Jean Lefrebvre is dead / le dernier des Tontons Flingueurs.
Posté : 09 juil. 2004 23:49
"PARIS (AP) - Le dernier des "Tontons flingueurs" est mort. L'acteur Jean Lefebvre, figure du cinéma populaire français et du théâtre de boulevard, est décédé d'une crise cardiaque jeudi soir à l'âge de 84 ans à son domicile de Marrakech (Maroc) où il avait ouvert un restaurant."
Je me doute que Vincent est en deuil, et je m'associe à sa peine
"PARIS (AP) - Le comédien Jean Lefebvre, disparu jeudi soir, était l'un des protagonistes de la scène culte de la cuisine dans "Les Tontons flingueurs", film réalisé par Georges Lautner (1963). En voici les principaux extraits:
Scénario: Fernand Naudin (Lino Ventura) doit s'imposer contre la bande des frères Volfoni, Raoul (Bernard Blier) et Paul (Jean Lefebvre), avec l'aide d'un notaire véreux, Me Folace (Francis Blanche) et du fidèle maître d'hôtel Jean (Robert Dalban).
(Il y a une fête dans la maison de Fernand Naudin. Sa nièce Patricia a organisé une soirée entre étudiants. Raoul et Paul, les deux frères, entrent dans la cuisine, l'arme au poing.) :
Raoul Volfoni: Bougez pas! Les mains sur la table! Je vous préviens qu'on a la puissance de feu d'un croiseur et des flingues de concours.
(Mais Jean est derrière eux pistolet en main)
Jean: Si ces messieurs veulent bien me les confier...
Raoul Volfoni: Quoi?
(Patricia entre dans la cuisine et en sort aussitôt)
Jean: Allons vite, messieurs! Quelqu'un pourrait venir, on pourrait se méprendre et on jaserait... Nous venons déjà de frôler l'incident.
Fernand Naudin: Tu sais ce que je devrais faire... rien que pour le principe?
Raoul Volfoni: Tu trouves pas qu'c'est un peu rapproché?
Paul Volfoni: J'te disais que cette démarche ne s'imposait pas. Aujourd'hui, les diplomates prendraient plutôt le pas sur les hommes d'action. L'époque serait aux tables rondes et à la détente. Hein? Qu'est-ce que t'en penses?
Fernand Naudin: J'dis pas non.
Raoul Volfoni: Mais dis donc, on est tout de même pas venu pour beurrer les sandwichs!
Paul Volfoni: Pourquoi pas! Au contraire, les tâches ménagères ne sont pas sans noblesse, surtout lorsqu'elles constituent le pas vers des négociations fructueuses, hein?
(...)
Fernand Naudin: Y connaît la vie, m'sieur Paul. Mais pour en r'venir au travail manuel, là, c'que vous disiez est finement observé et puis, ça reste une base.
Raoul Volfoni: Et bah, c'est bien vrai. Si on rigolait plus souvent, on aurait moins la tête aux bétises...
(Une jeune fille vient chercher du whisky et touche à l'argent)
Me Folace: Touche pas au grisbi, salope!
(Effrayée, la jeune fille sort de la pièce)
Paul Volfoni: De l'alcool à cet âge là, enfin!
Fernand Naudin: Non mais c'est un scandale!
Raoul Volfoni: Nous par contre, on est des adultes... On pourrait peut être s'en faire un ptit, hein?
Me Folace: Seulement le tout venant a été piraté par les mômes. Qu'est-ce qu'on se fait? On se risque sur le... bizarre? Ca va rajeunir personne!
Raoul Volfoni: Ah nous v'là sauvés!
Me Folace: Sauvés... Faut voir!
Jean (entrant dans la cuisine): Tiens, vous avez sorti le vitriol?
Paul Volfoni: Pourquoi vous dites ça? Il a l'air pourtant honnête...
Fernand Naudin: Sans être franchement malhonnête, au premier abord, comme ça il a l'air assez curieux.
Me Folace: Y date du Mexicain, du temps des grandes heures. Seulement, on a dû arrêter la fabrication: y a des clients qui devenaient aveugles, alors ça faisait des histoires...
(Tout le monde se sert dans un silence de suspicion. Raoul boit le premier...)
Raoul Volfoni: Faut reconnaître, c'est du brutal!
Paul Volfoni (à qui l'effet de la boisson a laissé deux larmes sur les joues): Vous avez raison, il est curieux!
Fernand Naudin: J'ai connu une Polonaise qu'en prenait au p'tit déjeuner... (Il boit) Faut quand même admettre que c'est plutôt une boisson d'homme.
(Me Folace, désormais sans sa veste et en bretelles, ressert une tournée)
Raoul Volfoni: Tu sais pas ce qu'il me rappelle, c't espèce de drôlerie qu'on buvait dans une p'tite taule de Bien Hoa, pas très loin de Saïgon... "Les volets rouges"... et la taulière, une blonde comaque... Comment qu'elle s'appelait, nom de Dieu?
Fernand Naudin: Lulu la Nantaise!
Raoul Volfoni: T'as connu!?
Paul Volfoni (revenant au tord-boyau):J'y trouve un goût de pomme...
Me Folace: Y en a!
Raoul Volfoni: Et c'est devant chez elle que Lucien le Cheval s'est fait déssouder.
Fernand Naudin: Et par qui, hein?
Raoul Volfoni: Bah v'la que j'ai plus ma tête!
Fernand Naudin: Par Teddy de Montréal, un fondu qui travaillait qu'à la dynamite.
Raoul Volfoni: Toute une époque...
Me Folace: D'accord, d'accord, je dis pas qu'à la fin de la guerre, Jo le Trembleur, il avait pas un peu baissé; mais n'empêche que pendant les années terribles, sous l'Occup, il butait à tout va! Il a quand même décimé toute une division de Panzer! Ah...
