L'unique Parti Unique / Invisible Comité Jihad

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Acrate33
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Message par Acrate33 » 31 janv. 2008 17:34

Un texte de l'AIT sur une des composantes des totos :"l'Appel".


Anarchosyndicalisme ! /// Janvier - fevrier 2008
(textes de débat parus dans Anarchosyndicalisme n° 104)

"Nous" ou ... "Ils", DE L'USAGE DU "NOUS"

La monarchie française était une fervente utilisatrice de la première personne du pluriel : "Nous" disait Louis XIV pour parler de lui seul. Ce grand "Nous", appelé pour cela "nous de majesté", signait la grandeur de celui qui dominait tous les autres. Le roi se distinguait ainsi du commun des mortels. Quand "Nous" avait parlé, tout était dit, les autres n'avaient qu'à la fermer.

Dans le mouvement libertaire ce pronom a aussi une histoire. Bien différente. C'est celle d'un des groupes les plus fameux de la FAI (Fédération anarchiste ibérique), le groupe "Nosotros" ("Nous", en espagnol), qui réunissait Durruti, Ascaso, Garcia Oliver et quelques autres copains. Groupe de pensée et d'action en lien étroit avec tout le mouvement social espagnol, "Nosotros" parlait et agissait. Mais uniquement en son nom et rien qu'en son nom.

Et voici que, par un de ces retours dont l'histoire a le secret, le "nous" refait une apparition, et que, contrairement au "nous" des libertaires, il est, comme par le passé royaliste, une façon d'écraser la parole des autres. Ce nouveau "nous" est le pivot rhétorique et majestueux de textes qui, sous le nom d’"Appel", sont le signe de l'émergence d'une faction*1 dans le mouvement social (ou plus exactement autour de celui-ci). Voici par exemple ce que l'on peut lire dans l’"Appel de Rouen" (25 octobre 2007) : "Aujourd'hui jeudi 25 octobre 2007 à Rouen une Assemblée Générale a déclaré la grève, l'occupation et le blocage de l'université. Nous sommes la génération qui s'est battu dans la rue ces dernières années, ces derniers mois. Depuis plusieurs jours, nous avons observé la mobilisation des autres villes. Il nous a semblé que chacun, là où il était, attendait un signal, une étincelle, pour que tout commence. Nous n'avons plus de raison d'attendre."

A moins qu’on nous explique que ce 25 octobre aient été présents, dans un amphithéâtre de l'université de Rouen, – où est censé avoir été écrit ce texte de référence – tous ceux qui se sont battu dans la rue ces dernières années, ce qui d'évidence serait grotesque, ce "nous sommes la génération" constitue une tentative de hold-up sur la parole de millions de personnes. Surtout que, soit dit en passant, les éléments qui se sont le plus "battus dans la rue" ces dernières années (puisque tel est le critère), en l'occurrence les jeunes de banlieues, n'ont certainement pas apporté la plus minime contribution à ce texte d'une facture toute universitaire !

Alors même qu'il se camoufle derrière une phraséologie libertaire ou autonome, ce style de prose est foncièrement absolutiste. L'Appel ne cache d'ailleurs pas sa volonté de puissance, et sa "Proposition V" est de ce point de vue caractéristique* 2 :
"A toute préoccupation morale, à tout souci de pureté, nous substituons l'élaboration collective d'une stratégie. N'est mauvais que ce qui nuit à l'accroissement de notre puissance. Il appartient à cette résolution de ne plus distinguer entre économie et politique. La perspective de former des gangs n'est pas pour nous effrayer ; celle de passer pour une mafia nous amuse plutôt."

Une faction qui pose en principe que n'est mauvais que ce qui nuit à sa propre puissance, voilà qui est clair et qui nous éloigne définitivement des rivages libertaires.


