lutte à Notre Dame des Landes

Le punk n'est pas qu'une musique ! Ici on discute de l'actualité, des manifs et des résistances en lien direct avec notre culture. "Make punk a threat again", ça vous dit encore quelque chose ?!
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Re: lutte à Notre Dame des Landes

Message par PariA » 04 mars 2014 11:32

Asylum a écrit :Mais sérieux "En Ukraine, sous le casque la kippa" ??!!!
L'article semble dénoncer le paradoxe de l'engagement d'anciens soldats de tsahal en tant que mercenaires aux côtés des milices d'extrême-droite ukrainiennes. T'en fais une autre lecture ?
Par contre je dis pas que tout le site semble parfaitement clean (je le connaissais pas).
>> T'es vraiment un nulos Paria ! \o/ \o\ |o| /o/ \o/

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Re: lutte à Notre Dame des Landes

Message par Nico37 » 05 mars 2014 22:09


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Re: lutte à Notre Dame des Landes

Message par Nico37 » 08 mars 2014 18:47

Université de Nantes, Campus Tertre


http://nantes.indymedia.org/system/phot ... 8952_n.jpg

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Re: lutte à Notre Dame des Landes

Message par Nico37 » 09 mars 2014 18:04

À Notre-Dame-des-Landes comme ailleurs, le pouvoir nous a à l'oeil !

Nous, collectifs "Non au pétrole et gaz de schiste et de houille", soutenons pleinement la position exprimée dans les communiqués de presse (1) des organisateurs/trices de la manifestation du samedi 22 février 2014 à Nantes.

Nous tenons à souligner l'incontestable succès de ce rassemblement auquel nous avons eu plaisir à participer solidairement.

Aujourd'hui plus que jamais, l'abandon de ce projet inutile est à l'ordre du jour.

Après les provocations policières qui ont marqué la manifestation, après la demande d'expulsion de la ZAD faite par le président de la région Pays de Loire, après les manœuvre d'expulsion de la ZAD du Testet dans le Tarn, nous sommes moins que jamais dupes de la volonté du gouvernement de criminaliser les luttes de résistance à sa politique productiviste en défendant par tous les moyens les intérêts des multinationales, dont les activités détruisent la planète et l'être humain. TAFTA en est une suite logique (2). Cette criminalisation s'étend aussi à nos propres luttes contre toutes les formes d'extractivisme à travers toute l'Europe (3).

La criminalisation des personnes qui luttent contre ces destructions fait partie de la stratégie des États pour étouffer les contestations, justifier les répressions et les discréditer aux yeux de l'opinion publique par la désinformation distillée par certains médias (appartenant à des multinationales) à partir d'images sélectionnées, pré-déterminées et parfois même mensongères.

Nous faisons déjà partie - par notre lutte - des "extrémistes", voire des "terroristes.".. dangereux pour la société, sans avoir exercé la moindre violence.
Dans l'immédiat, nous réclamons que la vérité soit faite sur les agressions inadmissibles qu'on subit Quentin Torselli et d'autres manifestants à Nantes.

Nous, collectifs "Non aux pétroles de gaz de schiste et de houille", réaffirmons notre soutien à la lutte de Notre-Dame-des-Landes.

Contre tous les Grands Projets Inutiles et toutes les formes d'extractivisme, la mobilisation ne doit pas faiblir !

(1)https://zad.nadir.org/spip.php?article2214
http://communiques-acipa.blogspot.fr/20 ... verses.htm
http://acipa.blogspot.fr/2014/02/commun ... di-27.html
(2) http://stoptafta.wordpress.com/
(3) http://www.theguardian.com/environment/ ... /fracking- activism-protest-terrorist-oil-corporate-spies


Collectif du Grand Valentinois (26)
Collectif biterrois non au GDS (34)
Collectif Orb Taurou (34)
Collectif Orb Jaur non au gaz de schiste (34)
Collectif gaz de schiste Non Merci - Clapiers (34)
Collectif Montpellier Littoral contre les gaz, pétrole de schiste! (34)
Collectif Ecolectif Degaze de Gignac et Environ (34)
Collectifs Isérois STOPGHRM (38)
Collectif stopgazdeschistes (39)
Collectif Non au gaz et huile de schiste (47)
Collectif Causse Méjean - Gaz de Schiste NON ! (48)
Collectif Houille-ouille-ouille (59/62)
Collectif Stop Pétrole de Schiste Sud (77)
Collectif des trois vallées (89)
Collectif non au gaz de schiste (91)
Collectif des taupes énervées (91)
Collectif stop GDHC d'Alsace et de Lorraine
Collectif citoyen Ile-de-France non aux gaz et pétrole de schiste et de houille
Convergence citoyenne pour la Transition énergétique

