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[ratcharge]

En train de terminer Nûdem Durak, le dernier Joseph Andras. J'utilise très rarement le terme "bouleversant", mais là je serai presque tenté. Grosse différence par rapport à ses livres précédents : ici on parle d'une prisonnière politique encore en vie, encore jeune, encore emprisonnée, et pour laquelle il y a encore un espoir, fût-il maigre. Y a des moments sacrément durs, notamment dans les pages écrites par Nûdem Durak elle-même. Recommandé pour qui s'intéresse au Kurdistan, au PKK, au Rojava, à la colonisation, au "terrorisme", à la résistance en général... Mais aussi pour celles et ceux qui se demandent encore si la musique et l'art en général peuvent vraiment être (considérés comme) des armes.

https://editionsicibas.fr/livres/nudem- ... -kurdistan
https://diacritik.com/2020/05/26/free-n ... nationale/
https://www.youtube.com/channel/UCB3DR_ ... 4pvz5li7UA

[maz]

En train de terminer Nûdem Durak, le dernier Joseph Andras. J'utilise très rarement le terme "bouleversant", mais là je serai presque tenté. Grosse différence par rapport à ses livres précédents : ici on parle d'une prisonnière politique encore en vie, encore jeune, encore emprisonnée, et pour laquelle il y a encore un espoir, fût-il maigre. Y a des moments sacrément durs, notamment dans les pages écrites par Nûdem Durak elle-même. Recommandé pour qui s'intéresse au Kurdistan, au PKK, au Rojava, à la colonisation, au "terrorisme", à la résistance en général... Mais aussi pour celles et ceux qui se demandent encore si la musique et l'art en général peuvent vraiment être (considérés comme) des armes.

https://editionsicibas.fr/livres/nudem- ... -kurdistan
https://diacritik.com/2020/05/26/free-n ... nationale/
https://www.youtube.com/channel/UCB3DR_ ... 4pvz5li7UA

ah super ! merci pour le tuyaux

[kaosyouki]

« Le talent est une fiction » Samah Karaki
Dans la catégorie « kill your idols » le livre se pose là. Il dépoussière avec talent (ah ah) le vieux débat inné-acquis à l’aune des neurosciences. Après une longue introduction pour expliquer les objectifs (en gros, à bas la méritocratie) le livre pose les questions suivantes : le talent dans les gènes ? le talent dans la sueur ? le talent dans la perception ? en enfin une longue conclusion décevante vers des nouveaux récits (en gros démanteler la hiérarchie des intelligences, des diplômes, de l’estime… ça aurait été démanteler la hiérarchie tout court, la fin aurait été clairement plus ambitieuse – mais bon on peut pas tout avoir…). Quelques idées phares :
- l’expression de l’inné est une chimère, ça y fait très peu. Le bagage génétique arrive à s’exprimer dans un environnement stable et privilégié : tu es homme blanc hétéro valide avec une famille riche (avec des thunes et de l’affection) là, à la limite on peut faire la différence entre un bâtard intelligent (bagage polygénétique riche) et un dégénéré de race pure (mariage consanguin au faible bagage génétique).
- les 10 000 heures de travail pour arriver à l’excellence, ça y fait mais pas trop. D’abord il faut 10 000 heures où l’attention est à son maximum mais ensuite il faut le capital économique et socio culturel qui va avec (voir le point ci-dessus). On ne devient pas un génie tout seul, il y a un environnement social familial invisible qui va avec. Derrière la figure du génie, de l’artiste, il y a une femme, une mère qui gère les problèmes annexes. Bref il s’agit toujours d’une réussite collective là où la société glorifie les individus. Autre idée chouette, le cerveau est plastique à tout âge, donc apprendre, c’est tout au long de la vie.
- la croyance, les prophéties auto réalisatrices, l’effet Pygmalion ça y fait aussi. Il vaut mieux avoir une mentalité de croissance (émancipation) avec une perception des objectifs plutôt qu’une mentalité fixe (conservateur) avec une perception de l’effort. En gros, il faut cultiver l’échec car c’est un facteur d’apprentissage. Mais encore une fois, on n’est pas vraiment libre d’agir comme on veut car le contexte est trop important. L’effet des stéréotypes collectifs a tous niveaux (sexisme, racisme, validisme etc…) est énorme.
Et encore je n’ai pas parlé du hasard qui est aussi un facteur déterminant. (la chance, la coïncidence, la bonne rencontre, né au bon endroit etc…).
Bref, donc la prochaine fois qu’on croise une idole, un mec trop génial, la win totale, il faut se rappeler que ce n’est pas lui mais la société qui l’a construit, trop de veine. Pareil pour une pauvre fille, un abruti, la loose totale, iel a été construit dans un environnement délétère, pas de bol. Voilà qui permet de déconstruire pas mal de choses. La responsabilité individuelle de ce qu’on est et ce qu’on devient est quand même très faible.
De quoi apporter de l’eau au moulin : abolition des prisons, des forces sécuritaires, des structures hiérarchiques, etc… enfin a-t-on encore besoin d’argumenter ?
En gros, le bouquin est très chouette si on oublie l’intro et la conclusion. Je me souviens pas d’avoir lu un bouquin aussi synthétique sur la question.