SUBSTITUTISME ET MÉPRIS

Mais quelle est donc cette "stratégie collective" à laquelle les rédacteurs de l'Appel font allusion ? A l'épreuve des faits, elle ressemble comme deux gouttes d'eau à une manipulation.
En effet, si par le passé les groupes autonomes qui s'organisaient se donnaient la peine de se définir aussi clairement qu'il leur était possible ; l'originalité des nouveaux adeptes du "nous" réside en ceci qu'ils ne se définissent guère, et que, ne se définissant pas, ils SE donnent le droit d'englober tout le monde, en fonction de leurs besoins tactiques.
Tantôt ce "nous" là parle au nom des étudiants, tantôt des chômeurs ou des taulards, et si par cas des vieillards se rebellaient dans les maisons de retraite,gageons qu'ils seraient aussitôt englobés, eux aussi, avec le même enthousiasme. Tout ceci n'est qu'une nouvelle version du substitutisme qui a permis par le passé à un Parti puis à un Comité central, enfin à un seul individu, un Lénine puis un Staline ; de s'ériger au-dessus des masses. C'est ce même substitutisme qui permet au pouvoir "démocratique" de parler au nom du peuple pour mieux l'exploiter.

Certes, lorsqu'on aspire aussi clairement que cela à la "puissance", il est plus flatteur pour son propre ego de se poser en porte-parole d'une masse (la "génération qui s'est battue") plutôt que de dire honnêtement (un mot banni de leur vocabulaire) : "Voilà, nous sommes un groupe de quelques personnes, et voici ce que nous pensons."
Ce haut sentiment de sa propre valeur s'accompagne d'un grandiose mépris pour les foules : "Nous avons subi vos AG, nous les avons même organisées ...Cette lutte de pouvoir pour le pouvoir, par le pouvoir, nous la haïssons. Nous l'avons utilisée comme un prétexte pour arrêter le cours normal des choses, se rencontrer, partager, conspirer... Ça vous ne l'avez pas compris, vous étiez absents dans la situation, dans la vie qui se déroulait ici, parce qu'un monde nous sépare.” (Appel de Rouen, 13 décembre 2007).
On ne saurait être plus vaniteux ! Voici, dans le fond, ce qu'ils disent : "Oui, nous avons pris part à la direction du mouvement, mais, tas de crétins, vous n'avez rien compris, et c'est pour ça que l'échec est uniquement de vôtre faute, na nanère !". Il faut une bonne dose de candeur pour s'exprimer ainsi ; car le coup du "responsable mais pas coupable" n'est pas franchement nouveau. Ce procédé simpliste qui consiste à projeter la responsabilité de la faute sur "les autres" (ceux qui sont réduits au rôle de spectateurs) et à éviter ainsi toute réflexion critique sur sa propre action est une clef du fonctionnement psychique du "beauf's" standard et une des plus vieilles astuces de tous les pouvoirs.


REPRÉSENTATION ET DÉRIVE DROITIÈRE

Forme et fond sont liés. Elles sont révélatrices de l'état d'esprit. Le mépris des autres, la volonté de les manipuler, de les mener, de les utiliser… tout cela est aux antipodes de la pensée et de l'éthique libertaires. Ces modes d'actions ont toujours été portés par des gens qui se croient au-dessus du lot, et qui historiquement ont parasité le mouvement révolutionnaire. Leurs circonvolutions littéraires plus ou moins lyriques ne sont là que pour tromper l'auditoire et s'attirer des sympathies.

Dans les textes cités ici, comme dans ceux qui se rattachent à cette faction, on reconnaît aisément l'influence des hédonistes libertariens qui nient la lutte de classe, parce que, issus des classes moyennes, ils n'ont jamais vraiment coupé le cordon ombilical avec, le tout saupoudré en permanences d'envolées rophético-mythomaniaques typiques du gauchisme le plus éculé. Les mots du prolétariat, les mots des exploités, les mots simples qui vont droit au coeur, tous ces mots là sont aussi absent de leur prose que des colonnes du Figaro Magazine. Ce n'est pas là en effet qu'on va entendre parler de solidarité de classe, d'espoir social ! Au contraire, on se vautre dans la pourriture ambiante. Ces esthètes, aux manières de petits Nérons, n'ont aucune compassion pour la souffrance d'autrui. Ils hument avec allégresse la puanteur qui monte du système, comme si elle pouvait justifier les instincts les plus vils : "Nous admettons la nécessité de trouver de l'argent, qu'importent les moyens,…"*3 "… de l'argent, qu'importent les moyens ?", voici qu'ils nous présentent comme une de leurs trouvailles l'essence même du capitalisme : faire de l'argent par n'importe quel moyen ! Pour ça non plus le système ne les a pas attendus !

