RATCHARGE RADIO VOL.6 - primitif, primitif, primitif!
Posté : 14 nov. 2009 13:38
"You may love their music or you may not, but whatever you feel, at last you know you can listen to artists who are real."
Pour ce volume (sans blabla entre les morceaux cette fois) voici regroupés certains des morceaux les plus primitifs, amélodiques, arythmiques, inaptes au solfège auxquels j'ai pu pensé. J'imagine que certains n'arriveront pas à écouter l'émission en entier, que d'autres ne verront pas l'intérêt et que d'autres prendront la chose à la rigolade. C'est cette dernière réaction, pourtant prévisible, qui me dérangerai le plus: ces groupes et ces morceaux, sans second degré aucun, sont des classiques incontournables dans ma chambre et mes oreilles.
Deux choses importantes à propos de cette émission:
1) Il me semble que la façon dont nous entendons et écoutons la musique est, comme le reste, un pur produit de l'environnement dans lequel nous avons grandi. Comme toute chose elle peux (et si voulez mon avis, doit) être déconstruite. Certains découvrent Nirvana ou le grindcore à une époque où leurs oreilles demandent du changement et sont prêtes à le recevoir, puis passent quelques paliers et considèrent avoir atteint la limite de ce qu'ils cherchent en terme de distance avec les structures et le son de ce qui est traditionnellement acceptable, musicalement parlant. D'autres en demandent toujours plus. La localisation de cette limite est purement arbitraire.
2) La vague punk n'a pas tenu ses promesses initiales de démocratisation de la musique. Dans le punk comme ailleurs on trouve une écrasante majorité de gens pensant qu'il faut "savoir jouer" d'un instrument pour faire de la musique, et qu'il existe de "bonnes" et de "mauvaises" façons d'écrire des morceaux, de faire sonner ses enregistrements, d'accorder ses instruments, etc. Pour ceux d'entre nous qui croient à l'importance de la destruction de la barrière artiste/ spectateur dans la musique comme dans le reste de la vie, c'est un constant décevant.
Sans transition, voici la présentation des morceaux. Dans le contexte musical actuel il me paraît approprié de souligner qu'à l'exception de MORGANE DESBEET nous n'avons pas ici à faire à des groupes de "noise" mais que pourtant ce que fait notre ami lyonnais me paraît d'avantage coller avec ces groupes qu'avec les nombreux "artistes" revendiquant cette étiquette bâtarde s'il en est en 2009.
1. Intro. Un truc débile, fait-maison.
2. THE SILVER - do you wanna dance? Quelque part en Finlande à la fin des années 70, un groupe d'humanoïdes non-identifiées décident de reprendre le tube des BEACH BOYS (déjà repris par les RAMONES) et de l'enregistrer. Ca donnera ce monument, récemment bootlegé. Si quelqu'un a d'autres morceaux (notamment la face B du 45) en mp3, faites un heureux, faites tourner.
3. THE GODZ - now song. Entre 1966 et 67 ces new-yorkais ont sorti trois albums sur ESP Records, label nord-américain hors-norme dont le catalogue vinylique incluait tant des disques de free-jazz (Ornette Coleman, Sun Ra) que des lectures de William Burroughs, du proto-proto-punk (THE FUGS) ou des compilations de morceaux chantés en Esperanto (le label avait des liens avec la fondation espérantiste). Entre folk-minimaliste et avant-rock-psyché, les DIEUXZ ont décidé d'apprendre à jouer une fois le groupe commencé, plutôt que l'inverse.
4. RAPT – no need for melody. Extrait de leur split cassette avec LÄRM, un morceau dont le titre résume toute leur carrière. Des punks français lookés comme des finlandais qui décident de faire du hardcore bruitiste à des années lumières des étouffantes normes du punk hexagonale dans les années 80 comme aujourd'hui. Les japonais et les ricains nous les envient, mais ici tout le monde s'en fout. Hail Rapt.
5. L.A DRUGS – casual sex. Sorti en CDR en 2003, puis réédité en LP sur Twisted Village par la suite, l'album éponyme de L.A DRUGS (de Boston, MA) représente le croisement parfait entre THE SILVER et le premier EP de MIKA MIKO, ou entre les SHAGGS et un live pirate de LE TIGRE enregsitré au dictaphone. Pas un morceau à jeter, de telle sorte que j'ai longuement hésité avant de chosir lequel passer. Des gamin-e-s qui décident de faire du bruit avec les moyens du bord et de l'enregistrer, ça ne vous rappelle rien? Tous les groupes des débuts du hardcore ricain, pour commencer. L'album n'est que tubes semblants constamment à deux doigts de se casser la gueule par terre en dégageant de superbes odeurs de poppers, d'éther et autres drogues pour ados fauchés, avec des titres allant de "One Night Stand" à "Stagedive" en passant par "High School" et "I H8 Copz 2 D Max" (référence à The Decline Western Civilization également "reprise" par les Young Wasteners, breeeeeeeef). Un vrai classique under-underground des années zéro.
