un p'tit jeu
Re: un p'tit jeu
Je ne respecte pas du tout le jeu, je sais, mais je ne résiste pas à l'envie de vous proposer ce merveilleux extrait de dialogue. A vous de deviner qui se cache derrière ce virulent discours antireligieux (c'est-à-dire la personne A, donc).
(Tiri, tu risques de trouver facilement, donc motus et bouche cousue)
A : Ainsi, vous êtes persuadé que la religion a plus d'avantages que d'inconvénients ; et c'est pour cela que vous l'appelez un bien ?
B : Oui.
A : Pour moi, je ne doute point que votre intendant ne vous vole un peu moins la veille de Pâques que le lendemain des fêtes, et que de temps en temps la religion n'empêche nombre de petits maux et ne produise nombre de petits biens.
B : Petit à petit, cela fait somme.
A : Mais croyez-vous que les terribles ravages qu'elle a causés dans les temps passés, et qu'elle causera dans les temps à venir, soient suffisamment compensés par ces guenilleux avantages-là ? Songez qu'elle a créé et qu'elle perpétue la plus violente antipathie entre les nations. Il n'y a pas un musulman qui n'imaginât faire une action agréable à Dieu et au saint Prophète, en exterminant tous les chrétiens, qui, de leur côté, ne sont guère plus tolérants. Songez qu'elle a créé et qu'elle perpétue, dans la même contrée, des divisions qui se sont rarement éteintes sans effusion de sang. Notre histoire ne nous en offre que de trop récents et de trop funestes exemples. Songez qu'elle a créé et qu'elle perpétue, dans la société entre les citoyens, et dans la famille entre les proches, les haines les plus fortes et les plus constantes. Le Christ a dit qu'il était venu pour séparer l'époux de la femme, la mère de ses enfants, le frère de la soeur, l'ami de l'ami ; et sa prédiction ne s'est que trop fidèlement accomplie.
B : Voilà bien les abus ; mais ce n'est pas la chose.
A : C'est la chose, si les abus en sont inséparables.
B : Et comment me montrerez-vous que les abus de la religion sont inséparables de la religion ?
A : Très aisément ; dites-moi, si un misanthrope s'était proposé de faire le malheur du genre humain, qu'aurait-il pu inventer de mieux que la croyance en un être incompréhensible sur lequel les hommes n'auraient jamais pu s'entendre, et auquel ils auraient attaché plus d'importance qu'à leur vie ? Or, est-il possible de séparer de la notion d'une divinité l'incompréhensibilité la plus profonde et l'importance la plus grande ?
B : Non.
A : Concluez donc.
B : Je conclus que c'est une idée qui n'est pas sans conséquence dans la tête des fous.
A : Et ajoutez que les fous ont toujours été et seront le plus grand nombre ; et que les plus dangereux sont ceux que la religion fait, et dont les perturbateurs de la société savent tirer bon parti dans l'occasion.
B : Mais il faut quelque chose qui effraie les hommes sur les mauvaises actions qui échappent à la sévérité des lois ; et si vous détruisez la religion, que lui substituerez-vous ?
A : Quand je n'aurais rien à mettre à la place, ce serait toujours un terrible préjugé de moins ; sans compter que dans aucun siècle et chez aucune nation, les opinions religieuses n'ont servi de bases aux moeurs nationales. Les dieux qu'adoraient ces vieux Grecs et ces vieux Romains, les plus honnêtes gens de la terre, étaient la canaille la plus dissolue : un Jupiter, à brûler tout vif ; une Vénus, à enfermer à l'Hôpital ; un Mercure, à mettre à Bicêtre.
B : Et vous pensez qu'il est tout à fait indifférent que nous soyons chrétiens ou païens ; que païens, nous n'en vaudrions pas mieux, et que chrétiens, nous n'en valons pas mieux.
A : Ma foi, j'en suis convaincu, à cela près que nous serions un peu plus gais.
(Tiri, tu risques de trouver facilement, donc motus et bouche cousue)
A : Ainsi, vous êtes persuadé que la religion a plus d'avantages que d'inconvénients ; et c'est pour cela que vous l'appelez un bien ?
B : Oui.
A : Pour moi, je ne doute point que votre intendant ne vous vole un peu moins la veille de Pâques que le lendemain des fêtes, et que de temps en temps la religion n'empêche nombre de petits maux et ne produise nombre de petits biens.
B : Petit à petit, cela fait somme.
A : Mais croyez-vous que les terribles ravages qu'elle a causés dans les temps passés, et qu'elle causera dans les temps à venir, soient suffisamment compensés par ces guenilleux avantages-là ? Songez qu'elle a créé et qu'elle perpétue la plus violente antipathie entre les nations. Il n'y a pas un musulman qui n'imaginât faire une action agréable à Dieu et au saint Prophète, en exterminant tous les chrétiens, qui, de leur côté, ne sont guère plus tolérants. Songez qu'elle a créé et qu'elle perpétue, dans la même contrée, des divisions qui se sont rarement éteintes sans effusion de sang. Notre histoire ne nous en offre que de trop récents et de trop funestes exemples. Songez qu'elle a créé et qu'elle perpétue, dans la société entre les citoyens, et dans la famille entre les proches, les haines les plus fortes et les plus constantes. Le Christ a dit qu'il était venu pour séparer l'époux de la femme, la mère de ses enfants, le frère de la soeur, l'ami de l'ami ; et sa prédiction ne s'est que trop fidèlement accomplie.