N'empêche, nous vivons un curieux paradoxe : nous sommes dans une période riche de potentialités, dans laquelle les capacités et les envies d'autooganisation collective se font de plus en plus fortes et parfois même parviennent à se concrétiser. Et voici que prétendant parler au nom de tous les révoltés, "ils" surgissent sur la scène autonome. Et, tels de petits joueurs de flutte de Hamelin, qui auraient pris soin de remplacer le trop usé air de pipeau par un verbiage aristocratico-révolutionnaire clinquant neuf, "ils" travaillent à détacher ceux qui les suivraient des luttes sociales pour les fourvoyer dans les chemins boueux d'une dérisoire "démerde" individuelle présentée comme "la vraie vie".
En tout cas, ami lecteur, exerce ton esprit critique. Derrière les grandes envolées lyriques,les propos sulfureux, la terminologie "anar","libertaire" "antiautoritaire", "autonome"… peut se cacher une pensée bien réactionnaire.

Un militant CNT-AIT


_1. J'appelle faction des gens qui visent à former un parti (c'est leur propre terme, voir l’ “Appel”) tout en parlant à la place de larges masses.
_2. Le petit fascicule d'où est extrait ce paragraphe (“Appel) se présentent comme une édition clandestine, sans nom d'auteur, d'éditeur ni adresse. C'est un choix marketing : l'interdit (surtout sans risque) facilite la diffusion, au moins dans certains milieux.
_3. "L'insurrection qui vient" (p 29 -30) par un “Comité invisible” visiblement en recherche de visibilité puisqu’il a cette fois un éditeur (La Fabrique) et une publicité rédactionnelle dans Le Nouvel Observateur. La Fabrique a publié “Maintenant il faut des armes” de Blanqui, préfacé par “Quelques agents du Parti imaginaire” et s’apprête à publier une oeuvre d’un autre grand révolutionnaire, Daniel Bensaïd (le “philosophe” de la LCR). On l’aura compris, Appel, Comité invisible, et agents du Parti imaginaire sont ceux qui, sous des appellations diverses, mais avec une unité d’autant plus grande qu’ils sont probablement en partie du moins les mêmes, constituent la faction dont il question dans cet article.
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melvin
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Message par melvin » 31 janv. 2008 17:42

c'est toi PCP ? :lol:
Hey, professor! I recognize these teeth. This is Felipe Ocanya. He knew the jungle as well as I do

Torchons & Soviets
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Message par Torchons & Soviets » 31 janv. 2008 19:31

intéressant l'article, mais moins drôle que le tract !

et on a un début de réponse, c'est bien la CNT, mais peut-être pas celle des vignolles (j'ai jamais dis que j'en étais sur hein), mais l'AIT...
compte mort

Uncas
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Message par Uncas » 31 janv. 2008 20:17

Torchons & Soviets a écrit :
Uncas a écrit :oui c'est sur que ça doit etre marrant comme tract quand on est pas du tout au jus de ce à quoi il fait référence.
non non il est surtout marrant quand on connait certaines références, qu'on a un peu d'humour et qu'on accepte la critique. par contre je pense vraiment pas que des cénétistes aient que ça a faire, illes ont bien d'autres chats à fouetter, enfin j'espère (et à la rigueur ça n'engage que les individu-e-s point barre)... pour le redforum :lol: là encore tu me sembles, et je le dis en toute sympathie, avoir sacrément la tête dans le guidon (d'ailleurs tu le dis toi-même) que t'en es "parano". Je l'ai reçu par une liste mail locale, elle ne venait ni d'un-e cénétiste ni d'un-e forumeu.
Du reste, je m'attendais exactement à ce type de réactions (mais j'avais parié sur asylum en 1er :lol: ;) ) , ça renforce l'effet comique du truc.

