Disons qu'on peut avoir différents intérêts de lecture. Même si on est pas un gros fan du groupe, la contextualisation fréquente fait qu'on arrive à situer le groupe et son évolution dans l'ensemble de l'époque. A ce titre c'est quand même un sacré bon témoignage, il ya des passages (notamment sur la dope) qui prennent bien aux tripes.
L'intro de Thierry Saltet, qui retrace l'histoire du mouvement skin, est vraiment chouette je trouve. Donc à la fois un bouquin de témoignage d'une époque, de recontextualisations instructives (ou tout du moins rafraichissantes, ce qui fait pas de mal), et une virée au coeur d'un groupe emblématique (donc qui ravira les fans évidemment).
Il ya un énorme boulot, la structure chronologique permet de pas trop perdre le lecteur le long des 300 pages (285 hors annexes)...
Personnellement, j'ai quand même l'impression que c'est pas un super choix technique. C'est trop long et trop aride. Pas d'illustration, pas de photos, à force on s'y perd avec tous ces intervenants. Finalement c'est le même concept que "45 révolutions par minutes" sur Nuclear device (et "Sur la route avec les Ramones", paru chez Rytrut), à savoir des extraits d'interviews qui construisent une histoire... et le résultat est pas du tout le même !
On peut aussi se poser la question : est-ce que la cavale de Bertin et les minutes du procès c'est du Camera Silens ?
C'est là que ça coince un peu quand même, et qu'on se dit qu'on est bien content finalement d'avoir échappé à la reformation. Parce que toute la fin du bouquin c'est une foutue réhabilitation de Komintern sect. Le groupe n'est jamais présenté, il apparait juste comme une sorte de petit frère naturel des Camera. Quand ils évoquent une éventuelle reformation ça donne :
Benoit : "Ni Gilles ni moi on se voit faire les guignols sur scène. S'il y avait une reformation, ce serait pour une seule fois avec l'ami organisateur de Bretagne, son gros Sweet Punk Festival (sic) à St Brieuc, ou le Breton Lord Convention, axé tatouages, l'autre pur punk rock."
Pour ceux qui ne cernent pas bien qui est cet "ami organisateur" de St Brieuc, il a été évoqué ailleurs sur ce forum.
Bref, on aurait eu droit à la brochette Camera Silens / Komintern Sect en tête d'affiche d'un breizh wanker...
Ca aurait été génial comme soirée, Camera Silens qui te prend aux tripes avec Espoirs déçus sur les exilés espagnols, et juste après ton voisin qui fait des ziegs en gueulant "Viva la muerte !" sur Barcelone36 de Komintern Sect. La bonne ambiance garantie !
Remarque, les rescapés de Camera Silens pourront toujours taper l'incruste en guest star au concert de Komintern aux Tanneries... l'extension de la zone grise et le reniement politique ne semblant plus avoir de limite en cette période, tout est envisageable. Cela étant probablement dû au réchauffement climatique. Enfin bon, tout ceci est (pas totalement quand même) hors sujet...