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Re: lutte à Notre Dame des Landes

Message par Nico37 » 10 mars 2014 22:17

Un militant anti-NDDL d'IDF a écrit :Un étrange manège se met en place dans le sud de Paris, où l'EPPS (Établissement Public Paris-Saclay) a déjà entamé quelques chantiers dans le cadre de l'aménagement du plateau de Saclay.

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Le contexte :

Les ministres du logement, de l'écologie et de l'agriculture ont récemment félicité les militants s'étant engagés pour défendre la zone contre l'urbanisation et ont mis en avant toutes les mesures écolo qui ont été prises (ils citent tous "l'artificialisation des sols") : http://www.developpement-durable.gouv.f ... ction.html
Tout va bien donc, tout le monde est du même côté selon le discours officiel.

Peu de temps avant, l'EPPS avait communiqué sur une de ses actions écolo, à savoir le déplacement d'espèces protégées : http://www.monsaclay.fr/2013/12/18/pari ... diversite/
Sur son site, on peut voir des photos des mares de compensation creusées en novembre pour accueillir les tritons crêtés au printemps 2014 : http://www.epps.fr/blog/2014/01/14/avan ... cologique/

L'année dernière, l'EPPS avait déjà mis en avant le succès de la transplantation de l'Étoile d'eau, une espèce de fleur protégée : http://www.epps.fr/blog/2013/08/26/2454

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Tout ceci m'interpelle. Notre-Dame-des-Landes ne sera pas le chantier écolo précurseur qui montre à tout le monde que c'est possible de déplacer des espèce protégées. Ça va se passer au printemps prochain sur le plateau de Saclay, dans 10 jours. C'est déjà prévu que ce sera un succès, comme pour l'Étoile d'eau, pour laquelle je ne trouve pas d'article contradictoire. Soit ça marche vraiment et l'argumentaire des naturalistes en lutte est sérieusement mis à mal, soit ils vont maquiller le truc... Il y a déjà un magnifique panneau annonçant les mesures de protection du triton crêté : http://moulon2020.jimdo.com/actu/photos

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Re: lutte à Notre Dame des Landes

Message par Nico37 » 11 mars 2014 10:33


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Re: lutte à Notre Dame des Landes

Message par Nico37 » 15 mars 2014 0:21


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Message par Nico37 » 15 mars 2014 11:14

Silence médiatique sur les dizaines de manifestants et de journalistes blessés à Nantes Sophie Chapelle 03/03

Oubliées les dizaines de milliers de personnes qui ont manifesté à Nantes contre le projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes. De la mobilisation du 22 février, les médias n’ont conservé que les images de violences. Selon la Préfecture, 130 agents des forces de l’ordre ont été blessés ou « contusionnés ». Mais quel bilan du côté des manifestants venus défiler pacifiquement ? Les témoignages s’accumulent, de Quentin, un jeune homme éborgné par un tir de flashball, à des journalistes pris pour cibles, en passant par un enfant dont le pied a été fracturé par un tir. Mais de cette autre violence, on ne parle quasiment pas.

Les médias se sont largement fait l’écho des « scènes de violence » et des « destructions » qui ont émaillé la manifestation de Nantes, dont le centre-ville aurait été « dévasté », le 22 février contre le projet d’aéroport. Le décompte des « blessés et contusionnés » parmi les forces de l’ordre – 130 fonctionnaires de police – a rapidement été établi par la Préfecture. La Justice a fait preuve d’une inhabituelle réactivité. Cinq jeunes gens à qui il est reproché d’avoir lancé des projectiles – « pavés, pierres, fusées de détresse, bouteilles, boulons, billes d’acier, engins incendiaires et même "essence et huile" » selon un magistrat – contre les forces de l’ordre, ont été jugés en comparution immédiate le 24 février. « Nous n’avons pas les vrais coupables [des dégradations commises à Nantes] », a reconnu la présidente du tribunal. « Mais nous avons des responsables »... Les cinq prévenus ont écopé de peines lourdes allant d’une centaine d’heures de travaux d’intérêt général à six mois de prison ferme. Sept autres personnes seront convoquées dans les mois à venir. Une violence « inouïe », atteste sur son compte twitter la police nationale de Loire-Atlantique. « Qui sont les "Black Blocs" qui ont dévasté Nantes » ?, s’interroge encore Europe 1.