Raoul Volfoni: Il était dans les chars?
Fernand Naudin: Non! Dans la limonade! Soit à ce qu'on t'dit!
Un régal, je trouve
Je me doute que Vincent est en deuil, et je m'associe à sa peine
"PARIS (AP) - Le comédien Jean Lefebvre, disparu jeudi soir, était l'un des protagonistes de la scène culte de la cuisine dans "Les Tontons flingueurs", film réalisé par Georges Lautner (1963). En voici les principaux extraits:
Scénario: Fernand Naudin (Lino Ventura) doit s'imposer contre la bande des frères Volfoni, Raoul (Bernard Blier) et Paul (Jean Lefebvre), avec l'aide d'un notaire véreux, Me Folace (Francis Blanche) et du fidèle maître d'hôtel Jean (Robert Dalban).
(Il y a une fête dans la maison de Fernand Naudin. Sa nièce Patricia a organisé une soirée entre étudiants. Raoul et Paul, les deux frères, entrent dans la cuisine, l'arme au poing.) :
Raoul Volfoni: Bougez pas! Les mains sur la table! Je vous préviens qu'on a la puissance de feu d'un croiseur et des flingues de concours.
(Mais Jean est derrière eux pistolet en main)
Jean: Si ces messieurs veulent bien me les confier...
Raoul Volfoni: Quoi?
(Patricia entre dans la cuisine et en sort aussitôt)
Jean: Allons vite, messieurs! Quelqu'un pourrait venir, on pourrait se méprendre et on jaserait... Nous venons déjà de frôler l'incident.
Fernand Naudin: Tu sais ce que je devrais faire... rien que pour le principe?
Raoul Volfoni: Tu trouves pas qu'c'est un peu rapproché?
Paul Volfoni: J'te disais que cette démarche ne s'imposait pas. Aujourd'hui, les diplomates prendraient plutôt le pas sur les hommes d'action. L'époque serait aux tables rondes et à la détente. Hein? Qu'est-ce que t'en penses?
Fernand Naudin: J'dis pas non.
Raoul Volfoni: Mais dis donc, on est tout de même pas venu pour beurrer les sandwichs!
Paul Volfoni: Pourquoi pas! Au contraire, les tâches ménagères ne sont pas sans noblesse, surtout lorsqu'elles constituent le pas vers des négociations fructueuses, hein?
(...)
Fernand Naudin: Y connaît la vie, m'sieur Paul. Mais pour en r'venir au travail manuel, là, c'que vous disiez est finement observé et puis, ça reste une base.
Raoul Volfoni: Et bah, c'est bien vrai. Si on rigolait plus souvent, on aurait moins la tête aux bétises...
(Une jeune fille vient chercher du whisky et touche à l'argent)
Me Folace: Touche pas au grisbi, salope!
(Effrayée, la jeune fille sort de la pièce)
Paul Volfoni: De l'alcool à cet âge là, enfin!
Fernand Naudin: Non mais c'est un scandale!
Raoul Volfoni: Nous par contre, on est des adultes... On pourrait peut être s'en faire un ptit, hein?
Me Folace: Seulement le tout venant a été piraté par les mômes. Qu'est-ce qu'on se fait? On se risque sur le... bizarre? Ca va rajeunir personne!
Raoul Volfoni: Ah nous v'là sauvés!
Me Folace: Sauvés... Faut voir!
Jean (entrant dans la cuisine): Tiens, vous avez sorti le vitriol?
Paul Volfoni: Pourquoi vous dites ça? Il a l'air pourtant honnête...
Fernand Naudin: Sans être franchement malhonnête, au premier abord, comme ça il a l'air assez curieux.
Me Folace: Y date du Mexicain, du temps des grandes heures. Seulement, on a dû arrêter la fabrication: y a des clients qui devenaient aveugles, alors ça faisait des histoires...
(Tout le monde se sert dans un silence de suspicion. Raoul boit le premier...)
Raoul Volfoni: Faut reconnaître, c'est du brutal!
Paul Volfoni (à qui l'effet de la boisson a laissé deux larmes sur les joues): Vous avez raison, il est curieux!
Fernand Naudin: J'ai connu une Polonaise qu'en prenait au p'tit déjeuner... (Il boit) Faut quand même admettre que c'est plutôt une boisson d'homme.
(Me Folace, désormais sans sa veste et en bretelles, ressert une tournée)
Raoul Volfoni: Tu sais pas ce qu'il me rappelle, c't espèce de drôlerie qu'on buvait dans une p'tite taule de Bien Hoa, pas très loin de Saïgon... "Les volets rouges"... et la taulière, une blonde comaque... Comment qu'elle s'appelait, nom de Dieu?
Fernand Naudin: Lulu la Nantaise!
Raoul Volfoni: T'as connu!?
Paul Volfoni (revenant au tord-boyau):J'y trouve un goût de pomme...
Me Folace: Y en a!
Raoul Volfoni: Et c'est devant chez elle que Lucien le Cheval s'est fait déssouder.
Fernand Naudin: Et par qui, hein?
Raoul Volfoni: Bah v'la que j'ai plus ma tête!
Fernand Naudin: Par Teddy de Montréal, un fondu qui travaillait qu'à la dynamite.
Raoul Volfoni: Toute une époque...
Me Folace: D'accord, d'accord, je dis pas qu'à la fin de la guerre, Jo le Trembleur, il avait pas un peu baissé; mais n'empêche que pendant les années terribles, sous l'Occup, il butait à tout va! Il a quand même décimé toute une division de Panzer! Ah...
Raoul Volfoni: Il était dans les chars?
Fernand Naudin: Non! Dans la limonade! Soit à ce qu'on t'dit!
Un régal, je trouve