J'aimerais savoir aussi pourquoi tu trouves la "critique" derrière cette blague si "donbi" que ça, excuses moi mais dans l'Appel y a quelques trucs qui m'ont arraché certains sourires et quelques tournures pompeuses savoureuses, ça n'enlève pas que je sois en accord avec une bonne partie du fond, mais defois certain-e-s s'y croient sacrément.
c'est plus facile d'accepter la critique quand celle-ci est bonne.
pour les cénétiste je suis d'accord, et pour le redfo c'était surtout pour la blague.

sinon, je suis complètement d'accord pour dire que l'appel et à plus forte raison les textes "tiqquniens" que j'ai lu ne sont pas exemptes de points discutables, bien au contraire, seulement ce tract m'apparait avant tout comme des bonnes tapes sur les cuisses entre copains bien content de se foutre de la gueule des "méchant avant-gardistes méprisants" et qui ne sont soutenues que par les conneries qui leur font dire (conneries marrantes mais qui ont peu à voir, à mon sens, avec le propos du comité invisible) et les attitudes qui leurs prètent en leur faisant répeter 40 fois"nous detenons la vérité". C'est un procédé fort simple pour discréditer à peu de frais, mais si on y regarde de plus près c'est tout vide de critiques pertinentes.

Après, il est certains que les tiqqunistes, et la plupart des groupes d'ultra-gauche, peuvent être très facilement perçu comme des groupes élitistes rien que par le fait qu'ils sont souvent composés d'un nombre très restreint de personnes mais également parcequ'ils s'expriment avec un certain esthétisme littéraire hérité des situs (l'IS, cette organisation qui detenait la vérité, manipulait les esprits des étudiants en utilisant des techniques marketing de pointe, et mangeait les enfants...), et je comprend que ça puisse agacer, seulement je pense qu'il ne faut pas s'arréter à ça mais bien aller interroger les analyses proposés. Debord "était un homme qui ne se corrigeait jamais" mais il a pourtant écrit des trucs pas mal, bien qu'encore un peu trop ésotérique à mon gout.

Disons que je préfère nettement la tentative de critique faite par le texte affilié à l'AIT et posté par Acrate bien je que je sois, à première vue, loin d'être d'accord. Mais l'auteur essaie au moins de construire un propos et de traiter du fond, ce qui est selon moins le minimum qu'on doit attendre d'une critique/analyse.

ce tract il est très fourre-tout en fait, ils se servent d'orwell comme ils auraient pu écrire "zieg heil !" (oh non, encore des méchants fashistes...), je ne comprend toujours pas ce que l'EdN viens faire dans tout ça à part que c'est également des gens qui ont décidé de tirer des conclusions qui s'imposaient vis à vis de la défaite des vieux marxismes sclérosés, et qui se sont ingéniés à construire une analyse nouvelle au lieu de rabacher les vieux couplets du débuts du siècles (qui s'ils pouvaient apparaitre d'une grande valeur en leur temps, ont eu du mal a résisté à l'épreuve de celui-ci).

je comprend qu'on puisse être réticent aux analyses nouvelles (quoi que pas si nouvelle que ça quand on considère qu'ils s'inspirent apparemment grandement des thèses Deleuzo-Guattariennes) mais là ça déborde de mauvaise foi, le comité invisble est loin, au contraire de l'IS par exemple, de se poser comme une avant-garde même s'il est vrai qu'ils ont du mal à sortir complétement du role, bien qu'ils le critique.

voila, après j'ai pas vraiment l'intention de m'étendre sur le sujet car je n'en ai ni le temps ni l'envie, juste j'était pas mal supris.
Mort au punk, mort au système.

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Chéri-Bibi
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Message par Chéri-Bibi » 31 janv. 2008 23:27

Mouais, bof, rien ne me fait rire dans tout ça. Ni le tract "Jihad caca boudin pipi crotte" ni le fameux appel du comité que c'est les meilleurs mais qu'on les voit jamais (et pourtant ils existent... ouarf) ni la "réponse" du militant CNT-AIT qui voudrait surtout pas se faire piquer sa place dans la file d'attente pour les remises de prix de la meilleure avant-garde qui soit, 100% prolétaire pis pas Vignolles.
De toute manière, les divisions et querelles de chapelle ne sont le fait que de ceux qui ont encore le luxe de se le permettre.
IN GIRUM IMUS NOCTE ET CONSUMIMUR IGNI
Nous tournons en rond dans la nuit et le feu nous dévore

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Message par Torchons & Soviets » 03 févr. 2008 13:20