Pas de matraquage médiatique en revanche sur les manifestants blessés. « C’est impossible à évaluer à l’échelle de la ville. Mais nous avons constaté une cinquantaine de blessés, dont treize blessures au visage par flashball », relève une membre de l’équipe médicale de la Zad (Zone à défendre) contactée par Basta !. « Nous avons aussi trouvé des éclats de grenades assourdissantes, comme des morceaux de métal, dans les jambes notamment ». Au moins 40 manifestants, dont deux blessés à l’œil, auraient été admis à l’hôpital de Nantes. Une page Facebook a été créée pour recueillir les « témoignages sur les violences policières lors de cette manifestation pacifiste » [1]. « Je me suis fait frapper par les forces de l’ordre en voulant aider une dame âgée qu’ils avaient renversés », déclare notamment Elric, 17 ans et demi, visage en sang devant la caméra de FaceBreizh Bretagne. La scène au cours de laquelle la dame est « renversée » (et piétinée ?) a été filmée et postée sur cette page.

Tir de flashball : un manifestant perd son œil gauche

« Nous avons une police très républicaine, extrêmement formée à utiliser des moyens spécialisés avec beaucoup de retenue », insiste Christian Galliard de Lavernée, le préfet de Loire-Atlantique. Des propos contredits par la publication sur le site Dormira jamais du témoignage de Quentin Torselli, un charpentier de 29 ans gravement blessé. « Je n’étais pas armé, je n’avais pas de masque à gaz, je n’avais pas de lunettes de protection », relate t-il. « On rentrait, les CRS avançaient, avec les camions et tout le truc, et moi je reculais avec d’autres gens. Je reculais en les regardant pour pas être pris à revers et pouvoir voir les projectiles qui arrivaient. Et là, à un moment, j’ai senti un choc, une grosse explosion et là je me suis retrouvé à terre ». Hospitalisé au CHU de Nantes, Quentin a perdu son œil gauche.

« Un médecin m’a dit que les lésions correspondent à un tir de Flashball et on n’a pas retrouvé d’éclats de grenade », assure le jeune homme. Or, la doctrine d’emploi de ces armes dites « non létales » interdit aux policiers de tirer dans la tête des manifestants. Elles sont soumises à une distance réglementaire. « La liste des blessés et des éborgnés ne cesse de s’allonger », dénonce le Collectif Face aux armes de la police. Quentin envisage des suites juridiques, au pénal ou devant le tribunal administratif, « ne serait-ce que pour que ça n’arrive plus à d’autres » [2].

Deux journalistes blessés portent plainte

Témoin de la scène, Yves Monteil, photographe indépendant et co-fondateur de Citizen Nantes relate que « le manifestant blessé (Quentin, ndlr) a été évacué dans une rue adjacente, au moment où le cordon de CRS avançait dans l’allée principale. Alors qu’une vingtaine de personnes levaient les bras en disant “Arrêtez, il y a un blessé”, les CRS ont continué à progresser dans cette rue adjacente en envoyant des lacrymos et des grenades ». Un témoignage qui concorde avec celui d’un autre manifestant ayant aussi porté secours à Quentin. Le photographe Yves Monteil a lui aussi été touché par un tir de flashball au thorax alors qu’il filmait (son récit ici). Il a déposé une plainte contre X pour « violence volontaire avec arme et complicité de violence volontaire avec la triple circonstance aggravante qu’elle a été commise par un fonctionnaire en charge de l’autorité publique dans l’intention de provoquer une mutilation permanente, en groupe organisé ».

Une autre plainte adressée au Procureur de la République de Rennes émane d’un journaliste de Rennes TV, Gaspard Glanz, blessé aux jambes par l’explosion d’une grenade lancée par la police. Avec sa caméra, il a tourné la séquence de l’explosion. « On se rend compte que l’engin qui explose au pied du journaliste n’est pas une grenade assourdissante, mais une grenade de "désencerclement" » précise Rennes TV. Cette grenade explosive contient 12 à 18 fragments de plastique dur, en plus de sa douille en métal, projetés dans un rayon de 15m autour de l’explosion. « Le problème c’est que cette "arme de guerre" n’est pas censée être utilisée "offensivement", mais uniquement dans des situations "d’encerclement" qui nécessitent un acte "défensif" de la part de la police » souligne la rédaction de la télé locale. Or, comme l’atteste la vidéo, « les CRS étaient ici en ligne à plus de 20m, protégés par un canon à eau ». En clair, de telles grenades n’auraient jamais dû être employées pendant toute la durée de la manifestation.

