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par melvinjunko » 02 mars 2011 17:37
BLACK SWAN
Bon, je pense pas rejoindre les coeurs de louanges qui se tressent autour du dernier Aronofsky, capable du meilleur (pour moi Requiem for a dream) comme du pire (The Fountain), comme du pire dans le meilleur (The Wrestler). A l'évidence le film a été conçu comme une sorte de pendant au Wrestler, même façon de filmer, même caméra qui semble hanter son personnage, sa nuque, même milieu du spectacle où le protagoniste doit lutter contre son corps, le faire souffrir, pour finalement atteindre la même conclusion... Mais là où the Wrestler s'encombrait juste d'une histoire mélo familiale qui plombait un peu le récit, je trouve que Black Swan oscille entre élégance absolue (je parle de la façon de filmer Portman, plus que des scènes de danse) et balourdisme démonstratif (la relation avec la mère, la révolte contre les doudous, l'opposition très caricaturale entre la gentille fille prude et frigide et la copine sympa et délurée). Peut être que le film peine à sortir des rails d'une intrigue trop légère qui ne parvient pas à éviter la redondance pour vraiment inquiéter ou réellement enivrer. Tout ça mis à part, il "reste" quand même une caméra qui danse autour de personnages bien incarnés, même s'il faut reconnaitre que parfois certains dialogues ne sont pas toujours géniaux.
J'ai eu également un sentiment assez étrange, le point de vue du film a beau incarner celui du personnage principal (on voit ce qu'elle voit, on ressent ce qu'elle ressent) j'ai parfois eu l'impression de vivre la réalisation comme un regard très intrusif qui semble plusieurs fois presque violer l'intimité du personnage principal (et je parle pas forcément des scènes de cul).
Ce qui donne au film une autre tonalité qu'une sorte de Locataire-like, pour le coup totalement dans la subjectivité de son personnage.
Sinon j'ai été également un peu déçu par la musique de Mansell, ou plutôt son utilisation, mis à part quelques scènes, j'ai parfois trouvé ça redondant, ronflant.
Pourtant, même si j'ai pas mal de réserves et que j'ai eu du mal à rester ou à être totalement captivé par le film sur sa longueur, je ne peux que reconnaitre qu'il réussit à emmener le spectateur sur un terrain particulièrement casse gueule (le final) sans que jamais ça ne soit ridicule. Et ça, je trouve ça assez remarquable.
Au niveau des influences, j'ai souvent pensé à Polanski (que ça soit Répulsion ou le Locataire), mais également à L'Ange de la Vengeance de Ferrara lorsque Portman, frigide, se frotte à un monde hypersexué (notam. la scène du métro et du vieux pervers).