> Les RG s'inquiètent d'une résurgence de la mouvance autonome
>
> LE MONDE | 01.02.08 | 15h40 • Mis à jour le 01.02.08 | 15h40
>
> Les renseignements généraux sont formels : on assiste, en France, à la
> résurgence d'une mouvance, qualifiée pour l'heure d'"anarcho-autonome",
> violente, qui prospère sur le terreau des conflits sociaux touchant les
> jeunes tels que l'opposition au contrat première embauche (CPE), en 2006,
> et à la loi LRU, en 2007.
>
>
> "L'affaiblissement à droite comme à gauche des partis politiques qui
> permettent d'exprimer les frustrations sociales se traduit, l'histoire de
> France et de ses voisins le montre, par l'apparition de mouvements
> radicaux et violents", indique au Monde Michèle Alliot-Marie, ministre de
> l'intérieur.
>
> A Toulouse, dans la nuit du 24 au 25 novembre 2007, deux hommes et une
> femme sont interpellés alors qu'ils viennent de faire sauter un engin
> explosif dans un champ. Randall V., 20 ans, Grégoire M., 22 ans, et Daphné
> C., 21 ans, transportent avec eux un produit explosif, le triacétone
> triperoxyde (TATP), placé dans le couvercle d'une boîte en fer avec un
> inflammateur de type "détaupeur". Ce dispositif était relié à deux fils
> soudés à une pile de 9 volts, le tout étant raccordé à un minuteur
> électrique.
>
> A leur domicile toulousain, les enquêteurs retrouvent une importante
> documentation "anarchiste", avec des noms évocateurs : L'Insurrection qui
> vient, ou Organe de liaison au sein du parti imaginaire. Sur le disque dur
> de leur ordinateur, quelques phrases comme : " C'est ici qu'on se
> rassemble pour tout faire partir en cendres."
>
> Les policiers procèdent à des rapprochements. Ces trois jeunes gens sont
> rattachés à la mouvance "autonome" de la région nantaise, en particulier à
> Baptiste H., très en vue, à l'automne 2007, lors du blocage de
> l'université Rennes-II contre la loi LRU. Les services de renseignements
> le suspectent même d'avoir tenté de constituer à l'époque un groupe armé.
>
> Randall V. avait été signalé en mai 2006 à Saint-Nazaire
> (Loire-Atlantique), où il logeait dans un squat "politique", et il s'était
> fait remarquer des policiers lors des manifestations anti-CPE. Quant à
> Daphné C., elle s'était introduite en compagnie d'une vingtaine de jeunes
> de la mouvance autonome dans les locaux du consulat du Danemark, en mars
> 2007, toujours en Loire-Atlantique.
>
> L'explosif découvert intrigue également les enquêteurs. Le TATP a été
> utilisé, en mars 2006, contre deux distributeurs de billets installés près
> de Nantes, mais aussi lors d'une manifestation contre la construction de
> l'établissement pénitentiaire pour mineurs d'Orvault (Loire-Atlantique).
>
> Plusieurs foyers sont repérés : en Bretagne, où l'on dénombre deux squats
> "politiques", dans le Sud-Ouest, mais aussi en région parisienne. Autre
> exemple de cette porosité, les enquêteurs ont découvert en perquisition à
> Toulouse un passeport établi au nom de Pierre D., arrêté en mars 2006 lors
> de l'occupation des locaux parisiens de l'Ecole des hautes études en
> sciences sociales (EHESS).
>
> Selon un rapport des RG, cette mouvance se caractérise donc par "une
> grande mobilité (...) ayant pour objectif de créer des foyers de lutte".
> Et les enquêteurs de souligner "l'apparition d'une génération de militants
> déterminés à passer à l'action violente".
>
> Cela aurait pu être le cas, à Fontenay-sous-Bois (Val-de-Marne), le 19
> janvier. Ce jour-là, Damien B., Yvan H. et Bruno L. sont arrêtés en
> possession d'un pochon avec des clous tordus, des rouleaux de Scotch, un
> sachet de poudre blanche, un produit allume-feu, ainsi qu'un bocal
> contenant 2,28 kg de poudre blanche.
>
> Envoyée au laboratoire de la préfecture de police de Paris, il s'avère que
> cette poudre est un mélange hautement explosif de sucre et de chlorate de
> soude. Pour les experts, l'association de ces éléments peut conduire à la
> confection d'un "engin explosif à fragmentation et à potentialité létale".
>
> Comme à Toulouse, les enquêteurs saisissent en perquisition de la
> documentation "anarchiste". Déférés et mis en examen, deux des jeunes sont
> écroués. Là encore, les services stigmatisent "la montée en puissance
> d'une nouvelle génération d'agitateurs, en phase de radicalisation".
>
> D'autant que, quelques jours plus tard, à Bourges, le 23 janvier, un autre
> militant, Franck F., est retrouvé porteur de deux sacs d'un kilogramme de
> chlorate de soude et de plusieurs documents, dont l'un, rédigé en italien,
> détaille la fabrication d'une bombe. Il était en compagnie d'une jeune
> femme dont le profil ADN correspond aux traces retrouvées, en mai 2007, à
> Paris, sur un engin explosif placé sous une dépanneuse de la préfecture de
> police. Les douaniers ont retrouvé dans leurs affaires trois plans de
> l'établissement pénitentiaire pour mineurs de Porcheville (Yvelines).
>
> Gérard Davet
> Article paru dans l'édition du 02.02.08
compte mort