La peur de porter plainte

D’autres blessés ont décidé de ne pas porter plainte. Comme Carole dont le fils de 10 ans « a eu le pied de cassé par un tir de flash ball, écrit-elle. Trois semaines de plâtre, et traumatisé psychologiquement. » Elle craint qu’elle et son fils ne soient pas pris au sérieux. « Nous ne sommes pas assez "importants" pour que ça aboutisse à quelque chose », confie t-elle. « Beaucoup de personnes ont peur de se mettre en lumière, souligne Geneviève Coiffard Grosdoy de l’association Attac, jointe au téléphone par Basta !. Il y a en qui considèrent que ça ne vaut pas la peine. Pour ma part, je n’ai plus rien à perdre. »

Cette militante sexagénaire a déposé une plainte il y a quinze mois suite à une fracture au doigt, alors qu’une opération d’évacuation de la « zone à défendre » était à l’œuvre (voir son témoignage). Sa plainte n’a toujours pas été traitée. « Nous sommes dans des délais normaux, relativise t-elle. Mais ce qui est plus grave, c’est que la plainte de la jeune femme qui avait eu trois côtes cassées et un poumon perforé à l’été 2011, n’a toujours pas été résolue » (voir ici). Elle voit en l’acte de porter plainte face aux violences policières « un acte politique ». « Mais pour l’heure assure t-elle, l’urgence est à la coopération sur le terrain de toutes les composantes de la lutte contre les expulsions et les destructions ».

Un silence médiatique qui a ses précédents

En octobre 2012 déjà, onze organisations nationales interpellaient le Premier ministre Jean-Marc Ayrault sur « la brutalité employée par la force publique en vue d’expulser, à la veille de la trêve hivernale, les opposants au projet d’aéroport de Notre-Dame des Landes ». Un mois plus tard, lors d’une intervention des forces de l’ordre les 24 et 25 novembre, une centaine de blessés sont comptabilisés du côté des occupants. Il faut attendre la lettre manuscrite d’un médecin présent sur place pour attirer l’attention médiatique « sur la gravité des blessures infligées par l’utilisation des armes des forces de l’ordre ».

Ce médecin est finalement reçu le 12 décembre 2012 par le préfet de Loire-Atlantique. L’entrevue dure à peine une heure. « Si ce médecin a été choqué, moi aussi, déclare à l’époque Patrick Lapouze, le directeur de cabinet du préfet en charge du dispositif de maintien de l’ordre. Je n’avais quasiment jamais vu une telle violence chez des manifestants : le blessé le plus grave est un CRS qui va perdre son acuité visuelle ». L’usage de flash-ball et de grenades assourdissantes correspond, selon lui, aux « moyens de défense et de dissuasion les plus percutants et nécessaires ».

Déterminés face à la demande d’évacuation de la zone

Suite à la manifestation du 22 février 2014, le président PS de la région des Pays de la Loire, Jacques Auxiette, a demandé par courrier au président François Hollande d’ordonner l’évacuation de la zone d’aménagement différée (ZAD) dédiée au projet. « Nous sommes plus que jamais résolus, dans l’unité, à défendre les terres, les habitants, les paysans », a rétorqué Julien Durand, président de l’Acipa [3]. « En cas de nouvelle tentative de vidage de la zone, nous poursuivrons avec acharnement la résistance sur le terrain, ensemble, dans le respect de nos valeurs », assure de son côté Geneviève Coiffard Grosdoy. « Nous ne serons pas les initiateurs de la violence, bien que prêts à l’affronter. »

[Mise à jour le 3 mars 2014] : « Un deuxième blessé grave à l’œil par la police samedi dernier à Nantes a été retrouvé, indique la page Facebook "Pour une liste d’union municipale large à Nantes, anti-aéroport". Nous avons pu lui parler. Il a déjà été opéré deux fois, et va l’être peut-être une troisième. Il s’appelle Damien, est maçon-coffreur, et a 29 ans, le même âge que Quentin. Il envisage de porter plainte. » (voir son témoignage ici)

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Re: lutte à Notre Dame des Landes

Message par Nico37 » 16 mars 2014 9:25

Retour à Nantes (Réflexions autour de la manifestation du 22 février et ses suites) Serge Quadruppani

Samedi dernier, l’heure était à la manif à Nantes, contre l’aéroport, Vinci et son monde. Un brin de castagne, beaucoup de monde. Une déferlante médiatique a suivi, hallucinée et servile : le centre-ville aurait été dévasté, la manif gâchée, la population de Nantes traumatisée... L’ami Serge Quadruppani revient ici (entre autres) sur la construction médiatico-politique d’un consensus et les leçons à en tirer.