B : Voilà bien les abus ; mais ce n'est pas la chose.
A : C'est la chose, si les abus en sont inséparables.
B : Et comment me montrerez-vous que les abus de la religion sont inséparables de la religion ?
A : Très aisément ; dites-moi, si un misanthrope s'était proposé de faire le malheur du genre humain, qu'aurait-il pu inventer de mieux que la croyance en un être incompréhensible sur lequel les hommes n'auraient jamais pu s'entendre, et auquel ils auraient attaché plus d'importance qu'à leur vie ? Or, est-il possible de séparer de la notion d'une divinité l'incompréhensibilité la plus profonde et l'importance la plus grande ?
B : Non.
A : Concluez donc.
B : Je conclus que c'est une idée qui n'est pas sans conséquence dans la tête des fous.
A : Et ajoutez que les fous ont toujours été et seront le plus grand nombre ; et que les plus dangereux sont ceux que la religion fait, et dont les perturbateurs de la société savent tirer bon parti dans l'occasion.
B : Mais il faut quelque chose qui effraie les hommes sur les mauvaises actions qui échappent à la sévérité des lois ; et si vous détruisez la religion, que lui substituerez-vous ?
A : Quand je n'aurais rien à mettre à la place, ce serait toujours un terrible préjugé de moins ; sans compter que dans aucun siècle et chez aucune nation, les opinions religieuses n'ont servi de bases aux moeurs nationales. Les dieux qu'adoraient ces vieux Grecs et ces vieux Romains, les plus honnêtes gens de la terre, étaient la canaille la plus dissolue : un Jupiter, à brûler tout vif ; une Vénus, à enfermer à l'Hôpital ; un Mercure, à mettre à Bicêtre.
B : Et vous pensez qu'il est tout à fait indifférent que nous soyons chrétiens ou païens ; que païens, nous n'en vaudrions pas mieux, et que chrétiens, nous n'en valons pas mieux.
A : Ma foi, j'en suis convaincu, à cela près que nous serions un peu plus gais.
"I came to America because I heard the streets were paved with gold. When I got here, I found out three things: first, the streets weren't paved with gold; second, they weren't paved at all; and third, I was expected to pave them."
Re: un p'tit jeu
Contemporain ou non ?
Au vu des tournures, je ne pense pas, mais pourquoi pas, après tout !
Au vu des tournures, je ne pense pas, mais pourquoi pas, après tout !
Re: un p'tit jeu
Well played!!!yienyien a écrit :mittérand
Et pendant ce temps là, papon, libre jubile
l'état n'est pas ingrat quand on lui est servile
Chassant négligemment d’un revers de la main
L’image des enfants qui partent dans les trains
l'état n'est pas ingrat quand on lui est servile
Chassant négligemment d’un revers de la main
L’image des enfants qui partent dans les trains
Re: un p'tit jeu
Non, pas contemporain.Yanic a écrit :Contemporain ou non ?
Au vu des tournures, je ne pense pas, mais pourquoi pas, après tout !
"I came to America because I heard the streets were paved with gold. When I got here, I found out three things: first, the streets weren't paved with gold; second, they weren't paved at all; and third, I was expected to pave them."
- Mokmo Alvil
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Re: un p'tit jeu
niap a écrit :Well played!!!yienyien a écrit :mittérand

Tu sais a quelle occasion il a dit ca ? ca m'interpelle enormement ...
j'ai beaucoup de respect pour le mépris que j'ai de l'être humain
Re: un p'tit jeu
en tout cas la date m'a mis sur la voie et je trouve que ca correspondait bien au perso, alors au hasard, j'ai essayé aussi.mais pareil il a dis ca quand pourquoi...
Re: un p'tit jeu
Croyant que cela venait du "dialogue entre un pretre et un moribond" de Sade et voyant que j'avais tort j'ai triché,on peut dire que l'auteur est de la meme époque et qu'il utilise le dialogue,procedé trés à la mode à l' époque.Apropos qui a lu de Cyber trash critik "je suis le peuple qui manque" dialogue entre une lascarde et un etudiant moribond.
Re: un p'tit jeu
Une petite citation que j'aime beaucoup meme si l'auteur n'est pas trés connu:
"le névrosé batit des chateaux en Espagne;lepsychotique croit y habiter;le psychanalyste récolte les loyers."
"le névrosé batit des chateaux en Espagne;lepsychotique croit y habiter;le psychanalyste récolte les loyers."
- Mokmo Alvil
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Re: un p'tit jeu
un mec que j'adore Arthur Schopenhauer dans "les fondements de la morale"Anomalia a écrit :Je ne respecte pas du tout le jeu, je sais, mais je ne résiste pas à l'envie de vous proposer ce merveilleux extrait de dialogue. A vous de deviner qui se cache derrière ce virulent discours antireligieux (c'est-à-dire la personne A, donc).
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