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Sur mon blog, j'ai commencé une rubrique consacrée à mes interventions en détention (je donne des cours de français chaque semaine au centre pénitentiaire pour femmes de Rennes). C'est du texte brut, pas travaillé du tout ; je cherche juste à rendre compte le plus justement possible de cette expérience. Je ne pense pas écrire systématiquement tous les jeudis, mais avant la fin de chaque semaine en tout cas !

Ça se passe ici pour le premier billet. Je vais sûrement uper à chaque nouveau post. Ouais ouais.

Bonne lecture et à la semaine prochaine !

Anomalia a écrit :[...]
Sur mon blog, j'ai commencé une rubrique consacrée à mes interventions en détention
[...]
Bonne lecture et à la semaine prochaine !

très bonne initiative, la première rubrique est assez factuelle mais elle laisse transpirer une atmosphère trop souvent ignorée : je m'abonne illico, merci !

Juste pour info, a part le Genepi (étudiant-e-s exclusivement), il n'y a pas d'autre moyens d'enseigner en prison ? L'association Auxilia permet d'enseigner par correspondance, mais ne permet pas de contact régulier avec les incarcéré-e-s... et c'est tout. Non ? (Je ne parle pas du CNED qui ne fonctionne pas avec des bénévoles)

A priori je ne vois aucune autre asso du genre... Mais Melvin a fait de la BD en prison (eh oui, je sais tout de toi Melvin), c'était pas du soutien scolaire certes, mais peut-être qu'il a connaissance d'autres trucs du genre. Melvin ? Sinon je peux demander à mes référents de groupe s'ils connaissent une autre asso.

Sinon, le GENEPI insiste bien sur le fait que c'est du soutien scolaire, et pas de l'enseignement (on est pas profs...) mais bon, dans les faits, les détenu(e)s attendent de nous qu'on leur fasse un cours, avec des devoirs, etc. :proy:

Oui, il y a d'autres possibilités, mais techniquement il vaudrait mieux demander à starsky...
Après moi j'y vais pas de manière régulière pour enseigner, ce sont des "stages" d'une semaine. C'est pas tout à fait pareil...

Anomalia a écrit : Sinon, le GENEPI insiste bien sur le fait que c'est du soutien scolaire, et pas de l'enseignement (on est pas profs...)

oui enfin des profs qui enseignent ça devient de plus en plus rare

apparemment ça à l'air normal pour vous d'aller dans les prisons faire de la bd, faire du soutien scolaire, et gna gna gna
eh bien, personellement, je suis contre. je trouve ça ambigu de légitimer l'enfermement en ameliorant ponctuellement et de manière courte les conditions de detentions. non , perso je me sens plus proche des potes de l'envolée ou os cangaceiros. les prisons faut pas les ameliorer mais les detruire. ah certains vous etes vraiment chelous sur ce forum....

Ah je serais totalement d'accord avec toi...
...si effectivement y'avait des gens qui arrivaient à les détruire. Parce que trois bulletins photocopiés, un concert dans un squat et une compile en CDr sont loin d'être un coup de pioche dans un mur.
Lutter contre la prison c'est aussi que des gens aillent voir les taulards pour leur rendre la vie meilleure, parce que pour la plupart, les idées de l'Envolée, ils en ont rien à foutre, ils aimeraient juste avoir accès à l'éducation ou à d'autres trucs.

Complètement d'accord avec Melvin. Ça me fait chier que le ministère de la Justice utilise le GENEPI (et les autres assos) pour se donner bonne conscience (parce que concrètement c'est ça, l'asso a été créée en 1976 après les émeutes en prison... Vive la paix sociale !), et "favoriser la réinsertion". Mais c'est facile de dire ça quand on est dehors. On fait quoi, on les abandonne dans leur cellule sans aucune aide ? S'ils peuvent apprendre des trucs grâce au soutien scolaire, "s'évader" un moment grâce à des activités style BD, jeux de sociétés, passer un exam'... c'est pas la panacée, mais putain on va pas les laisser moisir quoi. On n'est pas dans une logique de légitimation de l'enfermement, mais on aide concrètement des personnes qui en ont besoin. Je peux te dire que ceux qui viennent dans ces activités sont ravis de pouvoir faire ça, et ils sont très touchés qu'on vienne les voir sans rien attendre en retour.

Donc, pendant que tu blablates contre les prisons en picolant avec tes potes, eux, ils effectuent leur peine et ça leur passe complètement au-dessus. Ça devrait pas être si difficile à comprendre. Alors nous traiter de collabos, c'est un peu gros.

Ou alors, tu t'organises demain avec tes potes et vous les libérez tous !

NEMROD a écrit :[...] et gna gna gna[...]

Tu confond hâtivement un moyen d'entrer en contact avec des incarcéré-e-s et un but humaniste d'adoucir l'enfermement.

Ca me fait penser à ce texte, que je trouve particulièrement bien tourné :
tu modifies antisexiste en anticarcérale et on y est

http://dissent-fr.eu/spip.php?article32

Nous nous disons toujours antisexistes, mais en réalité combien
de temps passons nous à travailler sur la question du
patriarcat ? Quand nous abordons ce sujet dans un contexte
mixte, cela se résume souvent seulement à une focalisation
sur ce qui se passe loin de chez nous ou à une liste/catalogue
déprimante du type “les hommes (ne) font (pas) ci, les
femmes (ne) font (pas) ça” sans beaucoup plus d’analyses et de possibilités
réelles d’aller vers des changements concrets. Si l’on s’en
tient aux initiatives prises par les hommes hétéros, l’antisexisme
dans le mouvement anticapitaliste radical me
semble être actuellement de l’ordre du folklore superficiel.
On discute parfois mais on laisse généralement les femmes
prendre les quelques initiatives concrètes à ce sujet.

les prisons faut pas les ameliorer mais les detruire.

Et donc en attendant qu'elles soient détruites rien à foutre de ce que vivent les gens ?
Mener des luttes anti-carcérales (qui n'existent plus en France d'ailleurs depuis 10 ans, on ne fait plus que de l'information sur les prisons) et mener des luttes ponctuelles pour aider des détenus n'est absolument pas contradictoire. Lesage de la Haye qui a été l'un des militants les plus impliqués dans les mouvements anti-carcéraux et anti-psychiatriques a su mener à la fois des actions contre le système, des actions en-dehors du système qui étaient des alternatives concrètes à la prison et à l'HP, et sa profession de psychologue à l'intérieur même des hôpitaux psychiatriques. Et je trouve ça très bien. Parce qu'on est pas anti-prison juste pour se donner le frisson et se branler sur une possible révolution, on est anti-prison parce qu'on juge inacceptable le traitement des détenus et la vision de l'individu que cela implique. Ton message place les grands idéaux au-dessus de l'individu, alors que pour moi c'est vraiment l'individu qui prime en particulier dans les luttes de ce type. Donc si, en attendant d'être détruites, si la vie de certains peut y être "améliorée", tant mieux. Ce qui n'empêchera pas de vouloir les détruire.