Les habitants de Nantes et les dizaines de milliers de personnes qui ont participé dans cette ville à la manifestation du 22 février contre l’aéroport de Notre-Dame des-Landes ont eu la possibilité de vérifier de leurs propres yeux un phénomène bien connu : dès qu’il s’agit d’informer à chaud sur des manifestations un tant soit peu agitées, les médias dominants renoncent sans barguigner à ce fameux pluralisme qui, paraît-il, les légitimerait. Avec une belle unanimité, ils se transforment en porte-paroles du ministère de l’Intérieur et le suivent jusque dans ses plus ahurissantes assertions.

DEUX PHRASES ET UN REFRAIN

Deux phrases revenaient en boucle : « La manifestation a dégénéré » et (prononcée la première fois par le préfet) « la fête a été gâchée (comme si c’était aux journalistes et au corps préfectoral de décider ce qu’est une « fête » et une bonne manifestation). « Nantes dévastée » : ce refrain avait quelque chose de comique, à force d’être repris en chœur, de Libération au Figaro et des télés à France Culture. Deux engins de chantier brûlés, un bureau de Vinci saccagé, un commissariat maculé, un peu de mobilier urbain et un petit nombre de vitrines plus ou moins endommagées, quelques fourgons caillassés : voilà tous les ravages qui n’ont pas un instant empêché des milliers de Nantais de s’adonner ce samedi après-midi au lèche-vitrine, à la consommation en terrasse, à l’achat de marchandises, bref, à tout ce qui résume le bonheur de vivre dans le monde auquel appartient le projet d’aéroport. Et le lendemain, il n’était pas rare de rencontrer des habitants cherchant en vain ces fameux ravages qui devaient bien exister puisque les médias les avaient mentionnés (1).

Une fois de plus, on a pu assister à la mise en œuvre de ce savoir-faire français dont une précédente ministre de l’Intérieur s’était un peu maladroitement faite la VRP à la tribune de l’Assemblée nationale, en le proposant à Ben Ali pour mater l’insurrection tunisienne. On sait qu’après avoir longtemps fourni au monde des techniques de contre-insurrection et des tortionnaires, la France réalise des bénéfices à l’export dans le maintien de l’ordre. Elle ne vend pas seulement du matériel, mais aussi des techniques de gestion des mouvements populaire et la doctrine qui va avec2. Protection maximum des forces de l’ordre, nouveaux matériels (grenades assourdissantes et gaz surpuissants) et répression ultra-efficace à zéro mort.
Cette disparition du trépas de l’horizon manifestant, fruit d’une modernité qui refoule la mort pour mieux domestiquer la vie, on ne va pas certes pas la regretter. Mais l’excellence répressive à la française implique aussi de distribuer largement blessures et mutilations aux manifestants, notamment par le recours aux tirs tendus de grenades et aux flashballs visant la tête. S’inscrivant dans la droite ligne d’une longue liste de contestataires éborgnés depuis plus d’une décennie, un participant à la manif de Nantes a perdu (ou risque de perdre) un œil3. Avec lui comme avec tous ceux qui ont subi des blessures, la solidarité est essentielle, le combat sur le terrain judiciaire indispensable. Comme le dit très bien le site Face aux armes de la police : « S’il y a toujours quelque chose d’absurde dans le fait d’adresser une revendication au pouvoir, surtout quand c’est celui qui nous mutile, il y a des coups à jouer et donner pour entraver l’usage de ces armes. »