Comme t'avais déjà tout spoilé je ne l'avais pas lu, alors que je comptais le faire. Mais du coup je me suis contenté de regarder cette vidéo pour l'instant. :)

[magicraph]

Pour celles et ceux qui aiment les romans sociaux du point de vue des marginaux, je recommande Dans les rues du Barrio, de Piri Thomas. Le quotidien d'un jeune fils d'immigrés portoricains dans le Harlem d'après-guerre. Ça parle de racisme, de taule, de drogues, et ça se lit tout seul.

https://www.editions-tusitala.org/dans- ... ri-thomas/

Je l'ai choppé, mais l'argot traduit en français m'a fait mal aux oreilles. Du coup, je l'ai pécho en anglais, et j'ai adoré, merci d'avoir partagé ça!

C'est vraiment très très intéressant, j'ai beaucoup aimé la partie où il est confus au niveau de ses origines, et décide de voyager dans les états du Sud pour essayer de trouver son identité. Etant portoricain à la peau noire, on le prend pour un afro-américain en permanence, alors il subit plus de racisme que ses frères et soeurs qui sont plus clairs. Aussi son père accepte plus ses autres enfants que lui, qui a la peau noire car il désire s'intégrer dans la société. Donc il va dans les états du Sud, où la ségrégation raciale existe plus qu'à NY, pour essayer de capter qui il est.

Vraiment cool, je vais essayer de trouver ses autres livres!

[kolonel muller]

Je viens de lire un super bouquin qui m'a mis une grosse grosse claque mais que vous devez être nombreux à connaître : le fameux "Gomorrha" sur ces salopards de la mafia napolitaine... C'est vraiment l'enfer là-bas... Les terres contaminées, l'exploitation, la violence, la corruption.. D'une part le journaliste est très très bien renseigné, d'autre part c'est très bien écrit et mêlé à des souvenirs personnels édifiants !! Bref, plutôt que de s'enquiller un énième thriller de merde...

[bub]

Comme t'avais déjà tout spoilé je ne l'avais pas lu, alors que je comptais le faire.

après ce n'est qu'un pâle résumé, ya pleins d'autres trucs dans le livre...

sinon, je vais commencer les Rois maudits, genre que ca a été mentionné par ici et ca m'a aiguillonné l'appétit, même que je vais agrémenter avec la récente parution de l'essai "Sur les rois" des éminents Graeber et Sahlins... on dirait que c'est d'actualité avec le coronation du récent roi d'Ecosse

[bub]

En train de terminer Nûdem Durak, le dernier Joseph Andras.