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Cro-mag
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Message par Cro-mag » 04 févr. 2008 21:02

Je sais qui c'est................
L'abus d'alcool est dangereux pour le reste du monde.

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Message par Dan » 04 févr. 2008 23:05

Cro-mag a écrit :Je sais qui c'est................
:?:

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abFab
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Message par abFab » 08 févr. 2008 20:32

Paru sur Rue69

http://rue89.com/jean-yves-camus/les-rg ... e-autonome" onclick="window.open(this.href);return false;

Camus il est ptetre fort en extrême-droite, mais faudrait qu'il arrête d'en voir partout...

(on va bientôt voir ré-apparaitre Daenninckx :lol: )


------


Les RG s’inquiètent du renouveau de l'extrême gauche "autonome"
Par Jean-Yves Camus (Chercheur en science politique) 18H17 07/02/2008

On l’avait remarqué depuis les manifestations qui avaient immédiatement suivi l’entrée en fonction de Nicolas Sarkozy: il existe en France un renouveau de la mouvance "autonome" d’extrême gauche, qui avait aussi fait parler d’elle lors des mobilisations contre le CPE en 2006 et contre la loi LRU, en 2007.

Les Renseignements généraux, qui ont travaillé sur ces groupes, ont interpellé ces derniers mois, à Toulouse, à Bourges, en Bretagne et en région parisienne, plusieurs jeunes d’une vingtaine d’années, dont certains en possession d’explosifs artisanaux, et qualifiés un peu rapidement par les enquêteurs "d’anarcho-autonomes".

Faut-il réellement ranger, comme de nombreux médias l’on fait en reprenant intégralement et sans recul des informations policières, cette "nouvelle autonomie" parmi les dangers terroristes? C’est aller un peu vite. Car, si dans une interview au Figaro du 1er février, la ministre de l’Intérieur, Michèle Alliot- Marie, met en garde contre la "résurgence violente de l'extrême gauche radicale" en invoquant le danger de voir resurgir des clônes d’ "Action directe, des Brigades rouges ou de la Fraction armée rouge", la situation est bien différente de celle de la fin des années 70, qui voyait s’écraser la queue de comète du mouvement maoïste.

Effectivement, on a vu émerger ces dernières années une mouvance de quelques centaines de militants radicaux, partisans de l’action violente dirigée contre les symboles de l’appareil d’Etat (police et gendarmerie ; bâtiments officiels). De quels textes théoriques s’inspirent-ils? A quelle mouvance idéologique les rattacher? L’enquête policière a mis en avant un texte, "L’Insurrection qui vient", publié par un "Comité invisible".

Cela peut faire peur, sauf que, loin d’être un brûlot clandestin, il s’agit…d’un livre publié en 2007 aux éditions la Fabrique, le comité invisible étant, pour éclairer la référence historique, un organisme lyonnais de propagande républicaine, dans les années 1830. Egalement mis en avant, le fait que certains interpellés ont été trouvés en possession de documents signés "Organe de liaison au sein du parti imaginaire", lequel "parti imaginaire" a préfacé, toujours aux éditions la Fabrique, un livre titré "Maintenant, il faut des armes". Certes, mais l’ouvrage en question est l’œuvre... d'Auguste Blanqui!