6. MORGANE DESBEET – animal machine. Christophe a déjà tout résumé dans le # 15 de Ratcharge: « (…) les groupes de noise et noisecore pour ma part sont des groupes qui ne sont pas ou très peu connus pour la plupart, que peu de gens écoutent, pas de message quelconque en général dans les paroles, des styles assez difficiles à approcher, accrocher et maîtriser de façon auditive, de l'improvisation, une liberté d'action très grande, pas de barrières musicales, mélodiques, etc, à respecter, pas de règles, ni d'imposition, un style abordable pour tout le monde, qu'ils sachent ou non utiliser un instrument, qu'ils aient ou non un instrument, pour résumer et vulgariser : suffit d'un appareil permettant d'enregistrer et restituer le son et de rien et on peux commencer un projet de noise... »
7. THE SHAGGS – my pal foot foot. Trois sœurs, encouragées par leur père à prendre des instruments et sortir un disque. Bien qu'elles aient pris des leçons de musique (par correspondance!), les SHAGGS avaient tout compris: "The Shaggs love you, and love to perform for you. You may love their music or you may not, but whatever you feel, at last you know you can listen to artists who are real."
8. IMAGEN – orden desorden. Rippé par Ivan il y a quelques jours, "c'est une sorte de Rapt Colombien, H/C tordu et chaotique de la fin des années 80, le ep est sorti en 92". Parfait.
9. THE FUGS – nothing. Formés au milieu des années 60, les FUGS (Fuckin Ugly!) ont commis un paquet de disques et sont apparus dans le film Chappaqua aux côtés d'Ornette Coleman et William Burrough. Je suis loin de tout connaître d'eux mais serais étonné qu'ils aient surpassé le primitivisme de ce morceau anti-tout, Nothing, par la suite. Comme peinture de la vision du monde en descente d'acide, ça se pose un peu là.
10. THE ELECTRIC EELS - now. Les EELS, ce n'est pas que le groupe d'AGITATED. Ils ont aussi fait du free-jazz.
Bonne écoute!
>>> RATCHARGE RADIO VOLUME 6.
Pour ce volume (sans blabla entre les morceaux cette fois) voici regroupés certains des morceaux les plus primitifs, amélodiques, arythmiques, inaptes au solfège auxquels j'ai pu pensé. J'imagine que certains n'arriveront pas à écouter l'émission en entier, que d'autres ne verront pas l'intérêt et que d'autres prendront la chose à la rigolade. C'est cette dernière réaction, pourtant prévisible, qui me dérangerai le plus: ces groupes et ces morceaux, sans second degré aucun, sont des classiques incontournables dans ma chambre et mes oreilles.
Deux choses importantes à propos de cette émission:
1) Il me semble que la façon dont nous entendons et écoutons la musique est, comme le reste, un pur produit de l'environnement dans lequel nous avons grandi. Comme toute chose elle peux (et si voulez mon avis, doit) être déconstruite. Certains découvrent Nirvana ou le grindcore à une époque où leurs oreilles demandent du changement et sont prêtes à le recevoir, puis passent quelques paliers et considèrent avoir atteint la limite de ce qu'ils cherchent en terme de distance avec les structures et le son de ce qui est traditionnellement acceptable, musicalement parlant. D'autres en demandent toujours plus. La localisation de cette limite est purement arbitraire.
2) La vague punk n'a pas tenu ses promesses initiales de démocratisation de la musique. Dans le punk comme ailleurs on trouve une écrasante majorité de gens pensant qu'il faut "savoir jouer" d'un instrument pour faire de la musique, et qu'il existe de "bonnes" et de "mauvaises" façons d'écrire des morceaux, de faire sonner ses enregistrements, d'accorder ses instruments, etc. Pour ceux d'entre nous qui croient à l'importance de la destruction de la barrière artiste/ spectateur dans la musique comme dans le reste de la vie, c'est un constant décevant.
Sans transition, voici la présentation des morceaux. Dans le contexte musical actuel il me paraît approprié de souligner qu'à l'exception de MORGANE DESBEET nous n'avons pas ici à faire à des groupes de "noise" mais que pourtant ce que fait notre ami lyonnais me paraît d'avantage coller avec ces groupes qu'avec les nombreux "artistes" revendiquant cette étiquette bâtarde s'il en est en 2009.