Ouaip, très chouette livre écrit dans le cadre de la campagne Free Nudem Durak. Très bien écrit, entrecoupé par des extraits de Nudem Durak qui raconte son parcours dans une région trop déchirée.
Poignant et ca met en perspective sa propre trajectoire.
Ca me fait penser au bouquin de Quadrupanni' "Une histoire personnelle de l'ultra gauche" qui questionne l'identité prolétaire. Est ce qu'on peut placer les trajectoires/exploitations de vie sur un même niveau ?
Tiens et ca me revient aussi, le dernier de Nicolas Rouillé ("T"as pas trouvé pire comme boulot"), qui raconte son travail d'interim en EHPAD. -Le livre compile ses chroniques de CQFD- :
Son collègue intervient pour dire : "Il y a pire que nos boulots [...] la femme du Sahel avec son sein tari, son bébé das les bras" la suite:
"L'argument massue! Que répondre à celà ? Rien, je le plante là sans un mot. Le lendemain soir, alors que j'affronte un évier rempli de vaisselle engluée de purée, tout en guettant du coin de l'oeil la pendule pour ne pas arriver en retard pour le service en salle, avec ce foutu masque qui me cisaille derrière les oreilles et m'étouffe dans la vapeur du lave vaisselle, je repense au sein tari de Christophe et me mets à rire".
...

[kaosyouki]

Ca donne pas vraiment envie de lire "les chemises noirs" de sylvain tesson...

Tiens, pour compléter ce qu'en signalait Cheribibi.

[kolonel muller]

THE LAST BEST PLACE, de Delphine Bucher, un zine ! Ou plutôt un bouquin sous forme de zine préciserait Jeff de UP THE ZINES (cf son dernier numéro)
L'autrice raconte un petit road trip aux Etats-Unis, sur les traces de ses écrivains préférés...
https://www.leseditionsdeladernierechan ... llo-world/
Vraiment sympa, et bien écrit, avec des tas d'idées de bouquins à lire ! Et en plus c'est joliment présenté ( Mais bordel : les lacunes que j'ai en littérature )

Et puis j'ai aussi relu un bouquin complètement hors du temps : CHRONIQUE DES INDIENS GUAYAKI, de Pierre Clastres. Pas facile d'accès ! Y'a pas trop de jargon, mais c'est un bouquin d'anthropo, pas un récit de voyage, donc parfois faut s'accrocher tellement c'est précis. Mais c'est fascinant, avec des passages incroyables sur l'existence et le déclin d'un des derniers groupes - aujourd'hui disparu - de chasseurs-cueilleurs d'Amazonie, les Aché... Il y est question de vie (naissance, alimentation, éducation...), de mort, de sexualité, de violence sacrificielle, d'anthropophagie et bien sûr des rapports d'une extrême dureté avec le monde "civilisé"...

[Toma]

THE LAST BEST PLACE, de Delphine Bucher, un zine ! Ou plutôt un bouquin sous forme de zine préciserait Jeff de UP THE ZINES (cf son dernier numéro)
L'autrice raconte un petit road trip aux Etats-Unis, sur les traces de ses écrivains préférés...
https://www.leseditionsdeladernierechan ... llo-world/
Vraiment sympa, et bien écrit, avec des tas d'idées de bouquins à lire ! Et en plus c'est joliment présenté ( Mais bordel : les lacunes que j'ai en littérature )

Oui, j'ai adoré celui là! Par contre pour les références littéraires : pas mieux! Même pour les classiques style S. King, J. London......
(ma grand-mère m'avait collé "l'appel de la forêt" dans les pognes quand j'étais minot, mais j'ai abandonné au bout de quelques pages, trop jeune sans doute et impressionné par la taille du bouquin....Et j'ai jamais retenté....)

Pour en revenir à Delphine, énormément aimé aussi Vandura Hotel : Alaska, la dernière frontière......Pas vraiment le genre de road trip que tu fais tous les 15 jours!!