables, trois films que j'ai envie de défendre mais qui ne le sont pas entièrement (défendables).

Quand j'ai préparé mon dossier sur les films de rape & revenge (ChériBibi n°7, 2011), ma compagne de l'époque a abdiqué très vite au visionnage intensif que je m'étais imposé -plus d'une trentaine de films en moins d'un mois. J'avais moi-même peur que le fait d'être un mâle me rende plus tolérant à ce qui était montré à l'écran (ce qui a joué à coup sûr). Au final, j'ai noté que souvent les films les plus voyeuristes n'étaient pas forcément ceux dont le discours était le moins intéressant. Est-ce le cas pour Les Valseuses, Orange Mécanique ou C'est arrivé près de chez vous ?
Le cinéma est un art voyeuriste par essence et ces trois films en ont tous joué à fond. On peut leur reprocher, ou/et réfléchir à ce qu'ils révèlent de leur époque.

Pis tiens, deux articles retrouvés sur le net sur -pour l'un- la réception du film à l'époque :
https://next.liberation.fr/culture/2013 ... ure_917101
https://unegrainedansunpot.com/2015/04/ ... etrograde/
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