1. Intro. Un truc débile, fait-maison.
2. THE SILVER - do you wanna dance? Quelque part en Finlande à la fin des années 70, un groupe d'humanoïdes non-identifiées décident de reprendre le tube des BEACH BOYS (déjà repris par les RAMONES) et de l'enregistrer. Ca donnera ce monument, récemment bootlegé. Si quelqu'un a d'autres morceaux (notamment la face B du 45) en mp3, faites un heureux, faites tourner.
3. THE GODZ - now song. Entre 1966 et 67 ces new-yorkais ont sorti trois albums sur ESP Records, label nord-américain hors-norme dont le catalogue vinylique incluait tant des disques de free-jazz (Ornette Coleman, Sun Ra) que des lectures de William Burroughs, du proto-proto-punk (THE FUGS) ou des compilations de morceaux chantés en Esperanto (le label avait des liens avec la fondation espérantiste). Entre folk-minimaliste et avant-rock-psyché, les DIEUXZ ont décidé d'apprendre à jouer une fois le groupe commencé, plutôt que l'inverse.
4. RAPT – no need for melody. Extrait de leur split cassette avec LÄRM, un morceau dont le titre résume toute leur carrière. Des punks français lookés comme des finlandais qui décident de faire du hardcore bruitiste à des années lumières des étouffantes normes du punk hexagonale dans les années 80 comme aujourd'hui. Les japonais et les ricains nous les envient, mais ici tout le monde s'en fout. Hail Rapt.
5. L.A DRUGS – casual sex. Sorti en CDR en 2003, puis réédité en LP sur Twisted Village par la suite, l'album éponyme de L.A DRUGS (de Boston, MA) représente le croisement parfait entre THE SILVER et le premier EP de MIKA MIKO, ou entre les SHAGGS et un live pirate de LE TIGRE enregsitré au dictaphone. Pas un morceau à jeter, de telle sorte que j'ai longuement hésité avant de chosir lequel passer. Des gamin-e-s qui décident de faire du bruit avec les moyens du bord et de l'enregistrer, ça ne vous rappelle rien? Tous les groupes des débuts du hardcore ricain, pour commencer. L'album n'est que tubes semblants constamment à deux doigts de se casser la gueule par terre en dégageant de superbes odeurs de poppers, d'éther et autres drogues pour ados fauchés, avec des titres allant de "One Night Stand" à "Stagedive" en passant par "High School" et "I H8 Copz 2 D Max" (référence à The Decline Western Civilization également "reprise" par les Young Wasteners, breeeeeeeef). Un vrai classique under-underground des années zéro.
6. MORGANE DESBEET – animal machine. Christophe a déjà tout résumé dans le # 15 de Ratcharge: « (…) les groupes de noise et noisecore pour ma part sont des groupes qui ne sont pas ou très peu connus pour la plupart, que peu de gens écoutent, pas de message quelconque en général dans les paroles, des styles assez difficiles à approcher, accrocher et maîtriser de façon auditive, de l'improvisation, une liberté d'action très grande, pas de barrières musicales, mélodiques, etc, à respecter, pas de règles, ni d'imposition, un style abordable pour tout le monde, qu'ils sachent ou non utiliser un instrument, qu'ils aient ou non un instrument, pour résumer et vulgariser : suffit d'un appareil permettant d'enregistrer et restituer le son et de rien et on peux commencer un projet de noise... »
7. THE SHAGGS – my pal foot foot. Trois sœurs, encouragées par leur père à prendre des instruments et sortir un disque. Bien qu'elles aient pris des leçons de musique (par correspondance!), les SHAGGS avaient tout compris: "The Shaggs love you, and love to perform for you. You may love their music or you may not, but whatever you feel, at last you know you can listen to artists who are real."
8. IMAGEN – orden desorden. Rippé par Ivan il y a quelques jours, "c'est une sorte de Rapt Colombien, H/C tordu et chaotique de la fin des années 80, le ep est sorti en 92". Parfait.
9. THE FUGS – nothing. Formés au milieu des années 60, les FUGS (Fuckin Ugly!) ont commis un paquet de disques et sont apparus dans le film Chappaqua aux côtés d'Ornette Coleman et William Burrough. Je suis loin de tout connaître d'eux mais serais étonné qu'ils aient surpassé le primitivisme de ce morceau anti-tout, Nothing, par la suite. Comme peinture de la vision du monde en descente d'acide, ça se pose un peu là.
10. THE ELECTRIC EELS - now. Les EELS, ce n'est pas que le groupe d'AGITATED. Ils ont aussi fait du free-jazz.
Bonne écoute!
>>> RATCHARGE RADIO VOLUME 6.