Les déçus des mouvements antifascistes et altermondialistes

Rien de bien neuf donc. La seule réelle continuité avec l’autonomie des années 80 réside dans la présence, pour encadrer et former des militants souvent arrivés sans aucune culture théorique d’extrême gauche, d’une ou deux dizaines de militants "historiques" qui ont commencé à s’engager voici un quart de siècle.

L’irruption de la mouvance autonome n’est pas, contrairement à ce qu’affirme la ministre de l’Intérieur, le résultat de "l’affaiblissement à droite comme à gauche des partis politiques qui permettent d’exprimer les frustrations sociales". Elle est le résultat de la crise du mouvement antifasciste, elle-même consécutive à la marginalisation du Front national. Elle est surtout la conséquence de l’institutionnalisation de l’extrême gauche altermondialiste, désormais intégrée au jeu politique et électoral et qui génère donc des déçus.

D’où l’émergence d’une vague de très jeunes militants, partisans de la "propagande par les faits", et qui sont en rupture avec les organisations anarchistes constituées, telle Alternative libertaire et la CNT.

L'occupation-saccage de la Maison des sciences de l'homme

La première apparition visible des "nouveaux autonomes" date de l’occupation-saccage de la Maison des sciences de l’homme, à Paris, en mars 2006: outre des slogans violents graffités sur les murs ("CRS blessé, achève-le"), on avait alors remarqué la présence, comme dans plusieurs squatts politisés de Paris et de la banlieue, de militants allemands ou italiens d’ultra-gauche.

Les occupants de l’Ehess, regroupés sous le vocable "AG en lutte", ont d’ailleurs produit une longue brochure expliquant leur démarche, sous le titre "Une expérience d’assemblée en France au printemps 2006". A la même époque, le 23 mars 2006 place de la Nation, les "autonomes" ont également durement affronté les CRS, en fin de manifestation contre le CPE.

Mais alors déjà, le renouveau de l’autonomie violente était perceptible notamment à travers l’action des "Black Blocks" lors des sommets du G8 à Evian, à Gênes et l’année dernière en Allemagne. Et là encore, les Black Blocks sont idéologiquement hétérogènes: si l’autonomie domine dans les BB français, en Suisse, l’impulsion vient des marxistes-léninistes du Revolutionäre Aufbau.

L’autonomie est donc une nébuleuse éclatée. Elle se construit sur la base de petits groupes locaux et de petites publications irrégulières dont beaucoup sont visibles sur le site Infokiosques.net. Internet d’ailleurs, devient un vecteur important de circulation d’informations de la mouvance, en particulier sur le site Indymedia Paris, où sont postés nombre de messages avertissant d’une mobilisation ou d’un rassemblement, pratiquement en temps réel.

Des textes aux relents d'extrême droite

Il est une dernière question qu’on peut de poser, à la lecture de certains textes de cette mouvance: anarchiste, l’est-elle vraiment? Certains passages en effet, ont des réminiscences curieuses. L’utilisation du concept d’Occident par l’AG en lutte, par exemple, pour décrire l’Europe et l’Amérique, n’a pas grand-chose de libertaire. Et pour conclure, lisons les phrases suivantes:

"Qui grandit encore là où il est né? Qui habite là où il a grandi? Qui travaille là où il habite? Qui vit là où vivaient ses ancêtres? Et de qui sont-ils, les enfants de cette époque, de la télé ou de leurs parents?

"La vérité, c'est que nous avons été arrachés en masse à toute appartenance, que nous ne sommes plus de nulle part, et qu'il résulte de cela, en même temps qu'une inédite disposition au tourisme, une indéniable souffrance."

C’est un extrait de "L’Insurrection qui vient" (pp.19-20). Et cela sent bigrement le "retour aux racines", voire "la terre et les morts", thèmes chers à l'écrivain d'extrême-droite Maurice Barrès.
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"Messieurs, j'ai refait tous les calculs. Ils confirment l'opinion des spécialistes : notre idée est irréalisable. Il ne nous reste qu'une chose à faire : la réaliser." (Latécoère)

Asylum
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Message par Asylum » 09 févr. 2008 0:36

Pathétique la fin. Ces attaques à répétition contre le comité invisible et tout ça me les rendent bien plus sympathiques que sans.
"Nous considérons les fins inséparables des moyens, parce que les méthodes de lutte laissent déjà entrevoir la vie pour laquelle nous nous battons".

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