Manif encagée, parcours imposé (ultra-court et hors du centre commerçant), préparation médiatique (« La manif de tous les dangers ») : on peut s’interroger sur le dispositif qui avait été mis en place par les gestionnaires de l’ordre. Contraindre les manifestants à marcher sur des avenues à l’écart ne pouvait qu’exacerber la tension et transformer en points de fixation de la colère les barrages policiers qui empêchaient d’accéder au cœur marchand de la ville. Que tout cela ait été certainement pensé ne doit pas nous faire tomber dans la bêtise complotiste qui voit toute casse accompagnant une manifestation comme le résultat de manipulations policières. C’est sur cette pente glissante que s’étale notamment une élue anti-aéroport dans une lettre ouverte à Ouest-France. Après avoir raconté que les policiers lui avaient annoncé que les « black blocs » allaient « gâcher » la manifestation, elle ne craint pas d’écrire : « Je m’étonne donc que les forces de l’ordre n’aient pas été au fond plus efficaces puisque cela aurait dû être leur mission, n’est-ce pas  ? Puisque l’on sait désormais interdire un spectacle avant même qu’il n’ait lieu, et puisque nous n’avons pas sur la ZAD 1 000 casseurs ni blacks blocs, pourquoi ne les avez-vous pas fait arrêter avant leur arrivée  ? » On ne saurait se mettre plus ardemment du côté de la police4.

C’est que l’élue en question adhère à la vision exprimée par d’autres commentateurs, journalistes écolos et porte-paroles de la petite entreprise « Les Verts »5 selon laquelle la casse « déconsidère » le mouvement et « gâche la fête », pour reprendre les termes mêmes du préfet. À ce propos, Fabrice Nicolino a fort bien répondu sur son site dans un texte adressé à Hervé Kempf : « Crois-tu sérieusement qu’on parlerait encore de Notre-Dame-des-Landes sans eux ? [les « violents »] Penses-tu - mais dans ce cas, écris-le ! - que les traditionnelles protestations auraient permis à elles seules de bloquer ce foutu chantier ? Moi, je suis certain que la détermination sans faille des zadistes - dont un nombre x sont aussi jeunes et violents que je l’ai été - a permis la création d’un rapport de forces favorable à notre combat commun. Attention ! Je ne prétends pas qu’ils auraient suffi, car je suis sûr du contraire. Il fallait aussi, bien entendu, la mobilisation des habitants, des paysans de la Conf’, de la gauche non inféodée… » On arrête là la citation, Nicolino se laissant aller à citer les Verts comme alliés, mais il met le doigt sur un point essentiel. Nous sommes nombreux à l’avoir constaté : si, le 22, il a bien dû y avoir quelques propos hostiles aux « casseurs », nous n’avons pas eu l’occasion d’en entendre, ni chez les manifestants de base, ni chez les paysans sur leurs tracteurs qui attendaient tranquillement en regardant l’action, ni chez les dizaines, peut-être les centaines, de personnes qui ont pris les dégâts en photo, ni chez les milliers qui suivaient en retrait les affrontements. S’affirmait là une forme de complicité implicite, peut-être même pour nombre d’entre nous une forme de lutte par procuration. Cette attitude s’explique par la compréhension de ce que tant de commentateurs refusent de voir, et que Nicolino a bien exprimé : l’affrontement avec la police et le refus de se laisser intimider par l’appareil guerrier de l’État ont été essentiels dans le succès de la lutte jusqu’à présent. Aurait-on tant parlé de la manif de Nantes si elle s’était cantonnée à parcourir le trajet imposé en scandant des slogans et en souriant aux caméras ? Dans ce mouvement comme dans tant d’autres auparavant, les épisodes de bagarre concourent à exercer une pression sur le gouvernement. Quel que soit le peu de sympathie que beaucoup de Nantais éprouvent pour les « casseurs », le fait que l’obstination de l’ancien maire à construire son aéroport entraîne tant de désordres ne joue pas en sa faveur. La solidarité avec les interpellés et les condamnés est donc essentielle6.

SÉPARATIONS

Cela n’interdit pas de débattre entre nous des pratiques de rupture et des formes qu’elles peuvent prendre. Le grand mur de plaques métallique derrière lequel flics et autopompes étaient postés semblait fait exprès pour fixer ceux qui avaient envie d’en découdre. Fallait-il rester là pendant des heures ? En faisant une incursion de l’autre côté du barrage de CRS, on pouvait aisément se retrouver de l’autre côté du mur grillagé. Là, on se retrouvait soudain plongé dans l’ambiance consumériste du samedi après-midi, avec ses rues piétonnes bondées et ses passants ignorants ou peu préoccupés par la manif. Sauf sur l’arrière du barrage, gardé par un cordon policier très lâche, où une foule de badauds s’attardaient et faisaient des photos sans vraiment prendre parti, en contemplant ce mur d’où surgissaient des projectiles, des explosions et des fumées… Il y a eu deux Nantes ce jour-là, et c’est peut-être là que le pouvoir a gagné, en maintenant cette séparation. Si nous avons réussi à passer, d’autres pouvaient le faire, et une infiltration dans le cœur de ville pour chercher le contact avec les habitants aurait peut-être eu un certain impact… Mais ce sont là des hypothèses, qu’on ne peut débattre qu’à l’intérieur du mouvement : celui de Notre-Dame-des-Landes, tout comme celui de la Vallée de Suse, a bien compris, malgré les quelques voix dissonantes, que le maintien en son sein de toutes les formes de lutte était sa principale force et sa principale richesse.


