13 ans, 14 ans, à peine...
Julie est une jeune femme qui, il y a 10 ans, a porté plainte contre 22 pompiers, pour viols subis entre ses 13 ans et ses 15 ans. A l'époque elle était malade et prenait un traitement très lourd. Les pompiers intervenaient donc lorsqu'ils étaient appelés par l'école quand Julie n'allait pas bien. Ils avaient donc connaissance de son âge, de ses problèmes de santé, de son traitement qui l’assommait, et donc, de sa vulnérabilité au moment de crises très éprouvantes pour elle.
Après 10 ans de procédure, sur les 22 pompiers, seuls 3 d'entre eux sont poursuivis pour ce qui a été requalifié d'"atteinte sexuelle sur mineure de moins de 15 ans". Le 17 mars, la Cour de cassation annoncera si elle casse ou non l'arrêt rendu par la Cour d'appel Versailles. Si oui, cela permettrait que certains (qui auraient reconnu les actes mais affirment qu'il y avait consentement) retournent devant un juge d'instruction.
Le témoignage de Julie, recueilli par Célia Mebroukine, de la rédaction d'
À l'air libre, sur Mediapart
(Attention, ce témoignage est difficile.)
Julie raconte que lorsqu'elle a voulu porter plainte, le policier, par le biais de questions orientées, lui aurait lui-même affirmé qu'elle était consentante. Ensuite, la Cour d'appel de Versailles a nié la question de la contrainte morale par ces mots: "Son comportement aguicheur, provocateur, entreprenant envers ses partenaires pompiers ne permet pas de déduire la contrainte morale".
Si comme le décrit France Inter,
ici, Julie aurait lié une relation avec l'un des pompiers, et qu'elle elle aurait eu une certaine maturité sexuelle, cependant, elle avait 14 ans. Elle était fragile psychologiquement, ce qui a été reconnu par des psychiatres. L'un deux aurait décrypter chez elle des troubles pouvant l'amener à confondre réel et fantasme, voir à affabuler, ce que conteste le médecin qui la suit. Mas comment déjà, peut-on même parler de "partenaires" alors qu'elle avait 13 ans, 14 ans ? Et même si elle était parfois dans des situations à risque (il est d'ailleurs probable qu'elle ait subi des violences avant cela, ce qui en serait alors la raison), eux la mettaient encore plus en danger en en abusant, alors qu'ils étaient adultes et représentaient une forme d'autorité pour elle. Et on se retrouve aujourd'hui face à une police et un système de justice patriarcales, qui comptent potentiellement dans leurs rangs des agresseurs, violeurs, incesteurs, et ressortent les sempiternels mêmes arguments éhontés, pour se protéger les uns les autres. Comme le disait Assassin, "Il faut que ça cesse".
Soutien sans faille à tous les enfants victimes et/ou re-victimes de viols. Il ne suffit pas de les entendre, mais de les soutenir et de protéger les autres, et ça commence par reconnaître des faits comme ce qu'ils sont. S'il est laissé en l'état ce qui est arrivé à Julie à 14 ans, ce serait un double crime. A l'heure où le gouvernement dit vouloir qualifier de viol tout acte de pénétration d'une personne majeure sur une personne mineur-e de moins de 15 ans (le consentement ne pourrait pas être retenu), on ne peut pas la laisser tomber maintenant. Elle avait 14 ans. Elle a subi des pénétrations d'hommes au cours de situations où ils étaient censés l'aider "médicalement". L'enfant qu'elle était à ce moment là s'est sentie logiquement déshumanisée. Un enfant, même "mature" d'esprit, qui subit ce crime là, ne mérite pas que ce ne soit pas reconnu comme tel.