: lettre à un oublié de l'underground :

[hildalalala]

T'sais que j'ai cueilli les grappes de chez moi, il paraît que c'est une variété de vigne qui rend fou/folle, et je ne sais quoi en faire. Du vin, de la gnôle, de la chicha chilienne, du jus de raisin ? Que certaines personnes diront de raison... sûr que ça change des confitures! Cette année je n'ai pas fait de vin de noix, la saison a été mauvaise et mes finances ne permettaient pas d'acheter de la bonne came... comme quoi rien ne change véritablement, année après année, saison après saison. Et tu ne devineras jamais que maintenant l'ennemi intérieur est qualifié d' « anarcho-autonome » la bonne blague. T'sais, les gens qui tentent de se rapproprier leur vie ou moyens d'existences sont considérés pires que des marginaux, terroristes de la life ? Ca tu le savais déjà.

Je me rappelle l'époque où tu avais décidais de venir t'installer à St Étienne, je ne comprenais pas cette nécessite vitale presque, sublime, de changer -presque- de vie et de pouvoir se confronter avec d'autres, en pratiques alternatives et collectives ; chose peut-être que tu ne rencontrais pas dans le Nord. La différence avec la mienne ? Oui, je vis à la montagne, seule et isolée, tentant de vivre un vieux rêve d'enfance qui m'étouffe de plus en plus. Il est vrai que j'avais terminé un cycle du coté de Grenoble, mais le punk rock est toujours le plus fort n'est ce pas ?

Alors on fait toujours autant de concerts DIY des fois ou non (pour moi c'est fini), on cuisine des bouffes collectives, on projette des films critiques, des fois on crie ou on joue dans des groupes qui ne se veulent pas subversifs, on fait des fanzines ou de la radio que peu de personnes auront vraiment lus ou écoutée, on donne la main à la pâte et on écoute son prochain, du moins on tente, cela semble un peu cul-cul la praline, mais nous restons humains.

Tu n'es jamais venu me voir dans mon linceul, blanc l'hiver, boueux au printemps, vert l'été, nauséabond l'automne-autonome.

Et nous continuons à exister selon nos convictions. Après quelles soient politiques, sociales... ce sont nos intimes convictions.

Cela est le plus important, le problème, car il y en a toujours un, est que nous faisons tarir nos propres voix intérieures, nos propres vieux démons belliqueux qui nous font savoir, par quelques biais physiques ou mentaux que, justement nous ne sommes que des humains. Je suis humaine, je vis et après presque deux ans de ton absence je ne t'oublie pas. Toi et mes autres amies. Chaque pierre est utile à l'ensemble, malgré les déboires et les dépressions...

En ce moment j'écoute pas pas mal de groupes de filles, comme Jessy Bulbo, 13th Hole, Jucifer et des trucs plus vieux que tu me diras que c'est de la merde, t'sais, mais pas grave on s'en remettra comme de tant de choses!

Justement. Encore une fois. Nous possédons toujours en nous cette béquille, cette malencontreuse, qui bloque des fois nos désirs et nos joies. On se surpasse et on puis on oublie, on tente, cela dépend : dans le sexe, l'alcool, la drogue, yeah, sex & rock'n'roll... Les renseignements généraux peuvent dormir tranquille, on ne ferait pas de pas de mal à une mouche sinon à soi-même et ça ils sont plutôt contents. On épargne le sale boulot en se noyant dans l'auto-destruction. Même si l'oppression et la révolte sont toujours en nous, on se tient tranquille, rien ne sert de courir, ce système se cassera la gueule de toute façon et ça on s'en fout aussi -on vit déjà autrement, sans lui, un peu par obligation- et puis même si des fois ça nous soûle, au sens propre comme au figuré, pertinemment, nous savons au fond, que nous avons raison.

Gracias amigo pour les bons moments.

Pour Adamski. S.

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[culte de la charogne]

Par contre, oublié, je suis pas sûr...

[Starsky]

c'est beau, c'est émouvant, c'est juste. Et je n'ai pas connu adamsky. Et cette lettre me retourne...