Pour le reste, certains diront que le jet de cailloux peut devenir un vain rituel. Mais est-il moins vain que de se trimballer la tête couverte de feuillage ou déguisé en triton ? L’une et l’autre pratique peuvent être le support d’heureux développements, cela dépend toujours des situations. Pour l’heure, il importe de serrer les rangs. Le préfet, qui prévoit sans doute une reconversion chez Vinci comme son prédécesseur, ne se contente pas de se poser en expert de la bonne teuf. Agitant les plus ahurissants fantasmes, il a aussi déclaré que « la violence de la manifestation donnait une idée de celle qui s’exerce tous les jours sur la ZAD ». Couplée avec celle du président de Région qui réclame son évacuation, cette déclaration sent la propagande pré-intervention.

On peut supposer que le contexte pré-électoral ne s’y prête pas. Mais qui pourrait dire ce qui mijote sous les crânes des politiciens dans leur quête sans espoir de légitimité ? Tous ceux qui s’opposent au monde dont l’Aéroport est à la fois la métaphore et le produit doivent se préparer à faire face à leurs manœuvres, en venant sur place ou bien là où ils sont, et par tous les moyens à leur portée.

*

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« Faire avec « ce » et « ceux » qui sont là » - Polyphonie nantaise du collectif d’architectes mit


1 Sur le sujet, un bon travail de critique à lire ICI.
2 -Cf : David Dufresne, Maintien de l’ordre, l’enquête, Hachette Littérature. Quand on voit ces images où les redoutés policiers de choc ukrainiens se font arracher leur bouclier par les occupants de la place Maidan, on se dit qu’il y a encore des marchés à conquérir.
NDLR : Article11 a mis en ligne en septembre 2010 un entretien sur ce sujet avec le même David Dufresne, à lire ICI.
3 Plus d’infos ICI et ICI.
4 De son côté, Luc Douillard écrit sur son profil Facebook : « Nantes, 22 février 2014, un scandale d’État ? Soulignons ce paradoxe : l’inaction de la police qui laisse opérer 50 casseurs armés et organisés et les laisse partir, puis se déchaîne à coups de balles mutilantes sur les manifestants innocents. Il faudrait réclamer solennellement une enquête parlementaire. »
5 Voir ce texte de Barnabé Binctin et Hervé Kempf ; Emmanuelle Cosse, porte parole d’EELV-Les Verts, affirme qu’elle a « toujours dénoncé les actes de violence » ; oh là, Emma, as-tu oublié ce jour lointain où nous descendîmes tous deux en train à Marseille pour aller soutenir en conférence de presse un camarade qui avait fait sauter une permanence FN ?
6 Plus d’infos ICI.
Réaction de Luc Douillard

Mon cher Quadruppani,

Dans un article posté sur le net ce matin samedi 1er mars à 10h37 (il est 16 heures), tu m’accuses sans me connaître, en note de bas de page, d’être (je cite), une « personnalité nantaise » (merci du cadeau disproportionné), qui serait un « policier suppléant » et de surcroît « calamiteux ».

Je te demande de supprimer cette note ou mieux de la corriger ainsi : « C’est sur la foi de renseignements erronés et d’un malentendu, que nous avons qualifié Luc Douillard de... » (etc).

