Message
par bub » 29 mars 2023 9:29
Nouveau bouquin du PIND « Punk is not dead », qui n’est pas très punk en passant, « Un feu dans le ciel nordique. Le Black Metal en Norvège (1991-1999) ». J’avoue que j’avais été assez émoustillé à l’époque (ya plus de 10 ans…) par un numéro de Vendetta sur le Black Metal et du coup c’était l’occasion d’en savoir plus (le fanzine, ça vous marque). La dédicace à Flavien (1977-2022) en troisième page, m’a eu quelque peu refroidi… Mais j’étais prévenu. Pour le faire court, description encyclopédique de la scène (tous les groupes BM norvégiens, année après année, divisé en 3 périodes) suivi des thématiques récurrentes de l’époque pour finir sur un peu de musicologie (le blast beat, le tremolo picking, sur des hémiotiques et tritoniques mineurs – d’ailleurs il ne fait même pas référence au triton comme « intervalle du diable », il a dû oublier ??). Come le souligne l’auteur, « Alors que les idéaux de rébellion, de « culture jeune » de contre-culture ou encore de subculture tendent généralement à être associé à la gauche, force est de constater que la scène BM constitue un parfait contre-exemple ». Et là point de vue thématique, on s’en donne à cœur joie : racisme, antisémitisme, misogynie… et encore l’auteur ne traite pas l’idéologie entière déjà traité par d’autres… Le BM c’est sataniste ? mais non, « les satanistes sont des lopettes », le BM c’est viking, c’est Odin, etc… Bref, où est-ce qu’on va ? Il y a une sorte de complaisance académique dans ces idées nauséabondes, avec un manque de recul critique flagrant. L’auteur est donc un spécialiste pointilleux dans le matériel BM. On se demande quel est son intérêt dans ce foutoir de réactionnaires néo-nazi. Parce que néo nazi est un terme pudiquement caché de l’ouvrage qui n’est abordé que par des citations. L’auteur ne prends pas parti. Il cite abondamment Burzum et Vag Vikernes sans jamais parler de NSBM. (Ah oui, parce que d’un point de vue universitaire, Vikernes ne se dit pas néo nazi entre les années 1991 et 1999). J’ai l’impression de lire le bouquin « Rock Haine Roll » mais sans l’appareil critique de No Pasaran. Franchement, où la dédicace à Flavien prend tout son sens. Je crois que le plus surprenant est dans l’avant-propos de Luc Robène et Solveig Serre : « Ce travail séminal aura une place désormais incontournable bla bla » ??? C’est juste un bouquin issu d’une thèse qui synthétise pleins d’écrits sur le BM et qui n’a aucun recul sur le matériel. Le seul concept (à la mords moi le nœud quoique potentiellement porteur) n’est pas de l'auteur: l’anti-réflexivité réflexive du sociologue Kahn Harris est mal exploité. Quid des relations antinomiques entre pureté (de la race) et enregistrement lo-fi ? quid des relations entre nationalisme et quête de l’underground ? Quid de l’idéologie BM devenu mainstream ? On a l’impression que le BM a enfin conquis le monde et tous les gens se sont tournés en masse vers l’apologie d’un homme blanc hétérosexuel fort. Quid des dissensions dans la scène BM autour de l’idéologie. Entre satanistes et viking, c’est la guerre ? de la provoc à la mode des rappeurs qui font le buzz ? A qui sera le plus viril ? Qui des contradictions de cette scène, pourquoi son apparition dans les années 90 (l’auteur ne fait même pas référence à Retromania de Simon Reynolds, ce qui serait un minimum qu’on en parle de retour à l’authenticité d’un style de musique). Bref, très décevant à moins qu’on ait une envie malsaine du côté sombre quand on en aura marre d’écouter en boucle « All skrewed up » et « une force, une cause, un combat », parce que quand même yen a des bien… D'ailleurs, à quand un bouquin bien documenté et incontournable du PIND sur le RAC? Ca manque quand même...