Car il se trouve qu’hier ou avant-hier, tu avait demandé à devenir mon « ami » sur Facebook, tu as donc pu lire cette petite note que j’ai publiée le 27 février, donc jeudi dernier. Pardon de me citer intégralement :

« Flash-ball Lanceur de balles de défense LBD 40. - Ce qui est en jeu, c’est fondamentalement le droit de manifester, et même le droit de « vaquer », de « flâner » dans l’espace public, et le cas échéant d’observer pour témoigner. Par ces tirs mutilants arbitraires effectués sciemment au visage sur des innocents ordinaires,on veut terroriser ceux qui ne quittent immédiatement pas les lieux. Propagande par le fait. Le flash-ball Lanceur de balles n’est pas seulement un instrument pour des exécutions sommaires extra-judiciaires, c’est aussi un langage performatif, un ordre non écrit mais radical adressé à tous. Il s’agit pour le pouvoir « bio-politique » de déserter radicalement l’espace public. - Guéant et Sarkozy ont introduit en France le Lanceur de balles car il est muni d’un viseur électronique qui permet à un tireur visant au visage pour mutiler (crime au sens de l’ancien code pénal) de ne jamais manquer sa cible, ceci au prix d’un changement non dit de la doctrine traditionnelle du maintien de l’ordre républicain, qui était après 1968 une doctrine du moindre mal. Continuum politique entre Guéant et Sarkozy d’une part, et Valls et Hollande d’autre part, ces derniers qui sombrent dans la ruse de la sophistication technique guerrière qui toujours s’actualise contre des corps, Valls et Hollande qui parachèvent ainsi le passage du PS de la social-démocratie honteuse de l’être, « droite complexée » vers une nouvelle « droite décomplexée ». - ( Aujourd’hui mercredi 27 février, nous avons reçu le témoignage de la famille d’un autre manifestant nantais blessé à l’oeil, en plus de Quentin, qui a déjà dû être opéré, et qui va l’être à nouveau. Combien sont-ils ? ) »

Si tu considères que ces fragments d’analyse, certes maladroits et provisoires, sont ceux d’un flic, même « suppléant », les lecteurs vont se poser des questions sur le sérieux de tout le reste de ton œuvre de critique radical de l’ordre dominant.

Par ailleurs, tu sais sans doute que depuis l’automne 2007, j’ai passé une très grande partie de mon temps à lutter, dans des conditions très difficiles que tu peux supposer, contre la police française, après que mon jeune fils lycéen mineur ait été mutilé à l’oeil par un tir de flash-ball lanceur de balle de défense devant le rectorat de Nantes.

Si toi, et la revue « Article 11 », vous considérez que tous les résistants aux violences policières sont des « policiers suppléants », on va avoir quand même de la peine à vous prendre au sérieux, et même que certains vont parfois se demander quels sont les motifs qui vont animent : Critiquer ou bien soutenir le pouvoir répressif d’Etat ? Fragiliser et calomnier ceux et celles qui lui résistent dans les faits ?

Merci pour ta réponse. (Pour le reste, on pourra répondre sur le fond à ton argumentation, qui pose la question de la moins mauvaise façon de résister radicalement aujourd’hui à la violence policière de l’Etat, en train de changer de nature, qui double et redouble la violence structurelle du capitalisme, qui elle aussi se change actuellement en totalitarisme affirmé).

Nico37
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Re: lutte à Notre Dame des Landes

Message par Nico37 » 17 mars 2014 12:10

Jacques Auxiette menace les associations naturalistes

Le Président PS de la Région Pays de la Loire, Jacques Auxiette, vient d'écrire aux associations naturalistes engagées dans le collectif "naturalistes en lutte" pour la défense du bocage de Notre Dame des landes et subventionnées par la Région. Le courrier d'Auxiette est explicite puisqu'il exige de ces associations "une position ferme et sans ambiguité" sur l'occupation de la ZAD de Notre Dame des Landes, ajoutant "à défaut c'est votre crédibilité qui sera en cause, d'autant que votre organisation est bénéficiaire de nombreux fonds publics, notamment régionaux". On ne serait être plus clair : couper avec la résistance au projet d'aéroport ou je vous coupe les subventions !

Ce courrier illustre la conception très particulière qu'ont les dirigeants socialistes de la Région Pays de la Loire en matière de subvention publique aux associations de défense de l'environnement. A la veille des élections municipales, il n'est sans doute pas inutile de le rappeler.

Dommage pour Auxiette et ses pairs, la défense de l'environnement ne s'accommode ni avec les manques des rapports officiels sur la qualité environnementale du bocage de Notre Dame des Landes ni avec la connivence avec les autorités politiques. Et ce n'est pas son chantage ignoble qui empêchera les naturalistes en lutte de poursuivre, aux côtés des opposant-e-s, leur travail d'éducation populaire et de défense concrète de la bio-diversité et des espèces protégées menacées par le projet d'aéroport.

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